24-11-2024 06:37 AM Jerusalem Timing

La chute de Mossoul : guerre préventive de l’EIIL ou piège à rat ?

La chute de Mossoul : guerre préventive de l’EIIL ou piège à rat ?

Qu’est-ce-qui s’est passé ? Comment l’EIIL s’est-il emparé de l’aéroport de Mossoul ? Où étaient l’armée et les forces de sécurité irakiennes? Quelle était l’ampleur des combats?




Soudaine et choquante. C’est en ces mots que l’on peut décrire la chute de Mossoul, la deuxième ville de l’Irak, entre les mains de l’EIIL ou Daech ( en langue arabe) .

Et la question qui se pose : qu’est-ce-qui s’est passé ? Comment l’EIIL s’est-il emparé de l’aéroport de Mossoul ?  Où étaient l'armée et les forces de sécurité irakiennes? Quelle était l’ampleur des combats?

Mais plus important encore : Qui a pris la décision d’une telle attaque? Et pour quel  but? Et pourquoi en ce moment?


De nombreuses analyses circulent dans les coulisses, dont deux sont retenues.

La première estime que  Daesh, qui a fait preuve d’une certaine maniabilité  en Syrie  à évoluer au gré des circonstances,  a su saisir les signes avant-coureurs d’une volonté occidentale de liquider les courants takfiris, à leur tête Daash  en raison de l’accord américano-iranien. Sans compter les rumeurs concernant des préparatifs militaires et des ventes d'armes afin de pouvoir rendre la province d’alAnbar à l’Etat irakien.  Tout cela a poussé Daesh  à lancer une attaque contre la province de Ninive et de s’emparer de Moussoul afin de s’y installer dans des positions fortifiées et se préparer pour la prochaine bataille de liquidation qui l’attend.

La deuxième estime qu’une opération a été plannifiée afin d’attirer Daesh dans un piège : piège  semblable à ce que les États-Unis ont tendu  à Saddam Hussein avant l'invasion du Koweït, dans le but de réunir un accord  à l'échelle régionale afin d'éliminer l’EIIL.


A ce titre, la réaction internationale à la chute de Mossoul renforce cette approche. En effet, les Etats-Unis se sont précipités pour exprimer  leur volonté de fournir «toute l'assistance nécessaire», la première par les  armes. De son côté, Ban Ki-moon s’est dit  «profondément préoccupé» ...

Or, le problème avec cette analyse, c’est qu’elle ne tient pas compte du fait que l’attaque de Daash a ébranlé une des constantes de ses règles d'intervention en Irak: préserver la neutralité kurde.

 Cela dit, il est vrai qu’il est   dans l'intérêt des kurdes de garder les provinces Ninive,  de Salaheddine et Kirkouk, des zones contestées entre Bagdad et Erbil,. Toutefois,  il est certain que les  kurdes ne resteront pas les bras croisés face à l’avancée de Daash  sur les frontières d’une zone que les kurdes  se vantaient d’avoir assuré sa stabilité. De ce fait,  Erbil et Bagdad se retrouve dans le même tunnel puisqu’il s’agit désormais de mettre de cote leurs différents afin de pouvoir faire face à un danger imminent pour eux.

Le deuxième défaut que cette analyse comprend c’est qu’elle ne répond pas à la question suivante : Sur quoi  Daesh mise dans sa lutte sachant qu’il sait que son offensive poussera non seulement toutes les différentes forces irakiennes à s’unir  contre lui mais aussi toutes les  puissances régionales et internationales  impliquées dans la région se dresseront contre lui ?

Cela dit, cette offensive a révélé la faiblesse voire la fragilité du régime irakien qui n'a pas seulement échoué à relancer le processus de reconstruction du pays à de la corruption sans égal qui prévaut en Irak, pis encore, l’Etat irakien a été incapable de reconstruire ses forces armées sachant  qu’elles comptent plus d’un million d’éléments. Or,  malgré ce nombre, son efficacité sur le terrain laisse à désirer puisqu’elles n’ont pas réussi à imposer la sécurité, même dans le sud homogène où les takfiris réussissent de temps en temps à couper la route principale reliant Bagdad, Najaf et Karbala.

Le seul point positif dans ce qui se passe, si l’on peut s’exprimer ainsi,  est que cette offensive poussera  les forces politiques irakiennes à ne plus se battre  et à accélérer le règlement de la crise politique qui sévit dans le pays depuis un temps, avec pour slogan  «pas de voix plus forte que le son  de la lutte contre le terrorisme» .

Slogan qui risque d’être soutenu par la plus haute instance religieuse de Najaf, ou l’on parle d’une fatwa légitimant  d'organiser une résistance populaire contre Daesh en armant la population civile.

Une mesure  que tout le monde sait comment faire démarrer dont on ignre comment y mettre un terme.