24-11-2024 11:43 AM Jerusalem Timing

Les raisons de la débâcle de l’armée irakienne à Mossoul face à l’EIIL

Les raisons de la débâcle de l’armée irakienne à Mossoul face à l’EIIL

Corruption, sectarisme, impunité,...

Pour ceux qui ne le savent pas l’armée irakienne compte quelques 600 mille membres. Elle coûte 5 milliard et demi de dollars par an. Chaque année, le gouvernement lui accorde 3 milliards par an pour l’armer. Et un chiffre similaire pour les salaires et les dépenses quotidiennes. Sans compter le un milliard consacrés aux cas d’urgence par le ministère de la défense.
Selon l’expert militaire Hicham al-Hâchem, s'exprimant pour le journal libanais al-Akhbar, l’armée irakienne est formée de 15 légions comportant chacune entre 12 et 15 mille soldats. Sans oublier les forces aériennes et maritimes, les renseignements et autres.

L’Irak dispose de tous les moyens pour faire avorter n’importe quelle conspiration qui le menace. Ce qui n'explique pas les raisons de la débandade humiliante qu’e son armée a subie à Ninive, face à quelques milliers de miliciens de l’Etat Islamique en Irak et au Levant ?

La corruption des officiers

 
L’expert Hachem al-Hâchem l’incombe au moral bas des soldats, dû principalement à la corruption des officiers, et à l’évasion précoce des commandants de l’opération de Ninive.

Il évoque des lacunes encore plus importantes.
«  La défaite est due au fait que les chefs militaires comptent sur leur parti pour les défendre et justifier leurs exactions. Il en découle leur «irresponsabilisation » militaire, leur préoccupation dans les manigances et des chantages pour se faire de l’argent ainsi que la effondrement morale », estime-t-il.

Ainsi, les deux hauts-officiers responsables de la sécurité de Ninive, ceux-là mêmes qui ont livré Mossoul aux terroristes, le vice-chef d’état-major le général-major Abboud Kanbar et le commandant des forces terrestres le général-major Ali Ghidane ne sont pas du tout inquiétés, personne n’a encore osé les blâmer.

Ils sont même retournés mardi à Baghdad, par avion, en provenance de l’aéroport d’Arbil. Aucun mandat d’arrêt n’a été émis à leur encontre. Le lendemain, ils se sont rendus le plus simplement du monde à leurs bureaux dans la capitale.


Le mal sectaire

Selon un autre expert militaire, Ali Nour, plusieurs causes sont derrière cet effondrement, dont l’accumulation d’erreurs militaires et politiques. Sans oublier « l’échec de l’Etat de contenir  la corruption et d’accorder aux citoyens la sécurité et les services ».

« Ce qui s’est passé à Mossoul n’est pas la fin de la corruption mais l’aboutissement de la corruption depuis 2003 ». Nour fustige l’absence  de consultation sécuritaire,  ainsi que les quotas sectaires dans les postes sécuritaires et le manque de sérieux des politiciens dans la construction de l'État après 2003 .

Il ajoute : «la corruption est institutionnalisée en Irak, il est naturel que l’armée fasse aussi partie du système de cette grande corruption qui permet aux fonctionnaires de s’enrichir, au détriment de leurs devoirs , et de se mettre à vendre du carburant, des véhicules, et des armes, de faciliter la fuite des prisonniers, et d’extorquer les gens».
Selon lui, il s’est avéré que l’armée souffre d’une absence de doctrine et que le sectarisme est sa seule doctrine.

Il en découle d’après Nour que le soldat n’est plus intéressé à défendre la ville sunnite, s’il est chiite, et vice versa. Sachant que la doctrine sécuritaire qui est un mélange d'émotions et de conviction semble faire défaut au militaire, malgré le fait qu’il perçoit un salaire supérieur que celui d'un professeur d'université.

Un salaire supérieur à celui d'un professeur

«Un simple soldat est payé 1300 $ et plus par mois, tandis qu’un  professeur gagne seulement 1000 $, alors que les officiers brigadiers et plus haut reçoivent de 6 mille dollars et plus, bien plus que le vice-ministre qui gagne environ $ 5000. Mais malheureusement, il est resté sans doctrine, en raison de ce qui se passe en Irak», déplore-t-il.

Nour révèle aussi l’existence de «soldats spatiaux» qui sont des éléments inscrits dans l'armée sans qu’ils ne soient chargés d’aucune tâche, ni affectés à aucun camp. En échange ils accordent la moitié de leur salaire à l'officier en charge, et ce en toute connaissance des hauts fonctionnaires dans le bureau du commandant en chef des forces armées, et des membres de la Chambre des représentants, sans qu’ils ne fassent rien pour régler cette affaire.

L’expert militaire note aussi que ce qui s'est passé en Irak est le reflet d’une zone perturbée et d’une histoire troublée que les richesses exorbitantes ont transformé en un énorme quota clientéliste. Il exclut l’éventualité que l’aide fournie par l'armée américaine ou toute autre aide internationale pour les forces irakiennes puisse résoudre la crise de la sécurité, sauf toutes les autres crises de la région étaient résolues.

Nour a également minimisé l’importance des répercussions de la débâcle de l’armée et a dit prévoir qu’elle parvienne à reprendre les régions conquises par Daech.