L’Iran aurait envoyé des commandos en Irak, selon le Wall Street Journal.
L'Iran n'a pour l'instant reçu "aucune demande spécifique" de la part de l'Irak pour lutter contre les takfiristes, (…) mais "nous sommes prêts à aider, si on nous le demande, sur la base des règlements internationaux et de la volonté du peuple et du gouvernement irakiens ", c’est ce qu’a déclaré ce samedi le président iranien Hassan Rohani.
Et d’ajouter: "les Irakiens peuvent repousser le terrorisme eux-mêmes".
M.Rohani a en outre expliqué qu’"il n'y a pas eu de cas depuis la Révolution islamique où nos forces ont lancé une opération dans un pays étranger".
"Il est possible que nous ayions donné des conseils pour combattre le terrorisme", a-t-il toutefois ajouté, soulignant qu'il y avait "une différence entre aider et intervenir".
Les takfiristes de Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont lancé une offensive fulgurante, s'emparant de nombreux territoires dans le nord et l'est du pays et étaient à moins de 100 km de Bagdad.
Des dizaines de milliers d’Irakiens se sont portés volontaires à défendre l’Irak après l’appel lancé vendredi aux Irakiens par l’Ayatollah sayed Ali Sistani.
"Les citoyens qui peuvent porter les armes et combattre les terroristes pour défendre leur pays, leur peuple et leurs lieux saints, doivent se porter volontaires et s'enrôler dans les forces de sécurité pour mener cet objectif sacré", avait déclaré vendredi son adjoint (Cheikh Abdel Mahdi Kerbalai) dans la ville sainte de Kerbala.
Coopération avec Washington?
Interrogé sur une coopération avec Washington sur l'Irak, M.Rohani a répondu : "Si nous voyons que les Etats-Unis agissent contre les groupes terroristes, alors on peut penser" à une coopération, "mais jusqu'ici nous n'avons vu aucune action de leur part".
M. Rohani a rappelé que l'Iran avait "mis en garde" depuis un an les pays occidentaux et arabes qu'il accuse de soutenir les groupes takfiristes en Syrie.
Ces combattants "sont venus en Irak depuis la Syrie. Nous avons mis en garde il y a un an contre le danger de ces terroristes. Les grands pays (occidentaux) et leurs alliés envoyaient des armes à ces terroristes" en Syrie, a-t-il souligné.
"Il faut joindre l'acte à la parole dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il ajouté.
'Capables de régler le problème'
Malgré la déroute de l'armée irakienne face à des insurgés qui se trouvent désormais à une centaine de kilomètres de Bagdad, Téhéran reste persuadé que l'Irak pourra régler la situation sans aide extérieure.
"Les Irakiens peuvent repousser le terrorisme eux-mêmes", a affirmé M. Rohani. Ils "seront capables de régler le problème, surtout avec la fatwa de l'ayatollah Sistani (la plus haute autorité chiite en Irak) qui a appelé les Irakiens à prendre les armes", a-t-il ajouté. L'armée irakienne a affirmé samedi avoir repris le contrôle de trois villes proches de Bagdad et préparer une contre-offensive dans la région de Tikrit.
Depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003 par les Etats-Unis, l'Iran et l'Irak ont largement renforcé leurs relations politiques.
Les deux pays sont à majorité chiite et de nombreux lieux saints chiites se trouvent en Irak, où chaque année plusieurs centaines de milliers de fidèles iraniens se rendent en pèlerinage.
"L'Irak est un sujet très fédérateur pour l'Iran avec la défense des lieux saints chiites, le soutien à un pays à majorité chiite, et la lutte contre le terrorisme", a déclaré à l'AFP un observateur étranger basé à Téhéran.
"L'inquiétude pour tout le monde, c'est de voir l'Irak être morcelé entre chiites, sunnites et kurdes", a-t-il ajouté.
Hamid Aboutalebi, un proche conseiller du président Rohani, s'est aussi inquiété des conséquences de l'éclatement de l'Irak pour la région.
"La capture de certaines régions du nord de l'Irak (par l'armée islamique en Irak et au Levant) peut être le début de l'éclatement (...) Si l'Irak est démantelé, c'est toute la configuration régionale qui changera", a-t-il dit.
L’Iran envoie des commandos en Irak ?
Par ailleurs, le quotidien américain Wall Street Journal a rapporté vendredi que l'Iran a envoyé au moins trois bataillons de commandos en Irak en vue d'aider ce pays à combattre les takfiristes.
Selon cette source cité par Ria Novosti, les bataillons iraniens auront pour mission de défendre la capitale Bagdad et les villes saintes de Najaf et Kerbala.
Un autre bataillon de commandos iraniens, qui se trouve déjà en Irak, a aidé jeudi l'armée irakienne à libérer une grande partie de la ville de Tikrit.
L'Iran a également mis en état d'alerte renforcée ses troupes déployées à la frontière irakienne.
L'aviation iranienne a reçu l'ordre d'attaquer les takfiristes de l'EIIL s'ils se trouvent à moins de 100 km de sa frontière.