De nombreux turcs le croient sincèrement et posent des questions pertinentes
Contrairement aux apparences, en l’occurrence la prise en otage dans le consulat turc à Mossoul par l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL- Daesh) depuis qu’il a occupé ce chef-lieu de la province de Ninive, nombreux sont les partis politiques et les medias turcs qui soupçonnent le Premier ministre Recep Tayyeb Erdogan de soutenir cette milice takfirie d’Al-Qaïda, aussi bien en Syrie qu’en Irak.
Le premier détracteur est le parti républicain du peuple (CHP). Selon son chef, Kemal Kılıçdaroğlu, constate entre autre que les miliciens de cette milice empruntent la Turquie pour se rendre en Syrie et en Irak, rapporte le journal turc Cumhuriyet (La République).
Il avance que l’EIIL reçoit de la part du Premier ministre turc des armes qui lui sont envoyées par camion depuis la Turquie. Et en consequence, conclut-il, la prise en otage du personnel du consulat turc à Mossoul sert à cacher ces liens dangereux.
« Les chauffeurs de camion qui s’étaient rendus à Mossoul et qui ont été pris en otage par Daesh, avaient effectivement transporté des armes pour les effectifs de ce groupe », a-t-il précisé ajoutant que le gouvernement Erdogan a longtemps soutenu le front Al-Nosra, en lui fournissant armes et munitions, avant qu’il n’annonce sans transition que ce groupe est un courant terroriste.
Refik Eryılmaz, un député du CHP au parlement turc a pour sa part déclaré que les éléments d’Al-Qaïda se sont répandus de manière d’envergure partout en Turquie. « Un citoyen résidant à la province d’İskenderun (Alexandrette) m’a contacté, affirmant qu’il n’avait pas pu obtenir un rendez-vous d’opération dans un hôpital public car le personnel de l’hôpital soignait les hommes armés qui étaient venus depuis la Syrie », révèle-t-il.
Toujours d’après Eryılmaz, une délégation du CHP a été dépêchée à Yayladagi pour vérifier in situ et in visu la situation dans cette région frontalière. « Les habitants ont raconté à la délégation du CHP que les forces de sécurité turques ont arrêté, un jour avant la fin des conflits dans la ville syrienne de Kassab, un véhicule avec à son bord des blessés et les transférés à l’hôpital de Yayladagi .
Les militaires se sont rendu compte après la perquisition du véhicule que les blessés étaient en fait des commandants de Daesh dans les conflits à Kassab, a précisé Eryılmaz.
Il poursuit : « Cela fait maintenant trois ans que des éléments armés sont expédiés via la Turquie en Syrie. Des combattants tchétchènes se rendent à Istanbul, ils sont ensuite envoyés à İskenderun et de là par avion en Syrie ».
Selon un autre parlementaire du CHP, Mehmet Ali Adiboglu, Daesh a des rapports très étroits avec le gouvernement turc : en l’occurrence il lui achète le pétrole volé en Syrie. Daesh a conduit des pipelines secrets vers İskenderun, Ghazi, Antab, Orpha et Kilikis. Il vend du pétrole au gouvernement Erdogan, qui profite ainsi d’un bénéfice de 800 millions de dollars.
« Des hommes armés en provenance d’Europe, de la Russie, des pays asiatiques, de la Tchétchénie et d’autres pays se rendent en Irak et en Syrie via la Turquie. Un millier de turcs ont pour mission d’aider ces hommes armés pour se rendre en Syrie et en Irak et rejoindre les groupes terroristes », a ajouté Mehmet Ali Adiboglu.
Il s’interroge pertinemment : « Comment est-il possible que l’acheminement des camions vers la Syrie se fasse sans que les services secrets turcs ne soient au courant ».
Avec Irib