L’OMS avait averti que des infections considérées aujourd’hui comme mineures risquaient à nouveau de tuer à l’avenir.
Des chercheurs ont annoncé mercredi avoir découvert le talon d'Achille de certaines bactéries résistantes aux antibiotiques, une découverte qui pourrait permettre le développement de traitements spécifiques.
Cette découverte intervient alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de lancer un cri d'alarme face au développement rapide des bactéries résistantes aux antibiotiques à l'échelle mondiale.
Certaines de ces bactéries, les bactéries à Gram négatif, possèdent une membrane extérieure imperméable qui leur permet de survivre.
Dans des travaux publiés mercredi par la revue scientifique britannique Nature, des chercheurs de l'Université d'East Anglia (Royaume Uni) affirment avoir découvert comment les cellules de ces bactéries transportent les éléments nécessaires à la construction de la membrane, en l'occurrence des molécules appelées lipopolysaccharides.
"Nous avons identifié le chemin utilisé par la bactérie pour transporter les éléments qui vont constituer la barrière. Nous avons également démontré que si la voie d'accès était bloquée, la bactérie mourait" souligne Changjiang Dong, l'un des chercheurs qui a coordonné les travaux.
Pour son collègue Haohao Dong, la découverte pourrait permettre de mettre au point "de nouveaux médicaments visant spécifiquement la membrane protégeant la bactérie et non la bactérie elle-même".
"Comme ces nouveaux médicaments n'auront pas besoin de pénétrer dans la bactérie, cette dernière ne devrait, à notre avis, plus être en mesure de développer de résistance" ajoute-t-il.
Dans un rapport publié en avril dernier, l'OMS avait averti que des infections considérées aujourd'hui comme mineures risquaient à nouveau de tuer à l'avenir si rien n'était fait pour venir à bout de la résistance aux antibiotiques.
Le rapport avait mis l'accent sur la résistance aux antibiotiques de sept bactéries responsables de maladies graves courantes telles que les infections hématologiques (septicémie), les diarrhées, les pneumonies, les infections des voies urinaires et la gonorrhée (infection sexuellement transmissible).
Parmi les germes à Gram négatif résistants les plus répandus figurent notamment la bactérie intestinale Escherichia coli et la bactérie Klebsiella pneumoniae, à l'origine d'infections des voies respiratoires