Washington ne doit pas être "une force aérienne pour milices chiites", selon Petraeus. Pour l’Iran, Washington poursuit ses politiques ambivalentes en Irak.
Plusieurs hommes politiques américains, dont des sénateurs, estiment que le premier ministre irakien Nouri Maliki doit quitter son poste, rapporte jeudi le Wall Street Journal, cité par Ria Novosti.
A l'heure actuelle, M.Maliki, ayant obtenu une majorité aux législatives cherche à former un nouveau gouvernement sur fond de vaste offensive des takfiristes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Or, selon une source au sein de l'administration américaine, la Maison Blanche ne souhaite pas voir l'actuel premier ministre dans le nouveau gouvernement irakien.
Comme l'indique le journal, un nombre croissant de législateurs américains et de leurs alliés arabes, notamment de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, exercent des pressions sur la Maison Blanche afin qu'il retire son soutien à Nouri Maliki.
Appuyé par l’Arabie et par d'anciens militaires de l'armée de Saddam Hussein, le groupe takfiriste de l’EIIL s'est emparé en une semaine d'une région irakienne englobant la province de Ninive, dont Mossoul, deuxième ville du pays, ainsi que d'une partie de la province de Salaheddine.
Dans les régions occupées, les terroristes perpètrent des exécutions sommaires, contraignant des milliers d'habitants à fuir leurs foyers. Les takfiristes ont également menacé d'attaquer Bagdad, ce qui pousse les étrangers à quitter massivement la capitale irakienne.
Le premier ministre Nouri al-Maliki a appelé la population à créer des unités d'autodéfense en vue de contrer la menace terroriste et a sollicité l'aide de la communauté internationale.
Washington ne doit pas être "une force aérienne pour milices chiites"
Pour sa part l'ex-grand patron des forces d’occupation américaines en Irak a estimé que les Etats-Unis ne devaient pas devenir "une force aérienne pour des milices chiites".
Le général David Petraeus s'exprimait alors que le gouvernement irakien de Nouri al-Maliki, a officiellement demandé aux Etats-Unis de lancer des frappes aériennes contre les terroristes takfiristes qui ont depuis le 9 juin conquis plusieurs régions du nord de l'Irak et avançaient vers Bagdad.
"Si on doit soutenir l'Irak, ce soutien doit être accordé à un gouvernement, un gouvernement de tout le peuple qui représente toutes les composantes de l'Irak", a-t-il dit mercredi lors d'une conférence à Londres.
Selon ses propres termes, "les Etats-Unis ne peuvent pas être une force aérienne pour le compte de milices chiites ou pour un chiite dans son combat contre des Arabes sunnites", en allusion à la lutte des irakiens, toute confession confondue, contre les takfiristes de l’EIIL, dont de nombreux étrangers.
La ministre australienne des Affaires étrangères Julie Bishop a estimé à 150 le nombre des Australiens qui combatent aux côtés des takfiristes de l'EIIL en Syrie et en Irak.
Quelque 400 takfiristes britanniques en Irak, selon Cameron
De son côté, le premier ministre britannique David Cameron a reconnu la présence de quelque 400 ressortissants britanniques sur le sol irakien qui combattent aux côtés du groupe extrémiste État islamique en Irak et au Levant (EIIL).
"Les commandos britanniques de retour d'Irak représentent un plus grand danger que ceux revenant de Syrie ou d'Afghanistan", a souligné le premier ministre.
Et d'ajouter que son gouvernement accordait une importance particulière à ce problème ainsi qu'à la montée de l'extrémisme en Grande-Bretagne dans son ensemble.
Pour l’Iran, Washington continue ses politiques ambivalentes en Irak
Pour sa part, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que les Etats-Unis continuent à adopter les mêmes politiques ambivalentes qu’ils ont menées en Syrie voire dans la région et ils sont loin de les abandonner.
Hossein Amir-Abdollahian a en outre déclaré en réaction aux déclarations de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, que les forces armées irakiennes et la mobilisation des chiites, des sunnites et des kurdes mettront fin au terrorisme en Irak.
Clinton avait déclaré que la crise actuelle en Irak pourrait contaminer l’Iran et la Turquie.