Petro Porochenko a annoncé un prochain cessez-le-feu dans l’est du pays et a renvoyé le chef de la diplomatie anti-russe.
Le président ukrainien Petro Porochenko a pris mercredi plusieurs décisions importantes pour régler la crise qui secoue son pays, écrit jeudi 19 juin le quotidien Kommersant.
Il a annoncé un prochain cessez-le-feu dans l'est du pays et a renvoyé le chef de la diplomatie Andreï Dechtchitsa, qui sera remplacé par Pavel Klimkine, plus loyal envers la Russie. Le procureur en chef et le président de la Banque centrale ukrainienne, "élus" par le Maïdan, seront également remplacés par des professionnels apolitiques.
Les experts qualifient les premières démarches de Porochenko de "tout à fait optimistes".
"Ce plan commence par un ordre de cessez-le-feu unilatéral. Immédiatement après cela, nous devons bénéficier du soutien de ce plan de paix par toutes les parties concernées dans le Donbass. Dans les plus brefs délais", a annoncé hier Porochenko.
Le président n'a pas précisé l'échéance du moratoire, soulignant seulement qu'il serait bref. Selon certaines informations, il pourrait durer une dizaine de jours.
Le président a également déclaré qu'il proposerait un "couloir pour que les mercenaires russes puissent quitter le territoire ukrainien avec leurs armes", et que le premier signal du soutien du plan de paix devrait être la libération d'otages et des bâtiments occupés.
Porochenko a promis que son plan en quatorze points serait rendu public dans les jours à venir.
Des changements sont également à prévoir au sein de la Rada, le parlement ukrainien.
Le président a annoncé qu'il en attendait sa dissolution délibérée et les députés ont enregistré mercredi un projet de décision sur la résiliation anticipée de leur mandat.
Cette initiative est soutenue par toutes les fractions de la majorité et les députés du Parti des régions d'opposition.
Après tous ces changements les radicaux ukrainiens perdront leurs positions.
Le parti Svoboda ne contrôlera plus le ministère des Affaires étrangères et le Parquet, il pourrait même ne pas entrer au nouveau parlement.
Le parti Patrie ne parviendra pas à devenir la plus grande fraction à la nouvelle Rada au contraire du parti Oudar, loyal envers le président, et des représentants du parti présidentiel Solidarité.
La décision de nommer au poste de ministre des Affaires étrangères l'ambassadeur actuel d'Ukraine en Allemagne, Pavel Klimkine, renforcera également les positions de Petro Porochenko.
Son prédécesseur Andreï Dechtchitsa a été démis de ses fonctions après avoir publiquement insulté le président russe.
"Klimkine est un professionnel acceptable du point de vue de la Russie, capable de mener des négociations avec elle", explique le politologue Konstantin Bondarenko.
D'après lui, par ce choix Porochenko laisse entendre qu'il ne s'engagera pas sur le chemin de la guerre en optant pour la réconciliation.
"Klimkine peut représenter l'Ukraine dans les négociations avec la Russie, l'UE et les USA, il ne cherche pas la confrontation, c'est un diplomate universel qui peut régler de nombreuses questions.
De tels personnages sont peu nombreux dans la diplomatie ukrainienne", déclare l'expert.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères ukrainien devra mettre en œuvre, en priorité, le plan de paix du président.
"Il s'agit d'une démarche assez sérieuse de Porochenko après sa conversation avec le président russe. Ces premières mesures sont tout à fait optimistes. Maintenant, une démilitarisation de l'espace médiatique est nécessaire. Le président promet d'ouvrir un couloir humanitaire mais ce n'est pas une solution. Les miliciens du Donbass ne doivent quitter la région. Il faut établir avec les habitants des relations qui ne les forcent pas à quitter leur maison", explique le sociologue Evgueni Kopatko.