23-11-2024 02:12 PM Jerusalem Timing

Gaz : Bruxelles reconnaît à contrecœur le bien-fondé de la position de Moscou

Gaz : Bruxelles reconnaît à contrecœur le bien-fondé de la position de Moscou

Pour reprendre l’expression d’Oettinger, « En UE, nous achetons du gaz russe, et non pas aux Etats-Unis ».




 L’Europe se montre indisposée à rentrer dans un conflit énergétique avec la Russie. Tout en aspirant à rendre l’Europe moins dépendante de Moscou dans les livraisons de gaz, Bruxelles prend peu à peu conscience du fait qu’une confrontation serait nuisible pour tous, en premier lieu pour les Européens. Le Commissaire européen pour l’énergie Günter Oettinger a reconnu l’indivisibilité de la sécurité énergétique. Selon lui, le secteur énergétique est en fin de liste d’éventuelles sanctions de l’UE à l’égard de la Russie. Qui plus est, le responsable européen s’est distancé des Américains sur cette question, soulignant que Bruxelles adopterait sa décision lui-même après avoir entendu l’opinion de Washington. Pour reprendre l’expression d’Oettinger, « En UE, nous achetons du gaz russe, et non pas aux Etats-Unis ».

Cette déclaration a été faite moins d’une semaine avant le sommet de l’UE où sera envisagée, en particulier, la possibilité d’introduire la « troisième phase » des sanctions à l’égard de la Russie en rapport avec la crise ukrainienne. Ce changement d’attitude est dû, semble-t-il, au bilan des récentes élections au Parlement européen qui confirment qu’une grande partie des Européens réalistes ne soutenaient pas des doctrines de « guerre froide ».

Gazprom s’est montré à nouveau prêt à rechercher des compromis, à remplir de gaz les dépôts souterrains européens à ses frais pour s’acquitter de ses engagements à livrer le gaz aux consommateurs européens en hiver, selon une déclaration du chef du holding énergétique russe Alexeï Miller. Selon lui, si le problème du stockage de 18 milliards de m3 de gaz dans les dépôts souterrains ukrainiens n’est pas réglé vers l’hiver, les capacités de production du Nord Stream et du gazoduc Yamal-Europe en tant qu’alternative au couloir de transit ukrainien ne suffiront pas pour satisfaire les besoins des consommateurs européens. Le chef de la compagnie russe est convaincu que la construction du South Stream permettra d’éviter les risques du transfert du gaz via l’Ukraine. Fait révélateur : le Commissaire européen pour l’énergie Günter Oettinger a signalé soudain la nécessité d’achever la construction du South Stream. La perspective d’hiver commence, semble-t-il, à refroidir les têtes chaudes, estime le chef du Centre de politique étrangère de l’Institut d’économie de l’Académie des sciences de Russie Boris Chmelev :

« L’Europe mettait ces derniers temps l’accent sur la composante géopolitique dans les livraisons de gaz en provenance de Russie et limitait les travaux en vue d’aménager South Stream, ce projet très important pour la Russie et pour l’Europe, en se fondant sur des motifs géopolitiques. Il a fallu exercer une pression sur la Russie, appliquer des mesures en vue de réduire la dépendance de l’énergie russe, ce qui est d’ailleurs parfaitement logique. Or, ce jeu géopolitique sur le territoire de l’Ukraine a failli placer toute l’Europe au seuil d’une catastrophe ».

Le secteur énergétique est depuis longtemps pour Bruxelles un levier de pression politique. Tout porte à croire que Bruxelles a ressenti enfin l’ambigüité de la situation. Günter Oettinger a reconnu à contrecœur le bien-fondé de la position de la Russie au moment où Washington poussait ses partenaires à approfondir la confrontation avec Moscou. Une telle audace porte à l’optimisme.

 

La Voix de la Russie