Elle se doit de privatiser le secteur public estimé à plus de 300 milliards de dollars d’actifs pour obtenir un prêt de 60-70 milliards de dollars.
Les créanciers de la Grèce ont accentué les pressions mercredi sur Athènes pour que le pays intensifie les réformes destinées à assainir ses finances, notamment les privatisations, en échange d'un nouveau paquet d'aide en cours de discussion entre capitales européennes.
Mercredi, des experts européens se réunissaient à Vienne pour évoquer la crise de la dette grecque, face à laquelle est notamment envisagée un soutien supplémentaire impliquant les créanciers privés pour permettre au pays de passer le cap de 2012 et 2013 sans avoir à emprunter sur les marchés qui lui proposent des taux prohibitifs.
Le montant du nouveau prêt envisagé, qui s'ajouterait aux 110 milliards alloués l'an dernier par UE et FMI, n'est pas encore fixé. La somme évoquée par la presse un peu partout -- 60 à 70 milliards d'euros -- est basée sur le montant que le pays aurait normalement à emprunter sur les marchés pour faire face à ses obligations, s'il pouvait émettre des obligations à long terme.
Il a été cité lundi par l'Italien Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), qui a réitéré la ferme opposition de la BCE à toute idée de restructuration de la dette grecque risquant de mener à un "effondrement du système bancaire grec" et à une "dépression économique et sociale majeure" dans le pays.
En échange, la Grèce doit "faire des efforts supplémentaires", notamment en matière de privatisations, a renchéri mercredi un autre haut responsable de la BCE, son économiste Jurgen Stark, dans l'hebdomadaire suisse Handelszeitung.
Le gouvernement grec est effectivement engagé sur tous les fronts pour mettre ces efforts en œuvre, mais pour l'instant peu de choses concrètes ont été lancées. Des négociations ont toutefois débuté mercredi à Athènes entre le gouvernement et le groupe allemand Deutsche Telekom pour une reprise de l'opérateur grec de téléphonie OTE.
Dans une étude publiée mardi, l'agence Fitch qui chiffre les besoins de la Grèce jusqu'à 100 milliards d'euros, a d'ailleurs mis en doute la capacité (des autorités grecques) à appliquer toutes les mesures prévues.
Elles portent sur trois axes principaux: privatisations, économies budgétaires, augmentation des recettes par meilleure collecte des impôts.
Sur le volet privatisations, la BCE estime que la Grèce pèse pour au moins 300 milliards d'euros d'actifs publics. Selon Athènes la vente et l'exploitation de ce patrimoine doit rapporter au pays 50 milliards d'euros d'ici 2015.
Avec ce montant, la Grèce pourrait réduire sa dette de 20%, a souligné M. Stark, en demandant que les "mesures adéquates" soient mises en place.
En clair, les créanciers souhaitent que les appels d'offre soient lancés rapidement, et que soit nommée une commission indépendante chargée de superviser le processus, avec des renforts étrangers.
Alors que les manifestations spontanées organisées via les réseaux sociaux fleurissent en dénonçant un "bradage" de la Grèce, les pays créanciers et les chancelleries font aussi pression pour obtenir dans l'urgence un consensus politique sur toutes ces mesures.
Le leader de l'opposition conservatrice Antonis Samaras, qui campe jusque-là sur son refus d'épauler le gouvernement socialiste, devrait rencontrer le Premier ministre français François Fillon la semaine prochaine à Paris, indique-t-on de source diplomatique.
Au ministère des Finances grec, on souligne que l'on "n'attend rien" de la réunion "technique" de Vienne mercredi, en préférant continuer à se concentrer sur le texte du projet de loi budgétaire à moyen terme. Celui-ci devrait être présenté au Parlement avant le conseil européen des 23 et 24 juin qui fixera le sort de la Grèce.