Les deux républiques Lougansk et Donnetsk dénoncent une trêve qui n’est qu’un bluff
Le président ukrainien Petro Porochenko a haussé le ton face aux propos du président russe Vladimir Poutine en menaçant d'annuler la trêve de sept jours décrétée dans le sud-est du pays, lit-on mercredi sur le site présidentiel.
En effet, Mardi le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que la Russie défendra les droits des russophones en Ukraine, alors que les violences sur le terrain ont redoublé d'intensité violant la soi-disant trêve .
Selon le site présidentiel de Porochenko, "le président a donné l'autorisation d'ouvrir le feu sans hésitation. Le chef d'Etat n'exclut pas de mettre fin prématurément au cessez-le-feu",
Vendredi dernier, au terme de deux mois de combats féroces, le président Porochenko a ordonné à l'armée de cesser le feu jusqu'au 27 juin. Les brigades populaires opérant dans le sud-est du pays se sont également engagées à cesser le feu, mais des échanges de tirs se poursuivent toujours dans la région.
Selon le site, le dirigeant ukrainien compte tenir ce mercredi une conférence téléphonique quadripartite avec la chancelière allemande Angela Merkel et les présidents russe et français Vladimir Poutine et François Hollande.
M.Porochenko espère que ces discussions déboucheront sur des "démarches pratiques" de la part de Moscou en vue d'"assurer le désarmement", de "rappeler les mercenaires du territoire ukrainien", et de renforcer la sécurité à la frontière russo-ukrainienne.
De leurs côtés, le premier ministre britannique David Cameron et le président américain Barack Obama ont exhorté la Russie de cesser de fournir des armes dans les sud-est de l'Ukraine et de former les séparatistes qui y opèrent.
"Les deux dirigeants ont salué les efforts déployés par le président Piotr Porochenko en vue d'assurer le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine. Selon eux, bien que le président Poutine ait appelé les séparatistes à respecter la trêve, la Russie doit encore entreprendre des démarches concrètes afin de mettre fin au transfert d'armes à travers la frontière ukrainienne ainsi qu'à l'entraînement de groupes séparatistes", lit-on dans un communiqué diffusé mardi soir par le service de presse de M.Cameron.
Le premier ministre britannique rappelle en outre que les pays du G7 ont déjà sommé Moscou d'entreprendre ces mesures par le passé.
"Le premier ministre compte évoquer ce problème avec d'autres leaders européens au sein du Conseil européen et insister sur la poursuite des travaux préparatoires à la mise en place de sanctions contre Moscou", indique le service de presse.
La Russie défendrat les russophones
La réaction du président russe Vladimir Poutine ne s'est pas fait attendre puisqu'il a déclaré que la Russie défendra les droits des russophones en Ukraine et a espéré que "les forces armées ne seraient pas nécessaires à cet effet".
"Nous défendrons toujours les Russes ethniques vivant en Ukraine, ainsi que la partie du peuple ukrainien, qui sent son lien indissoluble - ethnique, culturel et linguistique - avec la Russie", a déclaré M.Poutine lors d'une conférence de presse à l'issue des négociations avec son homologue autrichien Heinz Fischer.
Le président a fait savoir que non seulement la Russie suivrait attentivement les processus en cours en Ukraine, mais qu'elle y réagirait de manière appropriée.
La trêve, du "bluff"
Sur le terrain, dans les républiques autoproclamées de Lougansk (LNR) et de Donetsk (est de l'Ukraine) la trêve n'est que du "bluff".
"L'armée ukrainienne n'ayant pas arrêté les tirs, les forces d'autodéfense du sud-est ont été obligées de riposter", a annoncé Alexandre Borodaï, premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk.
"Hier, un groupe de contact a pris place dans cette salle en face des représentants des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Des consultations ont eu lieu. Il s'est avéré que ce n'était que du bluff", a déclaré mardi M.Borodaï à Donetsk.
"Aujourd'hui est un jour de guerre comme tous les autres. La ville de Slaviansk et le village de Snejnoïé ont été pilonnés", a ajouté le chef du gouvernement de Donetsk.
"Je déclare ouvertement qu'aucun cessez-le-feu n'est entré en vigueur et tout porte à croire qu'il ne sera pas instauré. Nous n'avons rien d'autre à faire que de continuer à combattre", a conclu M. Borodaï.
L'armée ukrainienne a elle aussi dénoncé de "massives" violations du cessez-le-feu provisoire, dénombrant plus de 40 attaques de rebelles séparatistes prorusses depuis lundi dans l'Est du pays.
"Quelque 44 cas d'attaques rebelles violant le cessez-le-feu ont été enregistrés au cours des trois derniers jours par les forces des opérations militaires ukrainiennes", a indiqué son porte-parole, Vladislav Selezniov, sur sa page facebook.
Selon Selezniov, du matériel d'enregistrement des forces ukrainiennes a filmé les attaques visant des postes de contrôle et des positions de l'armée, au mortier et à l'aide de lance-grenades, notamment dans la région rebelle de Donetsk.
"Les enregistrements prouvent que les rebelles continuent de violer massivement les conditions du plan de paix" du président ukrainien Petro Porochenko, a ajouté Vladislav Selezniov.
Fusion des républiques
A noter que les deux républiques de Lougansk et de Donetsk se sont fusionnées en l'Union des républiques populaires, lit-on mercredi sur le compte Twitter de la république populaire de Donetsk (DNR).
"Le Conseil suprême de la DNR a adopté un acte constitutionnel portant sur la fusion entre la DNR et de la LNR et la mise en place de l'Union des républiques populaires", a annoncé la république.