C’tes lui qui a remporté les élections législtaives de mai dernier
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a mis en garde les forces politiques rivales contre toute tentative d'exploiter l'offensive des insurgés pour le marginaliser, répétant que le nouveau gouvernement devait être issu des législatives qu'il a remportées.
Les miliciens de l'Etat islamique en Irak et au levant (EIIL), à l'offensive depuis plus de deux semaines en Irak, ont ouvert dans l'ouest du pays une voie vers la Syrie en s'emparant du poste-frontière de Boukamal, pendant de celui d'Al-Qaïm qu'ils contrôlent déjà, à la faveur d'une entente locale avec Al-Qaïda.
Ils progressent ainsi vers leur objectif de créer un Etat islamique dans une zone à cheval entre la Syrie et l'Irak, pays désormais au bord de l'implosion.
Alors que certains notables de tribus sunnites ont appelé à la mise en place d'un gouvernement ne tenant pas compte des résultats des législatives du 30 avril qu'ils qualifient de mascarade, M. Maliki a estimé qu'une telle démarche constituerait "un coup d'Etat à l'encontre de la Constitution et du processus politique".
Le Premier ministre sortant, dont le bloc électoral est arrivé en tête lors du scrutin d'avril mais ne parvient pas à former une coalition de gouvernement, a dénoncé "une tentative de la part de ceux qui sont contre la Constitution d'éliminer le jeune processus démocratique et de voler leur vote aux électeurs".
Il a ainsi prévenu contre toute tentative d'exploiter "ce à quoi le pays est confronté (...) pour obtenir des gains politiques".
En dépit des pressions occidentales, M. Maliki a exclu la formation d'un gouvernement de salut national.
"Il s'agit d'un moment très critique pour l'Irak, et la formation d'un gouvernement est notre principal défi", avait affirmé mardi le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Washington, qui prend ses distances avec M. Maliki, a cependant promis l'envoi de 300 conseillers militaires en Irak, dont 40 étaient mardi à pied d'oeuvre.
Parallèlement, M. Kerry a annoncé qu'il se rendrait vendredi en Arabie saoudite pour insister sur "la grande urgence" en Irak, après ses visites à Bagdad, à Bruxelles pour une réunion de l'Otan, et à Paris jeudi.
Pour aider l'armée irakienne à repousser les insurgés , les premiers conseillers militaires américains ont "commencé leur nouvelle mission", selon le Pentagone, qui a insisté sur leur rôle de simples "conseillers".
Face à l'offensive fulgurante des insurgés, nombre de soldats irakiens ont baissé les armes, certains abandonnant leurs positions, voire leurs uniformes.
Si elles semblent relever la tête depuis plusieurs jours, les troupes ne sont pas parvenues à reprendre les vastes pans de territoire perdus.
Les insurgés ont désormais la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est), Kirkouk (nord), et Al-Anbar (ouest), frontalière de la Syrie, où ils contrôlent quatre villes.
Leur offensive a déjà fait près de 1.100 morts, plusieurs centaines de milliers de déplacés et menace d'enfoncer le pays dans le chaos.
Mercredi, les troupes gouvernementales sont parvenues à repousser des insurgés de l'importante base aérienne de Balad, située à environ 70 km au nord de Bagdad, selon un chef tribal et un responsable de sécurité. Un autre assaut a été repoussé dans Haditha, province d'Al-Anbar, à l'ouest de Bagdad.
En outre, deux lieux de culte chiites ont été bombardés au nord de Mossoul, selon un responsable et des témoins.
Et 17 personnes ont été tuées par des attentats et des bombardements au sud de la capitale et à Kirkouk (nord).
L'ONU a lancé un appel urgent de fonds pour aider un million de personnes affectées par le conflit, en particulier à Mossoul et la province d'Al-Anbar.
Et le conflit compromet les perspectives favorables de récolte en Irak, mettent en péril la sécurité alimentaire du pays, a déploré l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Avec AFP