Moscou peut devenir un partenaire incontournable de Téhéran dans les secteurs de l’économie iranienne tels que l’exploitation du pétrole et du gaz, l’électricité dont le nucléaire, la recherche spatiale, le transport ferroviaire..
Le ministre adjoint iranien du Pétrole, Hamid Reza Araki, qui est aussi directeur général de la National Iranian Oil Company (NIOC), a déclaré que les grandes compagnies étrangères portaient à présent une attention particulière à l’industrie du pétrole et du gaz en Iran.
La majorité d’entre elles est intéressée par le développement d’une coopération avec l’Iran du fait que la sécurité énergétique est remise en cause par les relations conflictuelles entre la Russie et l’Ukraine. L’Iran n’est-il pas effectivement capable de devenir un concurrent de la Russie en matière d’hydrocarbures ?
La situation autour de l’Ukraine oblige l’Union Européenne à s’interroger une fois de plus sur la diversification de sa politique énergétique afin de s’affranchir de ce qu’elle estime être une trop grande dépendance vis-à-vis du gaz russe. Dans ce contexte, l’Iran représente pour les compagnies étrangères un marché prometteur. D’autant plus que les pourparlers entre l’Iran et le « Groupe des 5+1 » sur le problème nucléaire se termineront sans doute prochainement par la levée des sanctions contre l’Iran. Cela ouvrira de larges perspectives pour le développement d’une coopération entre Téhéran et d’autres pays. L’Iran est très intéressé, remarque l’expert russe en matière de pétrole et de gaz, Valérie Nesterov :
« Les dirigeants iraniens ont l’intention d’intensifier leur présence sur les marchés mondiaux des hydrocarbures, et de réduire l’isolement du pays. L’Iran ne prétend pas pour autant devenir un concurrent déclaré de la Russie. D’ailleurs, même s’il le voulait, ses possibilités seraient très limitées. »
Avant la mise en place des sanctions, l’Iran produisait 4,2 millions de barils de pétrole par jour, dont un peu plus de la moitié pour l’exportation. Depuis, l’extraction a été réduite à 2,3 millions de barils, et l’exportation, dans la pire période de 2003, à 700 000 barils.
Pour restaurer, et à plus forte raison augmenter la production et les exportations, l’Iran a besoin d’importants investissements dans les secteurs de l’extraction et de la transformation. Il lui faut également des infrastructures pour la livraison à l’export. Bref, la modernisation du secteur énergétique iranien prendra plusieurs années.
En ce qui concerne le gaz, il est encore très difficile de faire des prévisions.
L’Iran produit 160 milliards de m 3 de gaz par an, dont pratiquement la totalité est nécessaire au marché intérieur. Téhéran exporte annuellement vers la Turquie environ 10 milliards de m 3, compensés par l’importation de presque 7 milliards de m 3 depuis le Turkménistan.
Cependant, le ministre du pétrole, Bijan Zangeneh a déclaré récemment que « L’Iran, grand producteur de gaz, est toujours prêt à en exporter vers l’Europe, par gazoducs ou sous forme de gaz liquéfié. »
Mais pour ce faire, l’Iran devra résoudre d’importantes difficultés, notamment pour augmenter la production et créer une nouvelle infrastructure de transport, ce qui exigera d’énormes investissements étrangers.
Les secteurs du pétrole et du gaz iraniens ont besoin d’urgence de modernisation compte tenu du fait que durant une bonne partie des 20 dernières années, Téhéran n’a pas eu libre accès à la technologie occidentale.
Selon une estimation du gouvernement iranien, au cours des dix prochaines années, le secteur de l’énergie aura besoin de 300 à 450 milliards de dollars d’investissements pour la rénovation de l’outil de production.
Les experts pensent que l’exportation de gaz iranien vers l’Europe ne pourra pas concurrencer la Russie de façon significative avant une décennie. Dans un monde continuellement en mouvement, ce délai est long.
L’Iran ne doit pas attendre la levée des sanctions pour se préparer au rétablissement des liens avec les pays étrangers, et en premier lieu avec la Russie. En effet Moscou peut devenir un partenaire incontournable de Téhéran dans les secteurs de l’économie iranienne tels que l’exploitation du pétrole et du gaz, l’électricité dont le nucléaire, la recherche spatiale, le transport ferroviaire, l’agriculture, la coopération technico-militaire.
Beaucoup est déjà fait aujourd’hui dans cette direction. Dernièrement, la Russie et l’Iran ont convenu de signer d’ici la fin de l’année un accord supplémentaire et un contrat pour la construction de deux nouvelles centrales nucléaires à Bushehr. En mai l’agence spatiale russe Roscosmos et l’agence spatiale Iranienne ont signé un protocole de coopération, allant du lancement de satellites iraniens par des fusées russes jusqu’à la formation de cosmonautes iraniens à la Cité des Étoiles près de Moscou.
Des développements prometteurs se font jour dans d’autres domaines. C’est pourquoi dans les années à venir, l’Iran deviendra non pas un concurrent mais un partenaire pour la Russie.