Les responsables israéliens s’alarment d’une possible déstabilisation du régime jordanien en cas d’infiltration de combattants de l’EIIL d’Irak en Jordanie.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé dimanche la communauté internationale à soutenir le régime jordanien face à la menace de "l'islamisme extrémiste" et à soutenir l'indépendance du Kurdistan irakien.
"Nous devons soutenir les efforts de la communauté internationale pour renforcer la Jordanie et appuyer les aspirations des Kurdes à l'indépendance", a affirmé Netanyahu lors d'un discours devant l'Institut d'études sur la sécurité nationale (INSS) de Tel Aviv.
"La Jordanie est un Etat stable, modéré avec une armée puissante, qui sait se défendre, c'est pour cela qu'elle mérite le soutien international. Les Kurdes sont un peuple combattant, modéré sur le plan politique, qui ont droit à une indépendance politique", a plaidé le Premier ministre israélien.
Netanyahu s'est inquiété de "la vague puissante déclenchée par l'EIIL (l'Etat islamique en Irak et au Levant), qui peut se diriger vers la Jordanie en très peu de temps".
Selon les médias israéliens, les responsables israéliens s'alarment d'une possible déstabilisation du régime jordanien en cas d'infiltration de combattants de l'EIIL d'Irak en Jordanie.
Dans son avancée fulgurante depuis le 9 juin en Irak, ce groupe qui bénéficie du soutien d'ex-officiers de Saddam Hussein, de groupes salafistes et de certaines tribus, a mis la main sur Mossoul et sur une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que sur des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine, Kirkouk et Al-Anbar (ouest), et se trouve désormais à une centaine de km de Bagdad.
En Syrie, il contrôle en grande majorité la province de Raqa (nord) et de larges parts de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), frontalière de l'Irak et même certaines positions dans la province d'Alep (nord).
Le Premier ministre israélien a également excipé de cette menace radicale pour justifier son refus d'un déploiement de forces palestiniennes dans la vallée du Jourdain, face à la Jordanie.
"Il faut comprendre que dans tout futur accord avec les Palestiniens, Israël devra continuer à conserver le contrôle sécuritaire des territoires s'étendant jusqu'au Jourdain et ce pendant une très longue période", a prévenu Netanyahu.
"Il est impossible de se fier à des forces locales (palestiniennes) formés par des Occidentaux afin qu'ils luttent contre les islamistes", a argué le Premier ministre.
Il faisait ainsi allusion à un plan de sécurité présenté par le secrétaire d'Etat américain John Kerry à la fin de l'an dernier pour la vallée du Jourdain qui prévoyait la formation de centaines de policiers palestiniens appelés à se déployer dans cette région ainsi que l'installation de matériel de surveillance électronique en cas de paix.
A l'époque Benjamin Netanyahu avait déjà rejeté cette proposition.
La Jordanie capable de se défendre
« C'est un pays arabe stable et moderne en paix avec Israël et le reste du monde. L'armée jordanienne est forte, la Jordanie est plus forte que ce qu'on croit. Et je m'attends à ce qu'elle soit capable de se défendre par elle-même", a déclaré Netanyahu à la chaîne de télévision France 24.
Il était interrogé sur des informations de presse selon lesquelles le royaume jordanien inquiet de la progression de l'EIIL en Irak pourrait se tourner vers Israël.
A la question de savoir ce que serait la réaction d'Israël si la Jordanie lui demandait de l'aide face à l'EIIL, le Premier ministre israélien a répondu: "Nous devons tous faire ce que nous pouvons pour renforcer la Jordanie et nous avons une coopération en matière de sécurité avec la Jordanie comme ce pays a avec beaucoup de pays. Je pense qu'il est de notre intérêt commun de nous assurer qu'un régime modéré stable comme celui-là soit capable de se défendre par lui-même", a-t-il ajouté.
La Jordanie craint une contagion dans le Royaume déjà confronté à l'afflux de réfugiés syriens et à ses propres islamistes locaux. L'offensive de l'EILL en Irak a multiplié ces craintes. Selon des experts, la Jordanie pourrait être une de ses prochaines cibles.