Une guerre qui ne dit pas son nom.
Le moratoire sur l'utilisation de la force en Ukraine, proclamé par le président du pays Piotr Porochenko, expire aujourd'hui à 23 heures, écrit lundi 30 juin le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Le communiqué du service de presse présidentiel souligne que des mesures seront prises avant lundi 30 juin - notamment un contrôle opérationnel de la frontière russo-ukrainienne.
Cependant, les récents événements comme la poursuite des bombardements de communes ukrainiennes et du territoire russe, remettent en cause la capacité du président à contrôler la situation.
Trois obus ukrainiens ont une fois de plus atterri dans la région de Rostov en Russie, comme l'a annoncé à ITAR-TASS le porte-parole de la direction frontalière du FSB pour la région de Rostov, Vassili Malaev.
Le poste de contrôle des véhicules Goukovo a été endommagé. Un éclat d'obus antichar a été découvert dans un bâtiment de Goukovo. "Le 28 juin, un obus a atterri sur le poste de contrôle de Goukovo, un autre a explosé à Vassetski, du district Krasnossouslinski et un autre dans la commune Chakhta-24", a déclaré l'interlocuteur de l'agence de presse.
Le ministère russe des Affaires étrangères (MAE) a fermement condamné les nouveaux tirs sur le territoire russe. "Ces actions des militaires ukrainiens sont un nouveau maillon dans la chaîne des transgressions du cessez-le-feu annoncé par le président ukrainien", annonce le communiqué officiel du MAE.
Le MAE ukrainien a promis d'enquêter le tir de mortier sur le territoire russe. Le ministère ukrainien de la Défense rétorque que les "militaires ukrainiens n'emploient pas l'artillerie et les mortiers en raison de la proximité avec la frontière russe".
Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Kiev devant l'administration présidentielle pour protester contre l'annonce de la trêve dans l'est de l'Ukraine. Le représentant du bataillon Donbass a exigé du président de mettre un terme au cessez-le-feu, instaurer la loi martiale en Ukraine et fournir aux militaires les armes nécessaires.
Les habitants de l'est ne sont pas du même avis. Viatcheslav Dementiev, de l'université technique de Donetsk, pense qu'il ne s'agit pas d'une opération antiterroriste mais d'une guerre.
"Le processus de guerre devient un but en soi. On assiste à une auto-régénération du conflit".
Sergueï Tarouta, chef de l'administration régionale de Donetsk, a souligné que les opposants et le peuple n'étaient pas ennemis. "Ils ont un avis différent. Il n'est peut-être pas compris à Kiev et dans l'ouest du pays… mais on ne doit certainement pas les fusiller parce qu'ils pensent autrement."
"Les habitants du Donbass sont très nombreux à protéger sincèrement leur terre et les tombes de leurs proches contre ceux qu'ils voient comme des ennemis – le Secteur droit, Svoboda, la Garde nationale… Quand un chef de site, après son service, vient occuper un poste sur le point de contrôle… Ce ne sont pas les bonnes personnes qui prennent des directives et ce ne sont pas les bonnes personnes qui acceptent d'y obéir… Au final, notre stratégie s'est avérée erronée et la frontière n'est pas protégée."
"Si nous continuions à appliquer les mêmes méthodes qu'aujourd'hui, on ne gagnerait pas. Il est irresponsable d'appeler aujourd'hui le président à la guerre", estime Sergueï Tarouta.