30-11-2024 04:46 AM Jerusalem Timing

Les experts attendent de Poutine un programme d’actions en Ukraine

Les experts attendent de Poutine un programme d’actions en Ukraine

La politique étrangère de la Russie suivra toujours plusieurs axes. Vu sa position géostratégique, la Russie doit forcément en avoir un dirigé vers l’ouest et un autre vers l’est..




Le président Vladimir Poutine interviendra le 1er juillet devant les ambassadeurs russes pour évoquer la protection des intérêts nationaux de la Russie et le renforcement des relations internationales, selon le service de presse du Kremlin.

Cette rencontre se déroulera dans le contexte de la profonde crise en Ukraine, frappée par un coup d'État le 22 février, et alors que de nombreuses régions du sud-est n'ont pas reconnu la légitimité des nouvelles autorités. Des manifestations ont été organisées dans ces régions par les indépendantistes, contre lesquels le gouvernement de Kiev a lancé l'aviation, le matériel blindé et l'artillerie lourde.

Le président ukrainien Piotr Porochenko, élu en mai, a proposé un plan de paix et a annoncé mi-juin un cessez-le-feu dans l'est du pays. La trêve a été acceptée par les indépendantistes et restera en vigueur jusqu'au 30 juin, bien que les parties se soient régulièrement accusé de l'avoir transgressée.

L'Occident accuse la Russie de soutenir les partisans de la fédéralisation du pays dans l'est ukrainien et ont déjà adopté des sanctions contre la Russie, notamment après le rattachement de la Crimée à son territoire. Jusque-là, ces sanctions se limitent à l'interdiction de séjour en UE pour certains individus mais Washington et Bruxelles menacent d'adopter des mesures coercitives contre des secteurs économiques russes si la situation en Ukraine ne s'améliorait pas.

Un programme sans tournants brusques

"Plusieurs mois se sont déjà écoulés depuis ce changement radical au niveau international et surtout dans la place, le rôle et les capacités de la Russie. Mais aucune directive fondamentale n'a été formulée pour savoir comment agir en politique étrangère et dans les relations du pays avec le monde extérieur. Or ce serait probablement très opportun. Mais il est possible que le président se limite aux déclarations plus traditionnelles, déjà entendues sous une forme ou une autre", a déclaré à RIA Novosti Fedor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et de défense.

Selon lui, les grandes allocutions du président sont programmatiques car on y entend la disposition "des accents et des priorités". Par ailleurs, le politologue a souligné que le discours du président ne mentionnerait pas forcément une nouvelle ligne de politique étrangère pour la Russie.

"Par exemple, lors du discours historique du président en mars, beaucoup s'attendaient à ce qu'il mentionne des questions plus larges et pas seulement le problème de la Crimée et de l'Ukraine. Cela aurait été naturel dans cette situation complexe mais le président s'était limité à cette sphère cruciale mais relativement étroite", a-t-il indiqué.

"Aujourd'hui, le président pourrait exprimer des vœux plus généraux et je pense que c'est nécessaire", estime Fedor Loukianov.

Russie-Occident: vers une normalisation des relations?

Pour sa part, Alexandre Konovalov, président de l'Institut d'analyses stratégiques, a également reconnu que ce discours serait très probablement programmatique.

"Les réunions de ce genre impliquent forcément l'établissement d'objectifs de programme primordiaux pour la politique étrangère de la Russie. Ces interventions peuvent être comparées à un diapason, qui servirait de référence à tous les dirigeants des départements diplomatiques",
a-t-il noté.

"Je pense qu'à la réunion de demain le président parlera forcément de l'Ukraine, de nos relations avec l'Occident, de l'incongruité du troisième paquet de sanctions occidentales, parce que nous ne le souhaitons pas et il serait effectivement très néfaste. D'après moi, des questions de programme seront forcément évoquées", a déclaré le politologue.

Dans un même temps, il pense qu'il serait préférable de ne pas exacerber les émotions négatives dans les relations entre la Russie et l'Occident.

"Je pense que la conviction que nous pouvons mettre une croix sur l'Occident et nous réorienter sur la Chine est erronée. Certes, la politique étrangère de la Russie suivra toujours plusieurs axes. Vu sa position géostratégique, la Russie doit forcément en avoir un dirigé vers l'ouest et un autre vers l'est. Dans l'ensemble, je pense que des propos raisonnables seront tenus vis-à-vis de l'Occident et il me semble que dans les relations avec l'Occident, on doit tenter de normaliser ce que nous avons détruit des deux côtés ces derniers mois", a souligné Alexandre Konovalov.

Ces réunions d'ambassadeurs russes sont organisées deux fois par an. Elles permettent de recentrer les tâches du département diplomatique russe en fonction des particularités de la situation en cours et des processus internes du pays. L'allocution du président russe est l'élément central de ces réunions, qui définit les priorités de la politique étrangère de l'État et de l'activité des diplomates pour les mois à venir. Cet événement se déroule traditionnellement en présence de dirigeants de l'État, du parlement, des ministères concernés par les activités internationales, ainsi que des représentants d'organisations publiques, des médias, du milieu scientifique et d'affaires.

En 2012, Vladimir Poutine avait évoqué devant les ambassadeurs les questions d'intégration dans l'espace postsoviétique, y compris avec l'Ukraine, la simplification de l'octroi de la citoyenneté russe aux ex-citoyens de l'URSS, ainsi que le problème des relations avec les USA, notamment dans le secteur économique et la défense, le développement des liens avec la Chine, l'Inde et l'Union européenne.