Prise au dépourvu, la classe politique libanaise est mitigée.
Le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a proposé ce lundi un amendement constitutionnel limité, consistant en premier lieu à élire le président de la République, de confession maronite, directement par le peuple, sur la base de deux tours de vote, afin de renforcer le rôle chrétien.
Se prononçant lors d'une conférence de presse tenue à Rabieh, le député Aoun a de même proposé que chaque communauté confessionnelle élise ses propres députés, en vue d'assurer la justice à grande mesure et la stabilité politique.
M. Aoun a fustigé les campagnes médiatiques visant à attribuer la responsabilité du blocage de la présidentielle et de la vacance au pouvoir à son bloc parlementaire. Il a noté que le vide à la présidence existait depuis 24 ans, et non depuis la date du 24 mai.
"Il est temps de mettre fin à ce vide, provoqué il y a 24 ans par l'accord de Taef que nous avions alors contesté", a-t-il clamé.
"La parité est devenue encre sur papier. On y choisi seulement ce qui est dans l'intérêt d'une partie ou de l'autre", a-t-il ajouté
Selon ses propos, la composante chrétienne a été écartée du pouvoir. De fait, la parité a été vidée de son sens et les lois électorales ont assuré aux chrétiens le droit d'élire 17 de leurs députés, par leurs propres voix.
D'après la proposition du député Aoun, le président de la République serait élu directement par le peuple, et ce suivant deux tours, le premier effectué par les chrétiens et le second au niveau national, auquel se présenteraient les deux premiers candidats.
Prise au dépourvu, la classe politique libanaise est mitigée.
Première réaction sunnite de la part de l'ancien Premier ministre, Najib Mikati, qui a estimé que la proposition politique avancée par le Aoun constituait " un renversement, non seulement par rapport à la Constitution libanaise et à l'accord de Taef, mais aussi par rapport au parcours politique du général Aoun depuis son retour au Liban ".
"Nous appelons le général Aoun et tous les autres politiciens soucieux pour le pays à la rencontre. Cessons les polémiques, les clivages et la fragmentation", a-t-il dit.
Du coté du bloc du 14 Mars, le député des Forces Libanaises, Antoine Zahra, a critiqué la proposition politique de Michel Aoun .
"Dans les propos de Aoun, il y a un appel au changement total du système, du régime parlementaire au présidentiel", a-t-il dit, notant que dans la forme, un tel amendement était impossible au sein du Parlement en l'absence d'un président de la République.
Selon les propos du député Zahra, les députés du 14 Mars poursuivront la participation aux séances de vote et tenteront toujours de convaincre le 8-Mars de suivre cet exemple afin d'élire un président dans les plus proches délais.
Pour sa part , le parti Kataeb a affirmé dans un communiqué , que tout amendement de la Constitution nécessite des sessions législatives ordinaires, ainsi que l'approbation du projet de loi en question par les deux tiers des ministres en Conseil des ministres, avant de le soumettre au Parlement.
"Qu'est ce qui empêche d'englober la question de l'élection du président de la Chambre et du Premier ministre dans la proposition avancée par le député Aoun", s'est on interrogé dans le communiqué.
Selon ce dernier, la solution pour sortir de la vacance présidentielle réside dans la participation aux séances parlementaires, non dans le blocage de la présidentielle et puis dans l'élaboration d'une nouvelle loi électorale juste qui produirait une nouvelle classe politique auquelle reviendra la décision autour des amendements constitutionnels.