30-11-2024 02:41 AM Jerusalem Timing

Poutine: Moscou veut des relations "sur un pied d’égalité" avec les Occidentaux

Poutine: Moscou veut des relations

"Nous avons tous besoin en Europe d’un filet de sécurité, pour que les précédents irakien, libyen, syrien et ukrainien ne deviennent pas une maladie contagieuse", selon le président russe.

La Russie compte désormais avoir des relations "sur un pied d'égalité" avec les Occidentaux après avoir défendu ses intérêts géopolitiques dans la crise ukrainienne, a déclaré mardi le président Vladimir Poutine dans un discours de politique étrangère.

"Ce qui s'est passé en Ukraine est la culmination des tendances négatives dans les affaires du monde", a déclaré M. Poutine, qui s'exprimait devant le corps diplomatique russe.

Il a énuméré, dans une allusion voilée au rôle des Occidentaux mais surtout des Etats-Unis, les crises irakienne, libyenne, syrienne, et suggéré de mettre en place des mécanismes pour empêcher toute ingérence en Europe.

"Nous avons tous besoin en Europe d'un filet de sécurité, pour que les précédents irakien, libyen, syrien et ukrainien ne deviennent pas une maladie contagieuse", a-t-il déclaré.

"Je demande au ministère des Affaires étrangères de préparer des propositions sur ce thème", a-t-il ajouté, sans préciser quelle forme pourraient prendre ces propositions ni sur quel terrain elles seraient formulées.

Il a défendu le droit de la Russie de défendre ses intérêts, arguant que si elle ne l'avait fait les forces de l'Otan se seraient installées rapidement en Crimée, la péninsule ukrainienne qu'elle s'est rattachée en mars et qui abrite historiquement la flotte russe de la mer Noire.

"En définitive, tout ce pour quoi la Russie se battait depuis l'époque de Pierre-le-Grand, et même avant, aurait été effacé", a-t-il souligné.

"J'espère que le pragmatisme va tout de même l'emporter, que les Occidentaux vont abandonner leurs ambitions (...), vont commencer à construire les relations sur un pied d'égalité, avec respect mutuel", a-t-il encore déclaré.

Mais parmi les Occidentaux, il a clairement pris le parti de l'Europe et dénoncé le rôle des Etats-Unis.

"De plus en plus de responsables politiques et économiques européens comprennent qu'on veut tout simplement utiliser l'Europe dans l'intérêt d'une partie tierce, qu'elle devient l'otage d'approches idéologiques et à courte vue", a-t-il déclaré.

"La politique indépendante de la Russie ne plait vraiment pas à ceux qui continuent de prétendre à un rôle exceptionnel", a-t-il dit, dans une allusion aux Etats-Unis.

"Les événements en Ukraine l'ont montré, comme ils ont montré que ce modèle de relations avec la Russie fondé sur le +deux poids - deux mesures+, ne fonctionne pas", a encore déclaré M. Poutine.

S’agissant  de l’Ukraine, M.Poutine a estimé que le président ukrainien "endosse désormais la responsabilité" de la poursuite des opérations militaires dans l'est du pays, après avoir refusé de prolonger le cessez-le-feu des forces gouvernementales, a estimé mardi Vladimir Poutine.

"Jusque là, Piotr Alexeevitch (Porochenko, NDLR) n'avait pas de lien direct avec le début des opérations militaires. Désormais, il endosse complètement cette responsabilité. Pas seulement d'un point de vue militaire, mais également politique, ce qui est bien plus important", a-t-il affirmé.

Deux journalistes russes blessés, l'Ukraine cible la presse

Poutine a également accusé les forces gouvernementales de viser les représentants de la presse dans l'est de l'Ukraine, où deux journalistes russes ont été blessés mardi, après la mort de trois autres.

"Selon moi, il y a un travail d'élimination qui cible les représentants de la presse, les journalistes russes et étrangers", a déclaré M. Poutine, qui s'exprimait devant le corps diplomatique russe.

"Qui a peur de l'information objective ? Apparemment, seuls ceux qui commettent ces crimes", a poursuivi le président russe.

"Il est absolument inacceptable de tuer des journalistes et je l'ai rappelé plus d'une fois au président ukrainien (Petro Porochenko)", a-t-il affirmé, demandant que Kiev ouvre une "enquête approfondie".

Deux journalistes russes de la chaîne de télévision Ren TV ont été blessés mardi dans la région de Lougansk, au lendemain de la mort d'un cameraman de 68 ans de la télévision publique russe, touché par des tirs dans la région voisine de Donetsk.

Le 17 juin, deux journalistes de la télévision publique russe avaient été tués dans la région de Lougansk et leur employeur avait imputé leur mort à des tirs de mortier des forces ukrainiennes.

Un photographe italien, Andrea Rocchelli, avait aussi été tué, ainsi que son assistant russe, Andreï Mironov, par des tirs de mortier, près de Slaviansk, fin mai.

Avec AFP