Maliki lutte contre la partition de l’Irak tant bien que mal..
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a décrété une amnistie pour les personnes impliquées dans des actes contre l'Etat, une rare tentative de conciliation au milieu du chaos qui règne dans le pays, menacé d'implosion par une vaste offensive jihadiste.
Cette déclaration intervient sur fond de paralysie politique persistante, illustrée mardi par la première séance désastreuse du Parlement, censée enclencher le processus de formation d'un gouvernement. Malgré l'enjeu, les politiciens irakiens ont une nouvelle fois montré l'ampleur de leurs désaccords, échangeant des invectives ou quittant tout simplement la salle.
Pour tenter de saper l'alliance hétéroclite qui rassemble les islamistes de l'EI, des insurgés sunnites, des membres de tribus et d'anciens soldats de l'armée de Saddam Hussein, M. Maliki a annoncé une amnistie pour toute personne "impliquée dans des actions contre l'Etat" mais ayant "repris ses esprits", à l'exception des meurtriers.
Sur le terrain..
Les insurgés, qui contrôlaient depuis janvier des régions de la province d'Al-Anbar (ouest), ont pris Mossoul et une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine
(nord) et Kirkouk (ouest).
Après une débandade dans les premiers jours de l'offensive des insurgés, l'armée tente de reprendre la main, avec en particulier une vaste contre-offensive lancée dimanche pour reprendre Tikrit (nord), sans grand résultat pour le moment en raison d'un terrain miné.
Cette avancée menace le pays d'éclatement, les islamistes de l'EI ayant proclamé dimanche un "califat" sur les territoires conquis.
Cette annonce a cependant suscité plus d'indignation que de ralliement parmi les groupes islamistes, qui accusent l'EI d'avoir volé la cause du califat. "Arrêtez de tuer des musulmans et de dénaturer la religion", a ainsi lancé Issam Barqawi, un des principaux idéologues jihadistes.
Au Caire, la plus haute autorité religieuse de l'islam sunnite, Al-Azhar, a martelé que le califat islamique ne saurait "être rétabli par la force" et a qualifié l'Etat islamique de "terroriste".
Pour l'Irak, le risque de partition est cependant d'autant plus grand que l'offensive jihadiste a renforcé les velléités des Kurdes, qui se sont emparés de la ville disputée de Kirkouk, désertée par l'armée, et envisagent désormais un référendum d'indépendance.
En face, M. Maliki s'est montré intransigeant: "Personne n'a le droit d'exploiter les événements qui ont eu lieu pour imposer un fait accompli, comme l'a fait la région du Kurdistan", a-t-il déclaré à la télévision.
Pour mener sa contre-offensive contre les insurgés, Bagdad a reçu dix avions Sukhoi, annoncés comme venant de Russie mais qui pourraient en fait venir d'Iran selon certains experts.
Selon l'ONU, les violences ont fait plus de 2.400 morts en juin, dont près de 900 membres des forces de l'ordre, un niveau jamais vu depuis des années.
L'offensive takfirie a en outre fait des centaines de milliers de déplacés, dont certains se trouvent bloqués dans des camps à la limite du
Kurdistan: faute d'un garant dans la région autonome, il ne peuvent y pénétrer, même pour gagner l'aéroport d'Erbil, et les routes vers les régions plus calmes dans le sud du pays sont trop dangereuses.