... publiés dans un rapport parvenu au journal libanais assafir.
L’administration américaine a coupé la voie aux doutes et aux spéculations : si une action militaire est décidée contre l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), les avions et les unités spéciales américaines frapperont à l’intérieur des territoires irakiens et syriens. Les plans américains que la Maison Blanche a reçus ne sont pas limités par les frontières géographiques, selon les dires de hauts dirigeants américains.
Les cartes ont été brouillées et les développements sur le terrain ont imposé aux adversaires de travailler ensemble, que ce soit à travers les Etats-Unis ou avec eux. Le régime syrien est toutefois écarté, même si Washington décide de frapper l’EIIL en Syrie. Mais son allié, le gouvernement irakien se doit de coordonner avec l’opposition syrienne armée, à laquelle Washington a relégué une partie de la mission de combattre l’EIIL.
En même temps, les conseillers militaires américains et les Iraniens œuvrent sur le terrain pour superviser les missions des forces irakiennes.
Ce constat est le résultat d’informations sures publiées dans un long rapport dont le journal libanais assafir a obtenu une copie. Dans ce rapport, un certain nombre de hauts dirigeants américains, militaires et politiques, s’expriment longuement sur cette question. Parmi eux des dirigeants qui travaillent depuis Washington et d’autres qui parlent depuis l’Irak.
« Si une action militaire US est décidée, elle ne sera pas limitée par une région géographique précise », assure un haut responsable militaire. « Nous nous concentrons en Irak, là où les capacités de nos renseignements et nos représentants sont disponibles. Mais l’EIIL agit sur un cadre plus élargi et nous n’allons pas limiter nos frappes pour faire le travail nécessaire ».
« Notre pays a déjà effectué des opérations militaires via les frontières dans la région, que ce soit à travers le pilonnage de cibles ou des opérations auxquelles ont participé des unités spéciales », indique un autre responsable qui cite des exemples du Yémen, de Somalie et de Libye avant d’assurer : « Nous ferons donc le nécessaire » face à la confrontation avec l’EIIL en Syrie et en Irak.
Plusieurs responsables ont expliqué que l’action militaire sera à travers les bombardements aériens, avec ou sans pilote. Selon eux, cette option concerne des frappes « précises, déterminées et raisonnables », et ne signifie pas une opération d’envergure qui impliquerait des unités de l’armée américaine sur le terrain.
Un troisième responsable confirme qu’une banque de cibles de l’EIIL est déjà établie, de façon à défendre les intérêts des Etats-Unis ».
« Une action militaire est décidée à la base des données sur le terrain. Au cas où nos employés ou nos sites sont menacés, ou que les menaces de l’EIIL exposent les intérêts des Etats-Unis au danger, à l’intérieur des territoires US ou partout dans le monde, nous nous réserverons le droit de mener une action directe, dont l’action militaire », explique un dirigeant militaire américain dans ce même rapport.
Dans ce cadre, un dirigeant évoque des réunions périodiques tenues par le président Barack Obama avec son équipe pour la sécurité nationale. Il a été décidé de ne pas permettre à l’EIIL d’établir des lieux sûrs en Irak.
Tout ceci reflète l’ampleur de la mission de 300 conseillers militaires, que les Etats-Unis ont commencé à déployer en Irak. Il est vrai que les renseignements fournis par ces experts auront une valeur ajoutée qui tranchera la décision de lancer une action militaire. Leur mission principale sera d’évaluer les capacités de l’armée irakienne à faire face à l’EIIL et l’efficacité des équipements en possession de cette armée, à l’ombre des alliances que cette organisation extrémiste a réussi à élaborer.
Outre la mission des conseillers américains en Irak, les Etats-Unis ont donné ordre « au survol des drones et des avions de sorte que le commandement militaire soit désormais capable de couvrir toutes les zones irakiennes qui leur importent et où s’active l’EIIL », révèlent des dirigeants américains.
La confrontation de l’EIIL a poussé les conseillers américains mais aussi iraniens à superviser et à conseiller l’armée irakienne. Les responsables américains ont omis de parler de toute coordination avec les Iraniens. Pour eux, le seul domaine de coordination se fait « à travers des pourparlers politiques plus larges » pour permettre aux autorités irakiennes de devenir plus fortes.
Mais le brouillage des cartes se fait voir aussi sous un autre angle : à travers le renforcement par Washington des capacités de l’opposition syrienne « modérée », qui fut chargée de combattre l’EIIL en Syrie. Toutefois, cette réalité impose aux opposants syriens de travailler directement ou à travers les Américains avec les autorités irakiennes, tant accusées d’être alliées avec Damas.
Ce constat ne nécessite pas de calculs compliqués. L’administration US assure l’incapacité de contourner les menaces des combattants de ce groupe terroriste sans qu’ils ne soient traités dans les deux pays simultanément. Et puisque les plans de l’action militaire a pris en compte cette option, la coordination de la guerre contre l’EIIL sera à son tour transfrontalière.
Cette mission de coordination peut se faire via des conseillers militaires américains. Ceux-ci mettront en place un centre d’opérations conjointes avec les Irakiens à Bagdad, autour et au nord de la capitale. Un de ces centres y a été déjà établi. On évoque aussi une chambre d’opérations conjointes à l’ouest du Kurdistan, près des frontières turco-syriennes.
Les conseillers US sont chargés entre autre de contrôler « le degré de solidité » de l’armée irakienne. Ils considèrent que l’effondrement de l’armée à Mossoul fut derrière l’avancée de l’EIIL. Ce facteur déterminera le besoin d’une action militaire américaine.
Les forces américaines dans le Golfe sont estimées à 30 mille soldats. Un porte-avions George W. Bush est déjà dans le Golfe avec des navires de guerre et des destroyers. Le navire militaire USS Mesa Verde avec plus de 500 marines et hélicoptères. A cela s’ajoutent des avions de combats pour assister les opérations des forces spéciales. On rappelle également la présence de deux destroyers dans les eaux régionales et de la plupart de navires de ravitaillement.