"C’est comme si toute la population de Roumanie, soit 19 millions de personnes, émigraient au Royaume-Uni ou en France, qui ont une population de 63 et 67 millions d’habitants respectivement", a dit Gebrane Bassil.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebrane Bassil, a mis en garde vendredi contre une "dissension entre Libanais et Syriens" si aucune solution n'est trouvée au problème des réfugiés syriens, qui représentent plus du quart de la population.
"La situation est devenue presque explosive (...) et elle pourrait provoquer une dissension entre Libanais et Syriens", a-t-il dit.
Jeudi, l'ONU a publié un rapport indiquant que le nombre de ces réfugiés pourrait atteindre à la fin de l'année 1,5 million de personnes, soit plus du tiers de la population libanaise.
"C'est comme si toute la population de Roumanie, soit 19 millions de personnes, émigraient au Royaume-Uni ou en France, qui ont une population de 63 et 67 millions d'habitants respectivement", a expliqué Bassil lors d'une conférence de presse.
"C'est aussi comme si toute la population de Libye émigrait au Soudan ou si un quart des Irakiens allaient vivre en Arabie saoudite", a-t-il poursuivi.
Le Liban, pays de quatre millions d'habitants, accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens dans la région avec 1,1 million de personnes.
"Le nombre de Syriens dépasse les 35% car il faut compter aussi les réfugiés non enregistrés, alors qu'en Turquie ils représentent 1,2% de la population, en Irak 1,4% et en Jordanie 18,5%", a souligné le ministre.
Alors que l'ONU réclame plus de fonds aux pays donateurs, en particulier 1,6 milliard de dollars pour le Liban en 2014, Bassil a estimé qu'un meilleur financement risquait aussi d'"encourager les réfugiés à rester" au Liban.
Le ministre a aussi affirmé que les écoles publiques primaires et complémentaires libanaises accueillaient désormais 88.000 enfants syriens contre 85.000 enfants libanais ou d'autres nationalités.
En outre, un important hôpital de Beyrouth a enregistré pour le seul mois de mai "la naissance de 80 Syriens contre 40 Libanais".
Pour limiter l'afflux, Bassil a réitéré son appel à la création de camps de réfugiés à la frontière entre la Syrie et le Liban, et non à l'intérieur du territoire libanais.
Selon la banque centrale, les réfugiés coûtent 4,5 milliards de dollars par an au Liban.
En mai, le Fonds monétaire international (FMI) avait indiqué qu'à cause du conflit syrien, le taux de chômage avait quasiment doublé au Liban pour atteindre 20%.