Le wahhabisme salafiste takfiri a constitué une idéologie convenable et efficace pour combattre l’Iran, l’Irak, le communisme, et tous les pays arabes indépendants.
L’Arabie Saoudite est hantée aujourd’hui par le spectre de l’expansion du terrorisme qu’elle a créée dans les pays voisins, en Irak comme en Syrie, surtout après que le groupe de l’Etat Islamique a tiré les leçons de son prédécesseur, al-Qaida, au sujet de sa relation avec le régime saoudien.
En effet, tous les pays du Golfe se partagent les mêmes craintes ces jours-ci. Ils ne se figuraient point que ceux qui furent chargés de la préservation de la sécurité parmi les services de renseignements, des gardes et autres, deviendraient la première source de danger pour eux.
Les conditions ont changé, les règles du jeu aussi. Aboubakr Bagdadi, chef de l’EIIL et le « nouveau calife des musulmans », pourrait décider une guerre préventive contre les capitales du Golfe. Une guerre qui éclaterait de l’intérieur et pas nécessairement d’au-delà des frontières.
Les pays du Golfe ont toujours compté sur les bédouins vu qu’ils ne s’ingèrent pas en politique et n’adoptent pas d’idées révolutionnaires de gauche. Leur seul souci se résume par les salaires, les récompenses et la satisfaction des dirigeants.
Ils sont en première ligne de défense lorsque leur patrie est menacée. De ce fait, les bédouins croyant à l’idéologie wahhabite takfirie est la meilleure arme brandie contre les chiites du Golfe, comme ce fut le cas contre le communisme.
L’esprit wahhabite s’est étendu au-delà de la péninsule arabe. Des prédicateurs saoudiens ont pris en charge d’inculquer les idées de cette doctrine au Pakistan, Bangladesh voire l’Europe. Dans cette perspective, Bahrein a « importé » des citoyens fanatiques du Pakistan et du Bangladesh et les a naturalisés dans le cadre d’un projet visant à effectuer des changements démographiques dans ce pays à majorité chiite. Ces asiatiques ont été chargés donc des questions de sécurité, tout comme les bédouins.
Bref, le wahhabisme salafiste takfiri a constitué une idéologie convenable et efficace pour combattre l’Iran, l’Irak, le communisme, et tous les pays arabes indépendants. Mais cette doctrine n’a jamais combattu le colonialisme, dont le colonialisme sioniste en Palestinien. Sa mission fut de frapper les républiques arabes qui menaçaient les royaumes et les chefferies arabes par leurs discours.
Changement de situation après les événements en Syrie et en Irak
L’Arabie Saoudite se rappelle sa première expérience avec al-Qaida en Afghanistan et après l’Afghanistan. Oussam ben Laden, chef de cette organisation à l’époque, a cru que l’Arabie Saoudite voulait vraiment combattre « l’apostasie » pour instaurer un Etat islamique droit en Afghanistan. Une fois de retour, il a dit à la famille royale saoudienne qu’il est capable de chasser les Américains de la péninsule arabe comme il a fait avec les soviétiques. C’est à ce moment que Ben Laden déclare la guerre au royaume saoudien.
Aujourd’hui, et après la défaite cuisante en Syrie, l’Arabie Saoudite et toutes les monarchies du Golfe sont terrifiées par la proclamation de l’Etat islamique à partir de l’Irak. Les dirigeants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), comme Aboubakr Bagdadi connaissent parfaitement l’ancienne expérience d’al-Qaida avec les pays du Golfe.
Ils réalisent bien que l’instauration du califat au niveau de la région entière ne sera point complète sans la prise du contrôle des sources énergétiques principales, le pétrole et le gaz. Ces groupes takfiris se sont concentrés sur cette question en Syrie, ensuite en Irak. Ils n’ont pas réussi à contrôler les champs pétroliers de Kirkouk. Mais ces derniers figurent sur la banque de cible future. L’EIIL cherche à s’accaparer des ressources énergétiques de la région pour en faire des otages entre ses mains.
Les terroristes veulent profiter de cette source de force pour dissuader les pays occidentaux contre toute attaque contre eux. De plus, les revenus du pétrole peuvent servir à enrôler de nouveaux effectifs et à renforcer leur force militaire.
Ceci leur est possible vu que les wahhabites extrémistes takfiris occupent des positions sensibles dans les pays du Golfe : des gardes, de hautes responsables et autres sont capables de troubler la roue économique occidentale dans une période extrasensible.
De ce fait, si l’Iran peut fermer le détroit d’Hormuz, les wahhabites sont capables de cesser complètement la production du pétrole et de la saboter pour longtemps.
Le régime saoudien est confus et réalise l’ampleur de l’infiltration salafiste « djihadiste » dans son service sécuritaire. Il réalise aussi que la source du danger, avant qu’elle ne provienne de l’Irak ou du Yemen, réside à Qassim et Riyad. Les salafistes du Koweït gardent un doigt sur la gâchette après avoir vu le sort des Frères musulmans en Egypte. Le feu du wahhabisme takfiri rongerait-il prochainement les pays d’origine ? Peut-être la réponse ne tarderait pas à venir.
Traduit du site al-Akhbar