24-11-2024 07:52 AM Jerusalem Timing

Maliki: Les Kurdes abritent des terroristes, l’EIIL contrôle un site chimique

Maliki: Les Kurdes abritent des terroristes, l’EIIL contrôle un site chimique

L’armée irakienne a tué des centaines d’éléments de l’EIIL dans la province de Salahedine.


Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a accusé mercredi la région autonome du Kurdistan irakien dans le nord du pays d'abriter des terroristes.

"Nous ne pouvons pas rester silencieux devant le fait qu'Erbil (la capitale du Kurdistan irakien) soit devenue un quartier général pour l'Etat islamique (EI), le parti Baas, Al-Qaïda et pour des opérations terroristes", a déclaré Maliki dans son allocution télévisée hebdomadaire.

 "Nous ne pouvons pas rester silencieux devant un mouvement qui a tiré profit des circonstances pour gagner du terrain", a poursuivi Maliki en référence à la menace d'un référendum d'indépendance kurde brandie la semaine dernière.

Maliki a mis en garde les Kurdes contre toute tentative de couper les ponts avec Bagdad, assurant qu'une telle position se retournerait contre eux, alors que de nombreux experts estiment que le pays est menacé d'éclatement.

Les insurgés "vont être défaits, de même que leurs hôtes parce qu'ils ont échoué à fournir un exemple de partenariat démocratique", a-t-il mis en garde.

Contrôle d'une usine chimique

  
Des "groupes armés terroristes" ont pris le contrôle d'un ancien dépôt d'armes chimiques en Irak datant de l'époque de Saddam Hussein, a confirmé le gouvernement irakien dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Dans cette lettre datée du 1er juillet et rendue publique mardi, l'ambassadeur irakien à l'ONU Mohammed Ali Alhakim indique qu'en raison de l'insécurité, Bagdad ne peut temporairement plus poursuivre la destruction de son arsenal.
 Selon la lettre, "des groupes armés terroristes ont pénétré dans le site d'Al Muthanna", au nord-ouest de Bagdad, dans la nuit du 11 juin, après avoir désarmé les soldats qui le gardaient.

Ce site est "une ancienne installation d'armes chimiques", où des "restes de l'ancien programme d'armement chimique" irakien sont entreposés dans deux bunkers, explique la lettre, sans donner de précisions sur la nature ou la dangerosité de ces restes.

Le système de surveillance du site a permis de constater qu'à l'aube du 12 juin, les intrus avaient "pillé certains équipements" mais ils ont ensuite neutralisé les caméras de surveillance, précise la lettre.

En conséquence, ajoute l'ambassadeur, le gouvernement irakien "n'est plus en mesure de respecter ses obligations de destruction de ses armes chimiques en raison de la détérioration de la situation de sécurité".

Bagdad reprendra les opérations de destruction de son arsenal "dès que la situation de sécurité se sera améliorée et qu'il aura repris le contrôle" du site.

Le département d'Etat américain avait annoncé en juin que les miliciens de l'Etat islamique s'étaient emparés de cette ancienne usine de production d'armes chimiques datant du régime de Saddam Hussein.

Mais Washington avait estimé qu'ils ne seraient pas en mesure de produire des armes chimiques opérationnelles, en raison de la vétusté et de l'ancienneté des produits pouvant encore s'y trouver.

Le complexe avait commencé à produire du gaz moutarde et d'autres gaz chimiques, dont du sarin, au début des années 80. Selon la CIA, ce programme d'armement chimique avait atteint son apogée pendant la guerre Iran-Irak à la fin des années 80.

Mais la CIA affirme que ce complexe avait ensuite été fermé après la première guerre du Golfe lorsque des résolutions des Nations unies ont interdit à l'Irak toute production d'armes chimiques. Au début des années 90, il a été utilisé pour superviser la destruction des stocks irakiens d'armes chimiques.

Rejet de l’allégeance à Bagdadi

Le conseil de la province d’al-Anbar a révélé que le groupe terroriste l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) a exécuté un certain nombre de chefs de milices armées pour leur refus de prêter allégeance au « calife » Aboubakr Bagdadi, et ce, dans une rencontre tenue à Falloujah. 

Selon le site « l’Irak de droit », citant le vice-président du conseil de la province d’al-Anbar Faleh Issaoui, « l’EIIL a tué un certain nombre de chefs de milices et leur meurtre a provoqué l’irritation de la population dans la ville de Falloujah ».
Issaoui a appelé le gouvernement irakien à « saisir cette occasion et à s’allier avec les brigades armées à al-Anbar afin de chasser les miliciens de l’EIIL de l’Irak ». Il a indiqué avoir informé la partie américaine de la nécessité d’intervenir pour mener des frappes aériennes contre les bastions de l’EIIL.

 
L’armée irakienne s’apprête à entrer à Tikrit

L’armée irakienne a tué des centaines d’éléments de l’EIIL dans la province de Salahedine, et a imposé son contrôle sur les alentours de la ville de Tikrit (nord) en vue d’y pénétrer et d’en chasser les miliciens de l’EIIL.

Les opérations militaires de l’armée n’ont pas connu de répit au nord et à l’ouest du pays. Dans le village Azzawiya, dans la province de Salahedine, les tribus irakiennes se sont soulevées pour soutenir les forces de sécurité dans leur guerre contre les miliciens terroristes. Les commandants militaires ont confirmé la mort de centaines de miliciens ainsi que la destruction de plus de 30 véhicules. 

Selon Qassem Ata, porte-parole du commandant général des forces armées irakiennes, « les forces de sécurité s’approchent de leur objectif, celui de pénétrer dans la ville de Tikrit ». 

L’armée repousse une attaque de l’EIIL et tue 16 miliciens

Une source de la police de Salahedine a souligné que les forces irakiennes ont repoussé un assaut de l’EIIL sur la province de Ballad au sud de Salahedine, assurant avoir tué 16 éléments du groupe.

Selon le site d’informations Soumariya news, « une force de l’armée s’est confrontée ce matin avec un groupe armé de l’EIIL près de la région de Tal Dahab dans la province de Ballad au sud de Tikrit, et a repoussé l’attaque ».


Les responsables chrétiens appellent l'Europe à l'aide

Les principaux responsables chrétiens d'Irak ont appelé mercredi à Bruxelles l'Union européenne à s'engager pour éviter "une guerre civile" qui menacerait les chrétiens, "une minorité très fragile".

"Les Européens ont un devoir moral vis-à-vis de l'Irak", a déclaré le patriarche de l'Eglise chaldéenne en Irak, Louis Sako, devant la presse.

"Nous attendons qu'ils s'engagent pour sauver ce qui peut être sauvé", en aidant "à trouver une solution politique" à la crise et à "éviter qu'elle ne s'aggrave en guerre civile", a ajouté Mgr Sako, présent à Bruxelles pour s'entretenir avec de hauts responsables de l'UE, dont le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.

Mgr Sako s'est déclaré "très inquiet" de la situation des chrétiens qui continuent à fuir les zones conquises par les terroristes dans le nord.

"Pour le moment, les chrétiens n'ont pas été pris pour cibles en tant que groupe" par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), a-t-il souligné, mais "il faut attendre de voir l'évolution de la situation".

Accompagnant Mgr Sako, l'évêque catholique de Mossoul, Yohann Petros Mouche, a indiqué qu'il ne restait "quasiment plus" de chrétiens dans la ville où les églises chaldéennes et syriennes orthodoxes sont occupées par les insurgés. Mossoul comptait environ 35.000 chrétiens en 2003, avant l'intervention américaine, et ce nombre n'a depuis cessé de baisser.

Dans l'ensemble de l'Irak, "si rien ne change, la présence chrétienne ne sera plus que symbolique" en raison de la fuite des chrétiens vers les pays voisins (Turquie, Liban), l'Europe et les Etats-Unis, a averti Mgr Sako. Le nombre de chrétiens est estimé entre 400.000 et 500.000 contre plus d'un million avant 2003, selon lui.

 "Nous sommes une minorité très fragile, car nous n'avons pas d'armée, pas de milices", contrairement aux autres groupes religieux ou ethniques du pays, a souligné le patriarche.

source: alalam+AFP