Le régime yéménite accuse les rebelles d’exactions. Dans les faits, ce sont exclusivement des sites gouvernementaux et militaires qui sont pris à partie.
Les rebelles houthistes d'Ansarullah ont atteint les portes de la capitale yéménite Sanaa en prenant la ville d'Amrane, faisant peser une menace directe sur le pouvoir de transition déjà aux prises avec Al-Qaïda et les séparatistes sudistes.
Sur la défensive, les autorités ont accusé les rebelles d'exactions à grande échelle à Amrane, située à seulement une cinquantaine de kilomètres de Sanaa.
Selon les médias yéménites, au moment où les rebelles renforçaient leur emprise sur la ville, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a effectué une visite éclair en Arabie pour évoquer cette escalade.
Il y a rencontré le roi Abdallah d'Arabie saoudite, dont le pays soupçonne l'Iran de soutenir les rebelles, qu'il avait mis des mois fin 2009 à déloger du sud de son territoire, au prix de gros moyens militaires.
La prise d'Amrane ne fait qu'ajouter aux difficultés du pouvoir déstabilisé par les attaques répétées d'Al-Qaïda, qu'il n'arrive pas à éradiquer, en particulier dans le sud et le sud-est, malgré de vastes offensives.
Sanaa fait face aussi au refus des séparatistes sudistes de prendre part au processus politique visant à décentraliser le pouvoir et à offrir de l'autonomie aux régions de ce pays vaste et pauvre, où les structures tribales prédominent.
Les rebelles qui ont multiplié depuis début mars les attaques contre l'armée, sont soupçonnés de vouloir élargir leur zone d'influence dans le futur Etat fédéral qui doit compter six provinces.
- Exactions et abus -
Selon les autorités, ces rebelles se sont livrés dans la nuit à des pillages et des exactions à grande échelle, après avoir pris Amrane.
Le haut comité de sécurité, un organisme officiel, a affirmé que les rebelles avaient envahi les administrations, les QG de l'armée et des services de sécurité, dont le siège du gouverneur.
"Ces éléments ont pillé le contenu des administrations" et les "armes et les équipements de la 310e Brigade de l'armée, en tuant un certain nombre de soldats et d'officiers", a ajouté le comité.
Le commandant de la brigade, le général Hamid al-Qouchaibi, et de "nombreux soldats" étaient mercredi aux mains des rebelles, a-t-il précisé.
Selon des habitants, les rebelles ont multiplié dans la nuit les arrestations parmi les partisans du parti islamiste Al-Islah, qui combattent aux côtés de l'armée.
Le comité présidentiel qui avait négocié avec les rebelles plusieurs trêves n'ayant jamais tenu, a de son côté affirmé dans un communiqué que ces derniers n'avaient pas respecté un accord sur un retrait des soldats de la 310e Brigade.
Mais les rebelles "n'ont pas respecté cet accord, ils ont attaqué le QG et y ont commis de terribles exactions", a affirmé le comité.
Sur un autre plan, le gouverneur d'Amrane, Mohammed Saleh Chemellane, a nié avoir remis la ville aux rebelles, comme l'ont suggéré plusieurs médias.
La ville de 120.000 habitants est tombée aux mains des rebelles après quatre jours d'âpres combats qui ont poussé sur le chemin de l'exode quelque 10.000 familles, selon le Croissant-Rouge yéménite.
Selon des habitants, un semblant de calme régnait mercredi sur Amrane, mais les autorités n'ont pas précisé leurs intentions face à cette nouvelle poussée des rebelles.
Ansarullah a pour sa part affirmé mardi soir avoir pris la ville pour venir en aide à la population civile. Son porte-parole a assuré à l'AFP que le groupe était "prêt" à la rendre aux autorités, mais sans préciser dans quelles conditions.
Les bilans de quatre jours de combats sont contradictoires. Certaines sources évoquent jusqu'à 400 morts, mais il est impossible de les vérifier de source indépendante.
AFP ( Avec rectification terminologique)