Le samedi a été le jour le plus meurtrier avec plus de 50 martyrs, dont 18 membres de la famille al-Batsh
L’évolution la plus importante dans cette offensive israélienne contre la Bande de Gaza qui se poursuit depuis 6 jours aura été sans aucun doute le bombardement de Tel Aviv dans la nuit de samedi à dimanche. Sans oublier non plus l’incursion avortée sur une plage de la bande de Gaza.
22 tirs dont 4 interceptés
Ce sont les brigades Ezzeddine al-Qassam, branche armée du Hamas, qui ont annoncé les tirs d’abord, avant de les revendiquer.
« Nous allons bombarder Tel Aviv avec de nouveaux missiles, à 9heures 9 minutes pile » a dit un porte-parole des Qassam dans une intervention télévisée, retransmise sur plusieurs chaines satellitaires panarabes, une heure avant, en appelant les habitants à prendre au sérieux l’ultimatum et les medias à braquer leurs cameras.
Dans les minutes qui ont suivi, quelques 10 missiles, des Jaabari-80 (J-80) ont été tirés. Ahmad Jaabari étant un chef des Qassam a été tué dans un raid israélien em 2012.
Les brigades AlQuds (branche armée du Jihad islamique) ont pour leur part annoncé avoir tiré deux missiles de type Bourak-70 sur Tel Aviv. C’est une première selon des observateurs israéliens citee par la deuxième chaine de télévision israelienne , rapporte l’agence palestinienne Maan.
Or, le sort de tous ces missiles n’a pas été élucidé par les medias israéliens. Aucune image ne rend compte du lieu où ils se sont abattus. Comme si un black-out est imposé aux medias israéliens pour qu’ils ne couvrent pas les conséquences des tirs palestiniens. La télévision israélienne quant à elle a diffusé les images d’une attaque contre le port de Tel Aviv, filmant comment les gens prennent la fuite en direction des abris avant de reprendre timidement leurs travaux.
Pour sa part, L’AFP se contente de dire que « le Hamas a tiré des salves de roquettes à longue portée en direction de Tel-Aviv, Jérusalem et la Cisjordanie occupée, où trois d'entre elles ont explosé ».
Et de rapporter dans une autre dépêche « qu’Israël a recensé 22 projectiles tombés sur son territoire depuis samedi minuit. Cinq autres ont été détruits par la défense anti-aérienne. Au total, 655 roquettes ont atteint Israël et 170 ont été interceptées depuis le déclenchement des hostilités ».
Un chiffre certes nettement différent de celui publié par l’Onu qui a enregistré « plus de 800 tirs de roquettes contre Israël, dont 127 ont été interceptés par la défense antimissile ». Une télévision israélienne a pour sa part chiffré à 850 les tirs de roquettes palestiniens.
Nos experts contre leurs experts
Dans un communiqué, les Qassam ont indiqué que certains des missiles Jaabari-80 étaient équipés d’une technologie sophistiquée qui leur permet de dérouter le Dôme d’acier. Deux d’entre eux ont dans un premier moment été tirés en direction de Beit Yam et ont touché leurs cibles.
Toujours est-il dit dans le texte que 4 missiles suivants ont été tirés vers Tel Aviv, mais n’étaient pas équipés de ce système, et l’un d’entre eux a explosé au-dessus d’Ashkelon faisant des victimes. Vers 21 :12, une autre salve de ces missiles non équipés ont également été tirés vers Tel Aviv.
« Il était important que nous prouvions à notre ennemi que les brigades développent de façon continue leurs capacités , que la bataille se poursuit entre nous, et que dans la guerre de cerveaux que nous livrons, nos experts ont réalisé des exploits sur les experts du dôme d’acier qu’ils transformeront en un dôme de papier qui n’apportera que l’échec et la déception à l’entité sioniste usurpatrice », explique le communique des Qassam.
A noter que les tirs de ces roquettes a eu lieu au moment où les F-16 survolaient le ciel de la bande de Gaza, comme l’a indiqué la chaine de télévision qatarie al-Jazeera.
Une incursion avortée
La version officielle israélienne sur l’incursion qu’une unité commando a effectuée au nord de la Bande de Gaza ne semble pas non plus très claire.
Il y est question « d’un commando de la marine israélienne qui a débarqué sur une plage pour détruire un site de lancement de roquettes. "La mission a été menée à bien", a annoncé l'armée, précisant que quatre soldats avaient été légèrement blessés dans des échanges de tirs.
Côté paletiniens l’incursion a été révélée par les deux mouvements de résistance Hamas et Jihad islamique. Tous deux fait état d’accrochages dans la région de Soudaniyyé au nord-ouest de la ville de Gaza, contre une unité israélienne.
Selon un communiqué du Hamas, ses combattants ont découvert à l'avance l'incursion. "A peine le commando a-t-il mis les pieds sur la plage, qu'il a fait l'objet d'un déluge de tirs de feu, et des cris ont ete entendus", est-il ecrit dans le communiqué, selon l'agence Palestine-24. le Hamas a accusé l'armée israélienne de ne pas dévoiler ce qui s'est passé réellement.
Le Maariv semble soutenir cette version : « dans cette opération commando, les soldats israéliens n’ont pas eu le dernier mot », a-t-il écrit ce dimanche.
167 martyrs : des familles et des handicapées
Entre temps, les massacres réalisés par raids aériens se poursuivent.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël a effectué plus de 20 raids aériens, portant à 1.330 le nombre des cibles attaquées depuis le début de l'opération il y a six jours.
Israël qualifie les cibles frappées comme étant des cibles « terroristes » du Hamas, - les lance-roquettes, centres de commandement ou d'entraînement, bureaux des institutions-.
Alors que l’ONU par la voix du bureau de l'ONU chargé des Affaires humanitaires, assure que 70% des victimes sont des civils, dont 21% d’enfants.
Selon l’agence palestinienne Maan, les raids israéliens touchent les maisons de familles palestiniennes : al-Khatib, Hmayyed, Salah-Borj, Habib, ...
L'agence assure aussi que les raids touchent aussi des terres agricoles.
Le bilan des victimes s’élève jusqu’à l’écriture de ce papier à 167 martyrs selon l’agence Maan et 165 selon l’AFP et à plus de 1.100 blessés.
Samedi, le plus meurtrier
Samedi a été le jour le plus meurtrier avec 52 palestiniens tués, selon des sources palestiniennes citées par l’AFP.
L'attaque la plus meurtrière a fait près d'une vingtaine de morts samedi peu avant minuit dans le quartier de Touffah, dans l'est de Gaza, touchant la maison d'un chef de la police Tayseer al-Batsh et une mosquée.
Le général de police visé a été blessé et se trouvait dimanche dans un état critique, tout comme une cinquantaine des Palestiniens blessés dans les frappes israéliennes.
Dans une autre attaque également dans la soirée, trois personnes ont été tuées à Rafah (sud) et une autre à Jabaliya.
Tôt le matin du samedi, deux femmes lourdement handicapées, Souha Abou Saada et Ola Washahi, avaient péri dans un raid contre leur foyer à Beit Lahiya (nord). Trois patients et un employé du centre ont été blessés.
Dans la journée, dans le quartier Cheikh Radouane, dans l'ouest de la vaste agglomération de Gaza, six Palestiniens ont trouvé la mort. Ces six hommes, âgés de 21 à 58 ans, étaient assis dans la rue devant leur maison lorsqu'ils ont été touchés par le tir.
Parmi les victimes des raids figurent deux neveux du dirigeant du Hamas dans l'enclave, Ismaïl Haniyeh, selon des voisins qui les ont identifiés comme étant Nidal et Alaa Malach.
Dans la ville de Gaza, à El-Bouerij (centre) et à Jabaliya (nord), huit autres personnes ont péri dans une série de frappes israéliennes survenues dans l'après-midi. Trois autres Palestiniens ont été tués dans un raid à l'ouest de Gaza, de même que trois déjà dans le quartier de Touffah.
Dimanche : 3 martyrs et un collaborateur
Pour ce dimanche, jusqu’à l’écriture de ce papier, il est question de trois martyrs. Un adolescent de 14 ans tué à l’aube dans une frappe contre une maison à Jabaliya (nord), et une femme est morte dans un raid contre le camp de réfugiés de Maghazi (centre), a expliqué Achraf al-Qoudra, porte-parole des services de secours palestiniens.
En outre, un homme blessé dans une frappe plus ancienne a succombé à ses blessures, ce qui porte le bilan total à 165 morts et plus de 1.000 blessés, a ajouté M. Qoudra.
De plus, selon des témoins, des hommes armés ont abattu un autre homme en pleine rue à Rafah (sud). Il pourrait s'agir de l'exécution d'une personne soupçonnée de collaboration avec Israël. Aucun des groupes armés de Gaza n'a revendiqué ce meurtre dans l'immédiat.
Pour leur part, les factions de la résistance ont revendiqué des tirs de roquettes contre les colonies israéliennes :
4 roquettes Grad et 4 Qassam contre Ashkelon, pour les brigades Qassam ; et 5 roquettes Grad sur Bir-essabea (Beersheba) et Netivot pour les brigades alQuds ; et 2 Grad sur Netivot et Ashdod pour les brigades al-Aqsa.
Les brigades al-Quds ont aussi revendiqué avoir tiré un missile Cornet contre un Jeep militaire israélien à l'est de Rafah.
Des menaces et des tracts
Ce dimanche, l’administration israélienne a levé d’un cran son ton de menaces, tout en reconnaissant toutefois que la guerre risque de durer longtemps.
Devant le conseil des ministres, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis qu'Israël frapperait "le Hamas avec de plus en plus d'intensité", accusant le mouvement islamiste, qui contrôle Gaza depuis 2007, d'utiliser "la population comme un bouclier humain".
" Nous ne savons pas quand l'opération se terminera, elle pourriat durer longtemps", a-t-il toutefois tempéré.
Selon la radio israélienne, la rencontre ministérielle israélienne s'est déroulée dans une chambre fortifiée du ministère israélien de la Défense.
En même temps, l'aviation israélienne dispersait dans la matinée des tracts au-dessus du nord de la bande de Gaza, non loin de la frontière avec les colonies, exhortant les civils à quitter "immédiatement" leur domicile, selon l'armée.
"Ces tracts demandent aux résidents de s'éloigner, pour leur sécurité, des activistes du Hamas et des sites où ils opèrent", a-t-elle expliqué.
Le porte-parole de l'armée, le général Moty Almoz, a assuré que les Palestiniens devaient prendre "cette menace au sérieux" et qu'il ne s'agissait pas "d'une mesure psychologique".
A la mi-journée, des milliers de Gazaouis fuyaient le nord du territoire en voiture, à dos d'âne, à pied ou en charrette à cheval, emportant ce qu'ils pouvaient avec eux, selon des journalistes de l'AFP.
Beaucoup n'avaient pas vu les tracts mais avaient choisi de fuir après une nuit d'épouvante. "Il y a eu tellement de bombardements que personne ne pouvait dormir, c'était terrifiant", a raconté Farid.
Quelque 4.000 habitants se sont réfugiés dans huit écoles locales gérées par l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unwra).
L'armée a rappelé 40.000 réservistes pour remplacer des soldats du contingent déployés sur d'autres fronts afin de disposer de renforts à proximité de la bande de Gaza. Des cohortes de chars et de pièces d'artilleries ont également été ostensiblement déployées près de l'enclave palestinienne.