21-04-2025 06:29 AM Jerusalem Timing

Hammond: l’homme gris du gouvernement britannique qui pourra faire trembler l’UE

Hammond: l’homme gris du gouvernement britannique qui pourra faire trembler l’UE

Sa nomination serait un moyen pour David Cameron de tenir plus serrées les rênes de la politique étrangère britannique.

Philip Hammond, qui quitte mardi le ministère de la Défense pour s'occuper des Affaires étrangères, est généralement décrit comme un homme discret voire passe-muraille, mais il aura soin d'exprimer sans ambages son vif sentiment eurosceptique à Londres et Bruxelles.

Le ministre sortant de la Défense est un homme politique discret voire terne, surnommé dans les couloirs de Westminster "l'homme gris".

Consciencieusement, il a orchestré sans emphase la mise en application de coupes massives dans le budget des forces armées ainsi que le retrait des troupes britanniques d'Afghanistan.

"Hammond n'est pas le genre d'homme politique à mettre le feu aux poudres.

Ce n'est pas une personnalité excitante ou un homme aux discours brillants. Je soupçonne David Cameron de l'avoir nommé aux Affaires étrangères pour avoir un opérateur aguerri" aux commandes, a estimé James Forsyth, du magazine Spectator, proche des conservateurs.

"Mais, le fait de nommer ministre des Affaires étrangères quelqu'un qui s'est dit prêt à voter en faveur d'une sortie de l'UE si d'importants pouvoirs n'étaient pas rétrocédés au Royaume-Uni lors de la renégociation de la relation du pays avec Bruxelles, envoie un message très clair au reste de l'Europe sur la position britannique", a-t-il jugé.

 -Eurosceptique-

La nomination de ce politicien de 58 ans marque ainsi un durcissement eurosceptique du gouvernement, susceptible de contenter la frange la plus à droite et eurosceptique du parti conservateur, à dix mois des élections générales, et d'endiguer l'hémorragie en faveur du UK independence party (UKIP), le parti europhobe et anti-immigration de Nigel Farage qui a triomphé aux récentes européennes.

"Philip Hammond a suggéré il n'y a pas si longtemps qu'il serait ouvert à une sortie de l'Union européenne", a rappelé sur la BBC Tim Montgomerie, un ancien rédacteur de discours pour les Conservateurs.

"Une position que ni David Cameron, ni William Hague n'ont pour l'heure affichée", a-t-il rappelé.

Philip Hammond a grandi dans l'Essex, à l'est de Londres, et a suivi sa scolarité dans des écoles publiques avant d'obtenir une bourse pour intégrer la prestigieuse université d'Oxford où il a été diplômé en politique, philosophie et économie.

Il a travaillé dans les secteurs de l'immobilier, de la construction et de l'énergie avant d'être élu à la chambre des Communes en 1997, l'année où Tony Blair est arrivé au pouvoir après une humiliante défaite des conservateurs.

Pendant ces années où les conservateurs étaient dans l'opposition, il a joué un rôle clé dans l'élaboration d'une alternative, en tant que responsable de l'opposition pour les questions économiques.

Il est député de Runnymede et Weybride, une circonscription qui compte beaucoup de travailleurs londoniens qui font le voyage quotidiennement.

En 2010, lors de l'arrivée de David Cameron au pouvoir, à la tête d'un gouvernement de coalition avec les libéraux démocrates, Philip Hammond a été nommé ministre des Transports avant d'être promu à la Défense en 2011.

Sa nouvelle promotion a été une surprise pour nombre d'observateurs du fait de son manque de charisme, mais il est perçu comme un soldat fidèle du Premier ministre.

Certains ont été jusqu'à suggérer que sa nomination était un moyen pour David Cameron de tenir plus serrées les rênes de la politique étrangère

britannique, dans la perspective du référendum sur la place du pays dans l'UE qu'il a promis d'organiser en 2017 s'il est réélu.

"La nomination d'Hammond signifie que Cameron sera son propre ministre des Affaires étrangères. Il ne peut pas lâcher la politique européenne", a twitté Philip Collins, un chroniqueur du Times et ancien rédacteur des discours de Tony Blair.