Les sociétés américaines qui ont des filiales en Chine transmettent certaines données aux agences de renseignement américaines.
« L’effet Snowden », lié aux révélations concernant le système d’espionnage des Etats-Unis, s’étendrait également à l’activité d’Apple en Chine. La télévision centrale chinoise (CCTV) considère qu’une des fonctions de l’iPhone, qui permet de géo-localiser son utilisateur, «représente une menace à la sécurité nationale ».
La fonction « service de localisation » sur l’iPhone permettrait de surveiller les déplacements des utilisateurs et de faire entrer dans la mémoire de l’appareil les lieux qu’ils fréquentent le plus souvent, tout en enregistrant l’heure des visites. Cette fonction a été conçue pour que l’utilisateur puisse personnaliser son itinéraire quotidien et savoir où il rencontrera des bouchons sur son passage. « Ces informations sont stockées dans l’appareil et ne peuvent pas être transmises à Apple sans l’accord de son propriétaire », indique le site Internet d’Apple.
Néanmoins, cette fonction a été jugée comme présentant une menace à la sécurité nationale en Chine. Il y a quelques jours, CCTV a diffusé sur ses chaînes une émission dans laquelle cette fonction de géo-localisation des utilisateurs est considérée comme potentiellement dangereuse, car ces informations pourraient être consultées à distance depuis les smartphones. Un expert chinois a même émis l’hypothèse que l’utilisation de cette fonction permettrait à la société américaine d’accéder aux secrets d’Etat de la RPC.
« Apple ne surveille pas la géo-localisation de ses utilisateurs. Elle ne l’a jamais fait, et elle ne le fera jamais », a répondu Apple sur son site 24 heures après la diffusion de l’émission à la télévision chinoise. La société américaine a également souligné qu’elle n’avait jamais collaboré avec les gouvernements de quelque pays pour transmettre de quelconques informations.
La part des appareils iPhone sur le marché chinois des smartphones reste cependant assez modeste. L’année dernière elle représentait à peine 6%, contre 18% pour Samsung, le leader du marché. Toutefois la société à la pomme croquée domine dans le segment des smartphones haut de gamme : près de 80% des appareils dont le prix dépasse 500 dollars américains sont des iPhone en Chine. Ainsi, la première dame de Chine Peng Liyuan a été notamment prise en photo l’année dernière avec un iPhone du fabricant chinois Foxconn dans les mains.
La société Apple est de fait devenue l’otage d’un scandale d’espionnage dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis. L'année dernière, l’ex-employé de l’Agence nationale de la sécurité (NSA) Edward Snowden a affirmé que les sociétés américaines qui ont des filiales en Chine, transmettaient certaines données aux agences de renseignement américaines. Snowden affirmait notamment que les hackers de la NSA auraient réussi à pénétrer dans le réseau informatique du géant chinois des télécommunications Huawei.
Plusieurs sociétés américaines ont été ensuite suspectées d’espionnage par le gouvernement chinois, et notamment les entreprises fournissant des logiciels informatiques, Cisco et IBM.
Ces derniers temps, les Etats-Unis ont parlé à maintes reprises des soupçons concernant l’espionnage de la part de la RPC. En mai de cette année, le gouvernement américain a accusé d'espionnage industriel cinq soldats de l'Armée populaire de libération (APL), ajoutant que l’unité militaire 61398 basée à Shanghai serait au centre de cette activité illégale.
Coïncidence ou pas, après ces déclarations, les structures gouvernementales chinoises ont été interdites d’acheter des nouveaux ordinateurs pourvus du système d’exploitation Windows 8.
Et maintenant, les autorités chinoises risquent au minimum d’interdire la fonction de géo-localisation sur les appareils iPhone d’Apple. Les utilisateurs chinois ne seront certainement pas déçus de cette décision, car ils sont très peu nombreux à connaître l’existence de cette fonction. Selon un sondage réalisé par l’agence Xinhua à Qingdao et dans d’autres villes du pays, plus de 90% des utilisateurs d’Apple ignorent que cette fonction est installée sur leur smartphones. Et parmi ces 90%, il y aurait notamment des employés des points de vente d’Apple en Chine, ajoute Xinhua