Demirtas devait présider en fin de soirée un meeting à Paris.
Le candidat des Kurdes à la présidentielle en Turquie Selahattin Demirtas se trouvait vendredi à Paris pour y rencontrer la communauté kurde, dans le cadre d'une tournée européenne trois semaines avant le premier tour de cette élection, a annoncé la Fédération des associations kurdes de France.
Demirtas, qui devait présider en fin de soirée un meeting à Paris, s'est rendu en début d'après-midi devant l'immeuble abritant les locaux du Centre d'information du Kurdistan (CIK), où trois militantes kurdes ont été assassinées le 9 janvier 2013, a constaté un photographe de l'AFP.
Le candidat, accompagné d'une vingtaine de personnes, a accroché un bouquet de fleurs rouges sur le porche de l'immeuble. Dans un entretien vidéo avec l'AFP au siège parisien de l'association culturelle kurde, Demirtas, qui s'exprimait en turc, a indiqué qu'il entendait par ce geste "rappeler à la France et à la Turquie l'importance que les commanditaires" de ces crimes "soient identifiés" et demandé au président François Hollande que l'affaire soit "élucidée".
Le meurtre de Sakine Cansiz, de Fidan Dogan et de Leyla Saylemez, tuées de plusieurs balles dans la tête, avait bouleversé la communauté kurde de France, forte d'environ 150.000 personnes.
Arrêté quelques jours plus tard, le Turc Güney, sympathisant du mouvement kurde, a été mis en examen pour assassinat. Diverses pistes avaient initialement été évoquées quant aux commanditaires, mais l'implication des services secrets turcs (MIT) -ou d'une de ses branches- ne fait aucun doute pour les proches des victimes, qui ont demandé vendredi que la justice française émette des mandats d'arrêt à l'encontre de quatre responsables turcs.
Selahattin Demirtas, 41 ans, crédité dans les sondages de moins de 10% des votes, derrière le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le candidat de l'opposition, Ekmeleddin Ihsanoglu, a affirmé qu'il entendait être "pas seulement le candidat des Kurdes, mais celui des ouvriers, et de tous ceux qui en Turquie veulent pouvoir être respectés, représentés (...) quelle que soit leur minorité ethnique ou culturelle".
"Je me bats pour tous ceux qui peuplent la Turquie, mais avec mon identité de Kurde", a-t-il souligné.
Le premier tour de l'élection présidentielle en Turquie est prévu pour le 10 août. Les opposants à Erdogan, donné grand favori, espèrent le mettre en ballotage, le contraignant à affronter un second tour, le 24 août.