La ville de Maan est bondée des drapeaux de l’EIIL
La Jordanie est le pays qui s’inquiète le plus de la montée en puissance de la milice de l’Etat Islamique (Ex Etat Islamique en Irak et au Levant-EIIL), estime le journaliste jordanien Abdel Bari Atwan.
« Il y a une grande inquiétude au sujet de la Jordanie, et ce en raison du voisinage de ce pays avec deux pays instables, c'est-à-dire la Syrie et l'Irak, ainsi que de la situation difficile sur le plan intérieur. A cela s'ajoute l'accumulation des dettes, l'aggravation de la crise économique, et le clivage accru entre les riches et les pauvres. Le taux moyen du chômage en Jordanie a dépassé la barre de de 30%, d'autant plus que la solidarité éprouvée vis-à-vis de l'EIIL et la coopération avec ce groupe sont en train de croître dans ce pays, à tel point que la ville de Maan est bondée des drapeaux de l'EIIL », a-t-il souligné dans son article publié dans l'édition électronique du quotidien al-Ray al-Youm. 
Selon lui, l'EIIL n'a pas besoin de visa pour entrer en Jordanie, car les points de passages frontaliers sont sous son contrôle.
Il ajoute : « les pays arabes traversent, ces jours-ci, une situation d'urgence en raison des activités et des dangers de l'EIIL car ce groupe peut mettre en danger l'avenir des frontières tracées conformément au traité de Sykes-Picot, autrement dit, l'EIIL est non seulement un groupe transfrontalier, il est aussi, le destructeur des frontières».
Atwane indique que l’Arabie Saoudite aussi semble etre très inquiète des activités de l’EIIL.
Après son voyage touristique au Maroc, le roi Abdallah a convoqué une réunion d’urgence du Conseil de la sécurité nationale. Il a ordonné la mise en œuvre des mesures supplémentaires pour protéger davantage les frontières du royaume avec l’Irak et la Jordanie, pour empêcher l’infiltration des éléments du groupe de l’EIIL, révèle l’ancien rédacteur en chef du journal londonien panarabe al-Quds al-Arabi.
Il poursuit dans son article traduit par Irib : « L’EIIL est très dangereux, car il en train d’enregistrer rapidement des progressions sur le sol irakien et a recruté des forces nombreuses dans divers endroits du mode. Il a pillé environ 2 milliards de dollars des banques irakiennes et il recueille également des dons de la part de ses protecteurs dans les émirats du Golfe persique.
Richard Baritt, ancien membre du renseignement britannique a annoncé dans un rapport que 12.000 individus armés sont entrés, au cours de ces trois dernières années, via la Turquie et la Jordanie en Syrie, et ils ont rejoint pour la plupart d’entre eux l’EIIL.
Ils sont originaires de 81 pays du monde, dont 3.000 tunisiens, 3.000 saoudiens, et 2.000 ressortissants des pays européens ».
Atwane cite un autre facteur d’inquiétude lié à l’EIIL : les tactiques militaires qu’il déploit que qui font paniquer les pays voisins.
« De nombreux commandants de l’armée irakienne prévoyaient que l’EIIL progressait vers Bagdad, mais il s’est rapproché des frontières de la Jordanie, de la Syrie et de l’Arabie Saoudite et s’est emparé des points de passage frontaliers. La raison est due à la présence d’anciens hauts officiers de l’armée irakienne dans les forces de l’EILL ».
Atwane semble pessimiste quant l’efficacité des mesures que prendraient les autorités jordaniennes pour repousser le danger de l’EIIL.
« L’une des mesures pourrait consister à réclamer à tout citoyen irakien souhaitant se rendre en Jordanie, d’obtenir un visa d’entrée à l’Ambassade de Jordanie, à Bagdad », a-t-il suggéré.
Avec Irib
