Le chef de l’Etat français a exprimé la "solidarité" de la France à Israël en plein bombardement de Gaza.
Une manifestation de soutien aux Palestiniens de Gaza organisée samedi à Paris malgré une interdiction des autorités françaises, a tourné à l'affrontement à coups de pierres et de gaz lacrymogènes entre policiers antiémeute et militants propalestiniens. En fin d'après-midi, les policiers ont jeté des gaz lacrymogènes sur une centaine de manifestants qui ont lancé pierres et bouteilles dans un quartier du nord de Paris, selon une source policière.
Au moins une personne a été blessée, un homme en sang au niveau du bassin, ont constaté des journalistes de l'AFP. La police a interpellé 14 personnes. Le climat restait tendu en fin d'après-midi dans le quartier où l'air était devenu irrespirable en raison des gaz lacrymogènes. Dans une grande confusion, les manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes hommes, se sont dispersés.
Un peu plus tôt, les manifestants avaient afflué par centaines pour exprimer leur soutien aux Palestiniens de Gaza malgré la décision des autorités d'interdire tout rassemblement. "Nous sommes tous des Palestiniens" ou "Palestine vivra, Palestine vaincra", ont-ils scandé, sous l'oeil de la police antiémeute.
Hollande et Israël
Fait rarissime, les autorités avaient interdit la manifestation à Paris, une décision inédite en Europe. Elles craignaient des "troubles à l'ordre public" après les débordements de la manifestation propalestinienne du 13 juillet. Des incidents avaient alors opposé certains manifestants propalestiniens à des membres de la communauté juive devant une synagogue, faisant huit blessés.
La justice française avait rappelé que le fait d'organiser un rassemblement interdit est passible d'une peine de six mois de prison et de 7.500 euros d'amende.
Le président François Hollande a prévenu, depuis le Tchad où il se trouve en voyage, que "ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité".
Le chef de l'Etat est accusé par sa gauche de mener une politique trop pro-israélienne. Il a notamment essuyé des critiques après avoir exprimé la "solidarité" de la France à Israël en plein bombardement de Gaza, une prise de position que certains partis et organisations propalestiniennes ont qualifié de carte blanche donnée au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Dans un second temps, le président français avait rééquilibré sa position appelant Israël à la "retenue" et demandant un "cessez-le-feu". Des rassemblements ont également été organisés dans la plupart des grandes villes françaises: 5.000 personnes à Lyon (centre-est), 3.000 à Marseille (sud) et au moins 1.300 à Strasbourg (est) ont réclamé l'arrêt des bombardements israéliens sur Gaza.
A Lyon, un militant, Pierre Thivend, membre de l'association "France-Palestine solidarité" a critiqué l'"assassinat délibéré de populations civiles". "Israël occupe un pays qui ne lui appartient pas", a encore déploré ce militant.
Ailleurs en Europe
A Londres, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l'appel de sept associations parmi lesquelles Stop the War, Palestine Solidarity Campaign ou Islamic Forum of Europe devant les grilles du 10 Downing Street, cabinet et résidence du Premier ministre.
Palestine Solidarity Campaign a précisé sur son compte Facebook que "des dizaines de milliers de personnes" manifestaient à Londres "pour la paix, la justice et une Palestine libre". Interrogée par l'AFP, la police n'a pas souhaité fournir de décompte officiel.
Les manifestants brandissaient une multitude de pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire "Arrêtez les attaques israéliennes sur Gaza", "Libérez la Palestine", "Gaza, arrêtez le massacre".
"La manifestation nationale d'aujourd'hui va donner l'opportunité aux Britanniques de l'ensemble du pays de dire que ça suffit, le siège de Gaza par Israël et son occupation de la terre palestinienne doivent cesser maintenant", a déclaré l'une des organisatrices, Sarah Colborne, directrice de Palestine Solidarity Campaign.