Une liquidation totale s’annonce en Ukraine. Le gouvernement a validé la liste des entreprises à privatiser en 2014.
Une liquidation totale s'annonce en Ukraine. Le gouvernement a validé la liste des entreprises à privatiser en 2014. Cette vente d'envergure des actifs d'Etat menace d'aboutir à un nouvel repartage de la propriété et à une guerre des oligarques.
D'ici fin d'année l'Ukraine se propose de vendre 164 entreprises. Il s'agit souvent des entreprises de caractère stratégique considérées auparavant comme intouchables et plus particulièrement de plusieurs grandes centrales électriques, de l'usine des constructions mécaniques Azovmach, du plus grand producteur d'engrais chimiques Odesski priportovy zavod, de plusieurs sociétés houillères et agro-alimentaires.
Kiev compte que la privatisation rapportera 2 milliards de dollars de rentrées budgétaires. Selon les autorités ukrainiennes, les entreprises en question pourraient être achetées par de gros fonds d'investissement ayant l'expérience de travail dans les conditions à risque.
De nombreux experts reconnaissent cependant que le moment n'est pas propice à la privatisation. Le directeur adjoint de l'Institut de l'information scientifique sur les sciences sociales Dmitri Efremenko estime qu'un investisseur qui se respecte n'achètera pas dans une Ukraine en proie à un conflit militaire :
« La situation est plus que défavorable à la privatisation. Le pays est, de fait, en proie à une guerre et l'économie est au bord du collapse. Seuls les investisseurs prêts à travailler dans une situation d'un risque politique et économique extrême pourraient acheter des actifs ukrainiens à prix discount pour leur revente ultérieure. Quant aux investisseurs stratégiques, ils s'engageront à condition d'avoir des garanties politiques sérieuses, les garanties délivrées non pas par le gouvernement de Kiev, mais par les Etats-Unis et l'UE ».
De l'avis des experts, le programme de privatisation en Ukraine pourrait devenir la plus grande action de partage de la propriété d'Etat. Les milliardaires et millionnaires lésés par Ianoukovitch espèrent profiter de la situation pour s'accaparer les actifs qui restent encore sous le contrôle de l'Etat et, d'un seul coup, éliminer les concurrents. Les deux cibles principales sont le « roi du Donbass » Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche de l'Ukraine actuellement en disgrâce, et le baron de la chimie Dmitri Firtach. Selon le directeur du Centre des études eurasiennes de Donetsk Vladimir Kornilov, l'oligarque gouvernant la région de Dnepropetrovsk Igor Kolomoïski a déjà proposé de nationaliser leurs actifs :
« A l'époque d'être à la tête de l'opposition Arseni Iatseniouk s'est vivement opposé aux projets du président Ianoukovitch de privatiser les entreprises qu'il veut maintenant privatiser lui-même. Bien qu'il n'en parle pas à haute voix, Arseni Iatseniouk est poussé à la privatisation et, de fait, à la reprivatisation par le sponsor principal de l'EuroMaïdan Igor Kolomoïski. Celui-ci a déclaré en public qu'il fallait exproprier les gens qu'il considérait comme impliqués dans le financement des ce qu'il appelle séparatistes terroristes. Mais nous comprenons parfaitement à qui Kolomoïski veut transférer cette propriété. L'idée maîtresse du plan de privatisation globale annoncé a été implicitement formulée par Kolomoïski : reprivatiser, exproprier les oligarques liés d'une façon ou d'une autre à Viktor Ianoukovitch et remettre leur propriété aux personnes proches de Porochenko, d'Iatseniouk et, bien sûr, de Kolomoïski en personne ».
Une chose dont on ne parle pas c'est la question de savoir en quoi cela profitera aux simples Ukrainiens. Si l'Etat avait certains engagements devant le personnel de ses entreprises, les propriétaires privés en feraient fi. Cela signifie des coupes massives dans les emplois, une brusque hasse du taux de chômage et une montée de tension sociale. Quant aux rentrées tirées de la privatisation, les autorités ukrainiennes ne les investiront pas, de toute évidence, dans des programmes sociauxn mais dans la pousuite de l'opération militaire dans l'est du pays.
La Voix de la Russie