24-11-2024 07:45 AM Jerusalem Timing

Gaza : qui condamne-t-on ?

Gaza : qui condamne-t-on ?

Lorsque tous sont complices...

A Gaza il s’agit de « confrontation entre Israël et les groupes armés » ou de « raids contre des tirs de missiles ».

A Gaza ce sont des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes, Palestiniens, c'est-à-dire des autochtones de la Palestine, qu’une puissance coloniale maintient dans un ghetto et leur refuse le droit à l’existence, en les coupant du monde extérieur. Quand certains d’entre eux en viennent à vouloir se rappeler à ce monde extérieur, ils ont recours à des roquettes artisanales qu’ils lancent contre leurs oppresseurs, tout en sachant que des bombardiers viendront leur rendre au centuple leurs tirs dérisoires. C’est ce qui se produit ces jours-ci.

Israël bombarde Gaza, pour tuer.

Il y a, comme d’habitude, des réactions. A commencer par les membres du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) qui ont toujours les mots qu’il faut, presque toujours les mêmes. Ils expriment « leur grave inquiétude à propos de l'escalade de la tension » et appellent «au calme».

L’ONU suit toujours les événements, de près. Son secrétaire général, Ban Ki Moon, se dit « gravement préoccupé par cette nouvelle escalade entre Gaza et Israël; une fois de plus, des civils en paient un prix terrible ». Il juge « inacceptables » les tirs de roquettes palestiniennes « contre des civils israéliens » et « exhorte » les « autorités israéliennes » à « exercer une retenue maximale ».

Le souci pour le quartette, comme pour l’ONU, est toujours d’utiliser des éléments de langage « équilibrés ». Hillary Clinton, en son temps, elle, ne se préoccupe pas de ce type de précaution et y va sans sourciller : « laissez-moi condamner dans les termes les plus forts les tirs de roquettes par des terroristes depuis la bande de Gaza vers le sud d'Israël ». Elle fait, tout de même, une petite concession à l’équilibre, elle appelle « les parties, toutes les parties, à faire tout leur possible pour apaiser la situation ». Sans plus.

 

Israël fera, comme de coutume depuis 64 ans, ce qu’il jugera utile de faire. Personne ne viendra lui demander des comptes sur quoi que ce soit de ce terrible déni d’humanité.

Et sûrement pas ces monarques du Golfe qui n’ont plus que ce « devoir moral » de « démocratiser » la Syrie, après l’avoir réalisé avec la Libye. Ce n’est pas qu’ils ne voudraient pas, en lorgnant vers leurs opinions publiques, qu’Israël en fasse le moins possible, mais ils savent, en supplétifs dociles, dans quoi se limitent leurs prérogatives.

Les sionistes, eux, savent ce la « communauté internationale » pense. Elle pense comme eux pensent et disent: « Le Moyen-Orient, est un endroit difficile pour les israéliens ces jours-ci. La facture quotidienne comprend la menace iranienne, des changements de régime en Egypte, des émeutes et le génocide en Syrie, et les attaques de roquettes depuis la bande de Gaza. » Plus au Liban, le Hezbollah, « organisation terroriste », qui attend « des ordres de Téhéran pour ouvrir un nouveau front contre Israël ».

Ce que les éléments de langage « équilibrés » prennent en charge, à chaque fois que l’occasion se présente et que le drame des Palestiniens risque de se révéler à une opinion internationale chloroformée.

Ahmed Halfaoui
Publié sur Les Débats