Les rivalités entre Ryad et Doha, les deux principaux soutiens régionaux des détracteurs du régime syrien, n’ont cessé de miner la Coalition de l’opposition depuis sa naissance fin 2012.
Le chef du gouvernement provisoire syrien soutenu par le Qatar a été relevé de ses fonctions mardi sous la pression de l'Arabie saoudite, envenimant les divisions entre les deux parrains de l'opposition de l’étranger.
Les rivalités entre Ryad et Doha, les deux principaux soutiens régionaux des détracteurs du régime syrien, n'ont cessé de miner la Coalition de l'opposition depuis sa naissance fin 2012.
"L'Assemblée générale de la Coalition a relevé le chef du gouvernement provisoire Ahmad Tohmé de ses fonctions à la faveur d'un vote à l'aube", a indiqué à l'AFP Samir Nachar, membre de la Coalition basée à Istanbul.
Soixante-six ont voté en faveur du départ de M. Tohmé, en poste depuis 10 mois, contre 35 pour son maintien.
Le vote s'est déroulé à Istanbul à l'issue d'une réunion tenue dimanche et lundi.
Selon M. Nachar, contacté par téléphone depuis Beyrouth, M. Tohmé a été écarté "pour des raisons politiques mais aussi pour sa gestion" du gouvernement.
Ahmad Tohmé est proche des Frères musulmans de Syrie, confrérie influente au sein de l'opposition et bête noire de l'Arabie saoudite.
Appuyés par le Qatar, "les Frères musulmans dominent le gouvernement (...) et l'Arabie saoudite a laissé entendre à (ses alliés dans l'opposition) qu'il fallait couper les ponts avec la confrérie", selon M. Nachar.
Le nouveau chef de la Coalition, Hadi al-Bahra, élu le 9 juillet, et son prédécesseur, Ahmad Jarba, sont tous deux proches de Ryad.
"La gestion de M. Tohmé était également mauvaise car il tentait d'obtenir du soutien en accordant des postes aux uns et aux autres", selon M. Nachar, précisant qu'entre "10 à 15 personnes ont été 'offerts' des postes de consultants".
L'idée d'un gouvernement de transition, qui a vu le jour en mars 2013, a toujours été une pomme de discorde entre les pro-saoudiens et les pro-qataris.
Ainsi M. Jarba voyait d'un mauvais oeil un chef de gouvernement, estimant qu'il empiétait sur ses prérogatives.
Le 27 juin, M. Tohmé a dissous le Conseil supérieur militaire chapeautant l'Armée syrienne libre (coalition rebelle modérée), avant que cette décision ne soit révoquée par M. Jarba.
La Coalition syrienne est accusée par les militants et les rebelles d'être déconnectée de la réalité sur le terrain, de corruption et surtout d'être inféodée à ses parrains, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar.