"Il n’y aura que des perdants dans une guerre économique avec la Russie"
Après la catastrophe aérienne en Ukraine, les médias, les services de renseignements, l'UE, l'Otan et la plupart des gouvernements occidentaux pointent la Russie du doigt, écrit vendredi 25 juillet le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Cette fin de semaine risque donc d'être très tendue en Europe.
Bruxelles, sous la pression des Etats-Unis, a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie. C'est, semble-t-il, devenu une idée fixe pour le président américain Barack Obama, qui appelle presque tous les jours les dirigeants européens à "châtier" la Russie.
Le Royaume-Uni, la Pologne, la Suède et les pays baltes soutiennent activement la ligne américaine. L'Allemagne, la France, l'Italie qui préside l'UE et d'autres pays adoptent un comportement plus prudent car ils ont des liens économiques développés et favorables avec la Russie, dont dépend leur propre prospérité.
A la surprise générale, on annonçait mercredi soir que la chancelière allemande Angela Merkel avait rejoint les partisans de rapides sanctions économiques contre la Russie, officiellement car Moscou n'aurait "témoigné aucun intérêt pour une enquête complète sur le crash du Boeing malaisien et la stabilisation de la situation en Ukraine". La décision reste étrange car Merkel semblait satisfaite qu'une grande partie de ses propositions, évoquées lors de ses contacts directs avec le président russe Vladimir Poutine, ait été acceptée.
"Il n'y aura que des perdants dans une guerre économique avec la Russie", a déclaré Mario Ohoven, président de la Fédération des moyennes entreprises. D'après lui, un embargo ou toute autre initiative contre la Russie nuirait aux moyennes entreprises allemandes. Selon lui, un exportateur sur quatre serait touché.
Le Comité économique allemand pour l'Europe de l'est, représentant 6 200 entreprises qui travaillent en Russie, a déclaré que ces sanctions rendaient les investisseurs méfiants, poussaient la Russie à tourner le dos à l'Occident et nuisaient à la conjoncture européenne.
Les entrepreneurs allemands avertissent qu'en causant des problèmes à la Russie, les sanctions auraient le même effet pour l'Allemagne. Selon les estimations de la Deutsche Bank, la récession artificiellement provoquée de la Russie pourrait faire perdre à l'Allemagne 0,5% de
croissance - ce qui, vu l'importance de son économie, se refléterait sur l'espace économique européen. "Les sanctions sont un non-sens. Ceux qui les approuvent n'ont pas conscience de toutes les conséquences que cela impliquerait pour l'économie", concluent de nombreux lecteurs de la presse allemande.
Mais les politiciens restent sur leur ligne. Certains ont même suggéré de priver la Russie du droit d'organiser la Coupe du monde de football en 2018. Le représentant du bloc conservateur au Bundestag Michael Fuchs estime que cette démarche pourrait avoir bien plus d'effet sur Moscou que les sanctions économiques. Il a appelé la FIFA à s'interroger s'il fallait confier à la Russie l'organisation du plus important événement de football si "elle n'arrivait pas à assurer la sécurité pour le survol de son territoire". Le député a ajouté qu'on pouvait envisager d'organiser le Mondial 2018 en Allemagne ou en France.