Le président Barack Obama reçoit une cinquantaine de chefs d’Etat africains à Washington.
La lutte contre les groupes armés islamistes sera au cœur du sommet Etats-Unis/Afrique qui s'ouvre lundi, mais la coopération avec les Africains en matière de sécurité a souvent viré au casse-tête pour les Américains.
Contre Boko Haram au Nigeria ou les shebab somaliens, les Etats-Unis ont tenté différentes approches de l'ouest à l'est du continent, avec une préférence au soutien à des forces multinationales africaines plutôt qu'aux armées nationales.
Le président Barack Obama, qui reçoit une cinquantaine de chefs d'Etat africains à Washington, a déclaré que ce sommet inédit serait l'occasion "de parler à l'Afrique des questions de sécurité".
L'objectif, pour lui, est de travailler avec des "partenaires forts" disposant "de forces de sécurité assez efficaces" afin de réduire l'engagement financier des Etats-Unis tout en leur assurant "une sécurité à long terme".
Mais les partenaires ne sont pas toujours aussi solides qu'espéré et pour avoir un impact sur les points chauds du continent, Washington doit coopérer avec certaines des armées les moins fréquentables d'Afrique.
Faites-nous un chèque
Depuis des années les responsables américains répètent qu'ils sont prêts à aider le Nigeria à combattre Boko Haram, dont le soulèvement depuis 2009 a fait des milliers de morts dans le pays le plus peuplé du continent.
Le rapt en avril de plus de 200 lycéennes a focalisé l'attention internationale sur le groupe islamiste, amenant les Etats-Unis à proposer une aide militaire et en matière de renseignement.
Le Nigeria a certes accepté, mais il apparaît loin d'être intéressé par une coopération dans l'opérationnel ou la formation, explique John Campbell, ex-ambassadeur des Etats-Unis dans le pays.
"S'il vous plaît, envoyez-nous du matériel. Et puis faites-nous un chèque", semble avoir été le message aux experts américains qui ont débarqué en mai au Nigeria, pays marqué depuis des décennies par la corruption, raconte à l'AFP M. Campbell, qui travaille aujourd'hui avec le Council on Foreign Relations, un influent "think tank" américain.
En dehors d'une aide marginale à la formation et à la surveillance, il note qu'il n'est "quasiment rien" sorti de cette coopération.
La question, selon lui, est de savoir si l'armée nigériane, vilipendée pour son bilan en matière de droits de l'homme, "veut d'une aide extérieure ou non".
Exemple à suivre ?
A l'autre bout de l'Afrique, les insurgés shebab poursuivent leurs attentats en Somalie et élargissent leur action aux pays voisins, posant des bombes à Kampala en 2010 ou attaquant le centre commercial Westgate à Nairobi l'an dernier.
Sur ce front, l'approche multilatérale a prévalu pour les Etats-Unis qui fournissent une assistance financière, logistique et en matière de renseignement et d'entraînement aux troupes de l'Union africaine (UA) en Somalie, l'Amisom.
C'est sur ce type d'intervention que l'administration américaine voudrait s'appuyer, a déclaré avant le sommet de Washington le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes.
Mais si la mission de l'UA a réussi à chasser les shebab de Mogadiscio et à les empêcher d'y renverser le fragile gouvernement soutenu par les Occidentaux, les forces africaines ont suscité leur lot de critiques.
Des salaires de soldats auraient été empochés par leurs supérieurs et des armes destinées à l'Amisom auraient pu se retrouver entre les mains des shebab.
La force est aussi dominée par l'Ouganda, pays dont les relations avec les Etats-Unis se sont détériorées.
L'armée ougandaise a toujours été étroitement contrôlée par le président Yoweri Museveni et ses fidèles, qui sont accusés de détournement massif de l'aide américaine et d'utiliser les militaires pour réprimer l'opposition politique.
Traque au chef de guerre
Enfin, un petit détachement de forces spéciales américaines est stationné depuis 2011 en Centrafrique pour traquer le chef de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, poursuivi pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale.
Née en Ouganda, cette guérilla, l'une des plus cruelles d'Afrique, a essaimé dans des pays voisins.
Selon la conseillère américaine à la sécurité nationale, Susan Rice, ses exactions ont baissé de 75% depuis l'intervention des Etats-Unis. Même si Kony court toujours, M. Campbell estime qu'on peut y voir un succès: "les déprédations semblent terminées".
Aujourd'hui, les Etats-Unis n'apparaissent pas en tout cas directement menacés par les groupes armés opérant en Afrique.
Mais, avertit Ben Rhodes, Washington "s'inquiète des efforts de groupes terroristes pour prendre pied" dans des régions déliquescentes comme la Somalie, le nord-est du Nigeria ou le nord du Mali.