Ils ont " nos ennemis à l’est, à l’ouest et au sud... et ils sont riches en pétrole ".
Le 25 juillet, la conseillère américaine à la sécurité nationale Susan Rice a proposé dans un message au président de la Chambre des représentants John Boehner d'annuler l'Autorisation d'utiliser la force militaire (AUMF) en Irak. Ce " droit à la guerre " permet au président des Etats-Unis de recourir à l'armée américaine dans un pays concret sans autorisation préalable du Congrès.
Mme Rice qualifie cette Autorisation d'obsolète et écrit notamment : "Depuis le 18 décembre 2011, date du retrait définitif des unités de combat américaines de l'Irak, l'AUMF n'est plus utilisée dans les actions du gouvernement des Etats-Unis et l'administration soutient complètement son annulation. Celle-ci constituerait un grand pas et servirait de garantie au peuple américain que les troupes terrestres ne seront pas envoyées (de nouveau) combattre en Irak ".
La Maison Blanche a proposé " un pas en avant beaucoup plus important " suite à l'approbation au Congrès de la résolution contre l'ingérence militaire de l'Amérique dans le conflit armé dans ce pays. La décision est logique car l'immixtion précédente des Etats-Unis n'a rien apporté de bon à l'Irak.
Il s'est avéré que les succès militaires du groupe Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont été favorisés plutôt par l'activité de l'administration d'occupation des Etats-Unis que par les erreurs politiques du gouvernement irakien en place. C'est cette administration, possédant la totalité du pouvoir en vue d'instaurer un ordre nouveau en Irak, qui a contribué au maintien de l'instabilité et a provoqué en fin de compte une vaste offensive des islamistes.
Le 22 juillet le général à la retraite Jay Garner a confirmé cette thèse dans un entretien au journal Orlando Sentinel.
Nommé à la tête de l'administration américaine provisoire en Irak, Jay Garner a tenté de conserver l'équilibre des forces politiques établi dès à l'époque de Saddam Hussein en désignant à des postes clés des partisans du parti Baas.
Cependant le diplomate Paul Bremer qui lui a succédé a promulgué des décrets interdisant à des milliers de membres du Baas d'occuper des postes de direction et a dissout l'armée irakienne forte d'un demi-million d'hommes.
Il est évident que les succès militaires de l'EIIL ont été assurés par ces milliers de spécialistes militaires qualifiés de l'ancien régime qui avaient rejoint les rangs des islamistes. Outre les offenses et les ambitions personnelles, ils estimaient à l'instar du général Garner que " l'Irak que nous (les USA) avons créé n'était pas un allié des Etats-Unis. Cet Irak était un allié de l'Iran ". Ainsi les Etats-Unis ont créé des prémisses de l'explosion d'un conflit religieux.
Les Etats-Unis ne sont pas disposés à l'étouffer. " Nous devons avoir en Irak un contingent militaire en vue de garantir la sécurité de nos citoyens à l'ambassade et leur évacuation en cas de nécessité ", a déclaré Jay Garner.
Qui va défendre les intérêts des Etats-Unis dans la région ? Selon les propos de M. Garner, ce sont les Kurdes. Selon lui, les Kurdes irakiens sont " démocratiques et pro-américains ". Ils vivent dans l'une des régions du Proche-Orient les plus importantes du point de vue stratégique, ils ont " nos ennemis à l'est, à l'ouest et au sud... et ils sont riches en pétrole ".
L'ennemi à l'est, c'est l'Iran et celui à l'ouest, la Syrie. L'ennemi au sud est évidemment le nouveau " califat " qui doit être combattu, selon les Américains, par les deux premiers ennemis. L'unique allié, ce sont les Kurdes.
Dans la situation actuelle, ils devront combattre les islamistes dans le sud et aider leurs compatriotes en Syrie. Les Etats-Unis s'efforceront évidemment de compliquer leurs relations avec l'Iran peuplé de 5 millions de Kurdes. Que recevront-ils en retour ?
Lors de sa récente visite en Turquie, le chef de l'administration kurde d'Irak du Nord Massoud Barzani a déclaré que dans les mois à venir l'autonomie préparerait et organiserait un référendum sur l'indépendance.
L'indépendance du Kurdistan du Nord n'est soutenue que par Israël tandis que l'attitude du reste de la " communauté mondiale ", Etats-Unis compris, envers de tels référendums, est notoire.
" Je ne pense pas que nous devions participer à une guerre arabo-arabe ou être engagés dans des guerres religieuses ", a déclaré le général Garner. Il n'y a rien d'étonnant à cela car les Etats-Unis préfèrent que les marrons soient tirés du feu par quelqu'un d'autre.
La Voix de la Russie