"Freetown est aussi calme qu’un cimetière"..
"L'essence même de notre nation est en jeu": le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a sonné lundi la mobilisation générale contre le virus Ebola, à l'occasion d'une journée décrétée chômée pour combattre l'épidémie.
Les commerces, bars et restaurants étaient fermés, les marchés et les rues désertes, à l'exception notamment des véhicules du ministère de la Santé, arborant des messages de prévention ou d'hygiène tels que: "Ebola est réel, ne mangez pas de viande de chauve-souris, ni de chauve-souris ou de fruits partiellement mangés par des animaux".
Des policiers en civil interrogeaient les rares passants sur leur destination et les renvoyaient chez eux, selon le correspondant de l'AFP. Les écoles sont en vacances jusqu'à septembre.
"Freetown est aussi calme qu'un cimetière", a déclaré à l'AFP un employé des services de santé, Claudius Williams. "Les gens restent chez eux les portes closes. Il faut frapper sans fin avant qu'ils ne les ouvrent".
Dans une déclaration solennelle, le président de Sierra Leone a affirmé avoir proclamé cette journée chômée car "la famille est la clé dans notre lutte pour combattre le virus Ebola mortel".
"En tant que gouvernement, nous avons réduit certaines activités pour intensifier le combat contre la maladie. Nous demandons à chaque Sierra-Léonais d'intensifier ses efforts dans la lutte contre la maladie", a souligné M. Koroma, qui a décrété le 1er août l'état d'urgence pour 60 à 90 jours.
"Il est absolument nécessaire d'amener ceux qui ont le virus dans les centres de traitement, non seulement pour empêcher que d'autres contractent la maladie, mais aussi pour augmenter leurs chances de survie", a-t-il assuré.
Cette flambée de fièvre hémorragique, qui s'est déclarée au début de l'année en Guinée avant de gagner le Liberia puis la Sierra Leone, avait fait au 30 juillet 826 morts, respectivement 346, 227 et 252, sur 1.440 cas présumés, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dans l'est du pays, aux confins de la Guinée et du Liberia, où se concentre l'épidémie, la situation était calme, selon les médias locaux.
"Les gens signalent les cas et le font volontairement. tout le monde sans exception respecte l'ordre de rester chez soi", a indiqué à l'AFP le directeur d'une radio locale de Kailahun, Foday Sajuma.
Hors de l'épicentre
"La police et l'armée accompagnent les responsables de santé, mais sans menace. Tout le monde semble comprendre la gravité de la situation et coopérer", a-t-il affirmé.
Dans la cité minière de Kenema, autre foyer de l'épidémie, les commerces et les motos-taxis, qui représentent 70 % des transports dans la zone, étaient à l'arrêt.
"Les rues sont désertes. Seuls circulent les véhicules de la santé, de la police et de l'armée", a témoigné un journaliste de la radio nationale, précisant que le principal problème était l'approvisionnement en nourriture pour la population.
Un porte-parole du ministère de la Santé, Sidi Yahya Tunis, s'est félicité qu'aucun nouveau cas n'ait été enregistré depuis plusieurs jours à Kailahun, où les tout premiers avaient été signalés.
"La seule tendance troublante est que les gens se déplacent de l'épicentre vers des secteurs qui n'avaient jamais été touchés avant", a-t-il néanmoins souligné, faisant état de premiers cas dans quatre ou cinq secteurs.
Enfin, des institutions gouvernementales ont annoncé aux usagers que par mesure prophylactique elles "diminuaient la fréquentation des visiteurs" dans la capitale Freetown, ainsi que dans leurs bureaux de plusieurs villes, les invitant à se renseigner au préalable par téléphone.