24-11-2024 01:58 PM Jerusalem Timing

L’armée libanaise progresse à Aarsal, les miliciens tuent des civils

L’armée libanaise progresse à Aarsal, les miliciens tuent des civils

Un groupe d’oulémas ayant tenté une médiation a essuyé des tirs à Aarsal.

Il y a quelques mois, le représentant syrien à l’ONU Bachar Jaafari a présenté devant le conseil de sécurité un document qui confirme la fuite d’éléments terroristes d’al-Qaida vers Aarsal, le village libanais frontalier avec le Qalamoun syrien.

S’en est suivi des propos de l’ancien ministre libanais de la défense Fayez Ghosson qui avait mis en garde contre l’infiltration d’al-Qaida dans les rangs des réfugiés syriens présents à Aarsal.

Fortement contestées par les forces du 14 mars à l’époque, ces deux déclarations ont fini par être confirmées ces derniers jours avec l’offensive des groupes radicaux contre l’armée.

Une attaque bien préparée

Le déclenchement de l’offensive contre l’armée n’a pas été fortuit. L’arrestation d’un dirigeant d’al-nosra, Imad Jomaa, serait le facteur qui a accéléré l’éclatement de la bataille.

Mais le déroulement des combats, le feu nourri et les armes utilisées par les miliciens radicaux, ainsi que leur grand nombre (on avance le chiffre de 2000 terroristes au moins) et la participation de miliciens qui étaient sortis des camps de réfugiés syriens lorsque l’ordre a été donné à l’attaque. Tout ceci confirme que l’offensive contre l’armée libanaise a été préparée depuis bien longtemps.

Abou Taqiyeh ou Cheikh Mostapha Houjeiri (proche des groupes radicaux) a lui-même reconnu hier lundi que les différents groupes et bataillons des milices syriennes participent au combat. Une information qui montre la forte coordination entre ces milices qui s’entretuent à quelques kilomètres  d’Aarsal mais qui combattent ensemble l’armée libanaise.

Les députés de la Fitna

Bien que l’armée libanaise mène la bataille contre le terrorisme pour sauver le Liban du déchirement que connaissent la Syrie et l’Irak voisins, certains députés libanais poursuivent une campagne de haine et de provocation inouïe contre cette armée.

Pourtant l’ancien Premier ministre Saad Hariri a affiché son soutien total à l’action de l’armée. Mais des députés du courant du Futur qu’il dirige, le célèbre trio de la Fitna (division), à savoir Khaled Daher, Mouïn Merhbi et Mohammad Kabbara adoptent un discours totalement contraire.

Accusant l’armée libanaise d’être à la solde du « Hezbollah, du régime syrien et safavide » (les Perses  ou l’Iran : ndlr), ces trois députés n’ont aucun scrupule à provoquer les sunnites du pays, sans aucune prise de conscience des résultats fatales d’une telle politique suicidaire.

Ainsi, les régions de Tripoli ont connu lundi un mouvement de protestation contre l’armée, mené par le recherché Chadi Mawlawi (dont l’arrestation avait provoqué un soulèvement politique et populaire parmi les partisans du Courant du Futur en 2013). Les bannières du front al-Nosra ont été brandies et des slogans contre l’armée libanaise ont été scandés, accusant les soldats libanais d’agresser les habitants d’Aarsal.

Auparavant, les trois députés du Futur avaient tenu un point de presse dans la maison de Daher, qui a mis en garde l’armée de payer cher en cas de poursuite de l’opération militaire.

Merhbi, quant à lui, a accusé le chef de l’armée de « commettre des crimes pour arriver au poste de la présidence de la République » !

Guerre contre les sunnites ?

Les députés du Futur sont donc décidés à défendre les milices radicales quel que soit le prix, même au détriment des habitants d’Aarsal eux-mêmes !
Des milliers de citoyens de ce village ont dû quitter leurs maisons vers les villages voisins. Sachant que la majorité des villages proches d’Aarsal sont habités par des chiites.

Les soldats libanais ont aidé les habitants à fuir Aarsal, leur assurant une route vers le village proche de Labweh.

Mais du côté des miliciens, le départ des familles constitue un coup dur pour eux. En effet, dès les premières heures du déclenchement des hostilités, des groupes terroristes ont pris les civils comme boucliers humains et ouvert le feu sur tous ceux qui tentaient de quitter.

Massacres contre les civils

Des miliciens ont ouvert le feu sur Hassan Hussein Houjeiri, sa femme et ses filles alors qu’ils étaient à bord de leur voiture tentant de fuir les combats. Ils sont tous tombés en martyre.

Des habitants du village  d’Aarsal affirment que « les miliciens parcourent les rues d’Arsal et ouvrent le feu sur quiconque tente de fuir ».
Des sources de l’intérieur du village confirment que les hommes armés ont exécuté lundi après-midi Mohammad Houjeiri, sa femme et leur nourrisson.

Les exactions des groupes armés ont poussé certaines familles à rebrousser chemin par peur d’être visées par le feu des terroristes. Une femme déplacée confie au journal al-Akhbar : « Rien n’est plus sûr dans le village à cause de la forte présence des miliciens qui nous menacent, volent des maisons et pillent les magasins des habitants ».

Violent combats

Juste après l’arrêt du déplacement des familles, l’armée libanaise a frappé les repaires des miliciens dans les maisons entourant la mosquée d’Abou Ismaïl.

Un camion d’essence a pris feu ainsi que des tentes de réfugiés syriens proches de ladite mosquée. Les groupes terroristes ont subi de lourdes pertes affirment des sources militaires libanaises. Ce qui les a poussés à abandonner leurs morts et leurs blessés sur place et de fuir vers l’Est à l’intérieur du village. Certains ont pris position dans le siège de la gendarmerie, alors que l’armée a pris le contrôle d’un axe « d’une grande importance stratégique » allant du quartier Sarj vers le centre de formation professionnelle. 

Les combats ont pris une tournure plus violente encore après l’arrivée des renforts du front al-Nosra aux alentours de la mosquée al-Farouk, suite à l’échec de la trêve vers 18h00. Des affrontements ont eu lieu lundi soir dans la vallée d’Ein Ata. L’armée a eu recours à un hélicoptère pour attaquer les repaires des miliciens.

Le journal al-Akhbar a indiqué que cinq miliciens à bord d’une jeep appartenant aux douanes ont tenté de fuir Aarsal vers Ein Chaab, mais l’armée les a visés, provoquant la mort des cinq terroristes.

Echec de la médiation politique

Le comité des oulémas musulmans a tenté une médiation pour parvenir à l’arrêt des combats. L’armée a posé comme condition préalable la libération des militaires enlevés et le retrait des occupants d’Aarsal.

Mais à peine la délégation des oulémas  a pris la route de retour, des hommes inconnus ont ouvert le feu sur l’ancien président du comité, cheikh Salem Rafeï (il a été légèrement blessé au pied), cheikh Jalal Kalashe (compagnon de Rafeï, il a été touché au cou), Nabil Halabi (légèrement blessé). Ils ont été transportés dans une clinique du village pour se faire soigner.

Des sources sécuritaires officielles ont confirmé que des miliciens armés furent derrière ces tirs, alors que des sources proches de Rafeï ont prétendu que « les tirs proviendraient de la position de l’armée dans l’école professionnelle d’Aarsal ».