Les Aarsalis en ont marre et Riad offre un milliard de dollars à l’armée libanaise
Jusqu’à présent, une cinquantaine de membres des forces de sécurité et de militaires de l’armée libanaise se trouvent encore séquestrés entre les mains des miliciens takfiris qui occupent la localité de Aarsale, à l’est du Liban, à la frontière avec la Syrie.
Dans la journée de ce mercredi, 3 éléments des forces de sécurité ont été libérés, grâce à la médiation d’une instance de religieux tripolitains, «l’Instance des Oulémas musulmans » (IOM). Celle-ci comprend des religieux proches de la mouvance des salafistes takfiris qui ont proposé leur médiation sans que personne ne le leur demande. Soutenant corps et âme les insurgés et les miliciens en Syrie, ils sont soupçonnés de vouloir prêter main forte aux miliciens retranchés à Aarsale.
Ils ont tenté en échange de la libération des trois éléments de FSI de faire entrer un convoi d’aides alimentaires dans cette localité, et ne cessent de propager que ses habitants sont pris en otage et ne peuvent en sortir.
Mais les habitants de la localité voisine de Laboué, -passage obligatoire vers Aarsale- dont certains fils font partie des soldats enlevés, les en ont empêchés. Lorsque l’armée est intervenue, elle a interdit au convoi d’entrer à Ersale et insisté sur la libération de ses soldats.
Les miliciens doivent partir
Selon le journal libanais as-safir, la libération des trois éléments des FSI intervient dans le cadre d’un accord qui stipule également que l’armée publie un communiqué dans lequel elle s’engage à ne pas s’en prendre aux civils libanais et syriens, elle observe un cessez-le-feu de 24 heures au moment où débute le retrait des miliciens à partir d’aujourd’hui et jusqu’à demain.
L’armée exige que tous les miliciens se retirent entièrement de Aarsale et reviennent en Syrie.
Dans la nuit de mardi à mercredi, il a été question d’affrontements entre ceux qui voulaient se retirer et d’autres qui refusaient de le faire, notamment entre les deux frères ennemis d’Al-Qaïda, le front al-Nosra et l’Etat Islamique (Daech).
"La majorité des hommes armés ont quitté la ville mais je vois encore de ma maison un poste de contrôle avec une vingtaine d'hommes armés. Les gens craignent que s'il n'y a pas d'accord aujourd'hui, il y aura une grande bataille à partir de jeudi", a affirmé à l'AFP un responsable de la ville joint par téléphone.
Ces assertions sont démenties par les images prises pour la chaine de télévision libanaise New TV dans la localité, dont les rues sont envahies par les miliciens.
L’AFP rapporte aussi le témoignage du moukhtar (agent municipal) Hassan Atrache, selon lequel "les (jihadistes) du Front al-Nosra ont quitté la ville mais ceux de l'Etat islamique sont toujours présents".
Parmi ceux qui sont sortis, Certains ont volé toutes voitures 4*4 qu’ils ont trouvés sur leur chemin, souligne le site d’informations libanais alkahar-press.
Ce matin, les miliciens ont de nouveau bombardé les positions de l’armée, dont celle de Wadi Atta et les affrontements ont repris de plus bel sur tous les fronts de cette localité.
Selon le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), 38 personnes ont été tuées et 268 ont été blessées dans les combats dans cette ville.
Le ras-de-bol des Aarsalis
Le nombre des habitants de Aarsale qui voudraient en finir avec les miliciens et les réfugiés syriens qui les soutiennent en même temps ne cesse d’augmenter.
« Nous ne voulons pas seulement sortir les miliciens armés de Aarsale et de son terroir, mais aussi tous les réfugiés armés qui les accompagnent et qui les soutiennent directement et indirectement », a dit pour le journal assafir un moukhtar de cette localité, visiblement agacé par l’invasion de sa localité par près de 150 milles syriens, civils et miliciens confondus, alors que les Aarsalis ne dépassent pas les 40 mille. « Sinon nous saurons comment protéger notre village », a-t-il averti, au cas où l’armée libanaise ne parvient pas à ramener l’ordre.
Ayant été accueillis dans un mouvement de solidarité pompeux, attisé par des considérations aussi confessionnelles que politiques, les réfugiés syriens ont été suivis par des miliciens armés jusqu’aux dents. Il semble qu’ils en sont arrivés à devenir les maitres de cette localité et à concurrencer les Libanais dans toutes leurs activités. Leurs pouvoir étaint tels que toutes les voix de ceux qui craignaient les débordements et conseillaient d’interdire les exactions étaient directement muselées.
« Aujourd’hui, il y a un changement de position. Ceux qui étaient les plus acharnés à soutenir les Syriens adoptent une position extrême qui refusent la présence d’aucun réfugié, surtout les hommes, depuis qu’ils ont assailli Aarsale », raconte un de ses habitants pour le journal as-Safir.
« Aarsale est devenue une ville de fantômes, cette ville pauvre est désormais le chef-lieu des miliciens qui jonchent ses rues, avec tous leurs équipements : des anti aériens 23 et 14,5 , de l’artillerie , des lanceurs de missiles, avec lesquels ils pilonnent les positions de l’armée, en se postant près de camps des réfugiés et du lycée de la localité et qui sert également d’abris pour les réfugiés », poursuit l'agent municipal.
Selon l'armée, 17 soldats libanais et des dizaines de jihadistes sunnites ont été tués depuis dans les combats, et 86 militaires ont été blessés.
Le nouveau milliard saoudien, verbal ??
Sur fond de cette crise, l’Arabie saoudite s’est de nouveau manifestée dans la politique libanaise. Avec ses pétrodollars.
Par la voix de son homme de main, le chef du courant du Futur Saad Hariri, elle a dit vouloir offrir une aide à l’armée libanaise d’un montant d’un milliard de dollars.
« Cette somme sera dépensée sur l’armée, les forces de sécurité et les services sécuritaires libanais pour lutter contre le terrorisme, vu la situation difficile que traverse le Liban », a-t-il dit dans une conférence de presse ce mercredi à Jeddah.
Selon le compte Tweeter Moujtahid, connu pour ses révélations sur la situation interne saoudienne, la décision de Riad a été prise en collaboration avec Téhéran dans le but d’assiéger le terrorisme et que « le roi est particulièrement enthousiasmé par cette question ».
C’est la deuxième aide annoncée à l’armée libanaise par Riad dans le courant de ces derniers mois. Verbalement du moins. Sachant que la première du montant de trois milliards de dollars et qui devaient être converties en armes françaises n’est jamais parvenue au Liban en raison des réticences de Paris, sous la houlette des considérations de Tel Aviv. Selon l’AFP, les discussions se sont enlisées sur l'établissement de la liste de matériel.
L'armée veut des armes
Mardi, le Liban avait fait part de son mécontentement devant le retard pris par la France dans les livraisons d'armes. Le ministre libanais des Affaires Etrangères, Gebrane Bassil, est revenu à la charge mercredi: "Nous avons besoin d'une aide immédiate car nous sommes engagés dans la bataille".
Dans son dernier numéro, le journal libanais proche du 14 mars, an-Nahar avait publié qu’une première cargaison d’armes a été acheminée à l’armée libanaise et qu’elle sera suivie d’une autre française.
Mais l’information a été littéralement démentie par une source de l’armée libanaise pour le site d’information libanais elneschra.
Tripoli compatit avec Aarsale
Dans le prolongement des évènements de Aarsale, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer à Tripoli, surtout que certains des dirigeants de cette ville ne cessent de vociférer contre l’armée libanaise.
Ce mercredi, des inconnus ont jeté une bombe sur une patrouille de l’armée libanaise à proximité du camp Baddaoui sana faire de victime.
Dans la soirée, une explosion a eu lieu sous le pont al-Khnak blessant 10 personnes, dont deux grièvement. Selon des sources sécuritaires citées par elneshra, celui qui voulait déposer l’engin explosif au passage d’une patrouille aurait été tué dans l’explosion.( voir photo à gauche)