La date de l’élection d’une Assemblée constituante n’a toujours pas été officiellement fixée
Le président du mouvement islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, n'a pas exclu lundi l'existence d'un "complot" visant à empêcher les Tunisiens d'élire une Assemblée constituante, alors que la date du premier scrutin post-Ben Ali n'a toujours pas été officiellement fixée.
"Nous n'excluons pas l'existence d'un complot visant à empêcher les Tunisiens d'aller aux urnes", a-t-il déclaré lors d'un meeting à Tunis à l'occasion du 30ème anniversaire de son mouvement.
Ennahda (Renaissance), crédité par les experts d'un score d'au moins 20% aux prochaines élections, insiste sur le maintien de la date initiale du 24 juillet, alors que la commission électorale a proposé un report au 16 octobre, pour avoir le temps d'organiser un vote crédible et transparent.
"Le report de la date des élections d'une manière unilatérale représente un retour à la politique de tutelle et d'oppression", a dénoncé M. Ghannouchi, en réclamant un scrutin rapide au nom de la stabilité du pays, dépourvu d'institutions légitimes depuis près de cinq mois.
"Nous nous demandons sérieusement si ceux qui ont décidé de changer la date initiale des élections ne vont pas ensuite revenir sur leur propre décision", a-t-il dit, mettant en doute la volonté des autorités de faire aboutir ce scrutin.
Il a également averti que certains partis politiques évoquaient désormais la possibilité de se passer de l'élection d'une Assemblée constituante.
"Nous entendons de plus en plus parler de l'idée d'exclure l'élection d'une Assemblée constituante, et nous n'excluons pas que d'autres scénarios alternatifs poussent à abandonner les prochaines élections", a-t-il assuré.
Certains experts et partis politiques tunisiens suggèrent désormais d'organiser directement une élection présidentielle ou de soumettre des projets de Constitution à un référendum, au lieu d'élire une Constituante.
Après un demi-siècle de quasi parti unique sous Habib Bourguiba et Ben Ali et la dissolution de l'omnipotent Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), la Tunisie est passée brutalement d'un système de parti-Etat au pluralisme, avec 81 partis politiques autorisés, dont 6 sont le produit de scissions du RCD de Ben Ali.