Il ne faut pas se contenter de lire ses messages directs.
Après une absence de trois an, l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri et chef du courant du Futur est arrivé ce vendredi au Liban.
Fais surprenant : il est arrivé en catimini, par surprise, sans avoir prévenu au préalable. La raison sécuritaire devrait être mise de l’avant.
Fait significatif : sa première destination a été le siège du gouvernement libanais au Sérail. C’est là qu’il a fait son apparition, retransmise par les télévisions locales. Le premier homme qu’il a rencontré a été l'actuel chef du gouvernement Tammam Salam.
Le message qui transpire : œuvrer pour le règlement de la crise politique au pays du Cèdre, qui en est à son 76eme jour sans chef d’Etat.
Avant son arrivée, il avait fait une apparition télévisée mercredi dernier à partir de Jeddah, en Arabie saoudienne, pour annoncer une aide du roi Abdallah à l’armée libanaise du montant d’un milliard de dollars. Juste au moment où l’armée livrait bataille aux terroristes takfiris venus de Syrie et qui s’étaient emparé de la localité de Aarsale à l’est du Liban.
« Mon retour au Liban intervient après le don saoudien a l’armée et que nous voir comment l’exécuter », a-t-il dans une discussion avec les journalistes. Selon lui, l'armée libanaise est « une ligne rouge » à ne pas franchir.
De quoi corroborer la signification du règlement de la crise politique au Liban.
Durant son absence, son parti s’est presque éclaté en raison des positions contradictoires de ses différents dirigeants dont entre aute sur la position à prendre de l’armée libanaise.
Ses députés de Tripoli qui véhiculent un discours haineusement communautaire s’attellent à la diaboliser sous prétexte qu’elle adhère aux positions du Hezbollah. Ce discours est même proche de celui des salafistes takfiris, contre lesquels le parti du Futur perd aussi du terrain.
Justement, dans son discours de Jeddah, Hariri en a profité pour critiquer le Hezbollah lui incombant la responsabilité de l’invasion de Aarsale par les miliciens jihadistes takfiris.
Depuis son départ, le Courant du Futur mène une campagne enragée médiatique et politique contre le parti de la résistance libanaise lui imputant tous les maux de la région. Cette campagne se poursuit depuis qu’il a échoué dans ses tentatives de le désarmer, après la victoire de la résistance contre Israël, en 2006.
Hariri a quitté le Liban depuis trois ans, au lendemain de la chute de son gouvernement au motif que sa vie était en danger. Au moment même éclatait la crise syrienne dans laquelle son mouvement a affiché un soutien sans faille aux rebelles hostiles au pouvoir de Bachar al-Assad. A cette époque, il misait sur la chute imminente du président syrien à tel point qu’il disait qu’il ne rentrerait à Beyrouth qu’en empruntant l’aéroport de Damas.
Depuis, le président syrien tient bon et le courant du futur s’attelle à avertir que le Liban ne tardera pas à être le théâtre d’un débordement de la crise syrienne et accusant sans cesse le Hezbollah de l’avoir provoqué en participant aux combats en Syrie.
Or, au Liban, de moins en moins de Libanais, communautés confondues adhèrent à cette thèse. Dont ses propres alliés: à leur tête, le chef du parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt.
Celui-ci s’est fait remarquer ces derniers jours par deux visites inopinées : pour le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah, pour la première fois depuis deux ans, puis auprès du chef du courant patriotique libre et candidat à la présidentielle, Michel Aoun. Pourtant son farouche rival.
Dans les deux rencontres, le sujet de la milice jihadiste takfirie de l’Etat Islamique était au menu.
A leur issue, Joumblatt a tenu à rendre hommage à la clairvoyance du Hezbollah qui a mené une sorte de guerre préventive contre les miliciens takfiris en Syrie.
Depuis que l’EI a entamé l’expulsion des chrétiens de Mossoul et la destruction de leurs lieux de culte, après celle des turcomans chiites et des Yazdites, le taux d’appréhension monte au sein des minorités de la région et du Liban en particulier. Pour faire face aux menaces qui les guettent, les communautés minoritaires semblent se soudoyer. Chose que d'aucuns ne voient pas d'un bon oeil!! Le retour de Hariri pourrait y être pour quelque chose.
Et comme les grandes apparitions de Hariri manquent rarement d'humour, celle de Jeddah n'a pas fait exception.
Evoquant les trois forces d'intervention de l'armée libanaise qui sont passées en action à Aarsale, il s'est balbutié sur l'appellation de l'une d'entre elles, (moujawkal) en inversant ses syllables, (moujawlak) et a oublié le nom de la troisième.
Cette séquence est reprise sur les réseaux sociaux. Non sans ricanerie.