Le Hamas maintient ses alliances avec l’Iran et le Hezbollah. Pour Mechaal, "Netanyahu tente d’atteindre par la négociation ce qu’il n’a pas réussi à réaliser sur le plan militaire".
Le chef du Hamas Khaled Mechaal est resté inébranlable sur les demandes de la résistance palestinienne pour conclure une trêve durable avec "Israël" dans la bande de Gaza, notamment pour la levée du blocus de l'enclave, dans une interview exclusive à l'AFP.
Le cessez-le-feu de 72 heures, conclu dimanche avec "Israël", "est l'un des moyens ou des tactiques destinés à faire réussir les négociations ou acheminer l'aide humanitaire", a affirmé M. Mechaal.
"L'objectif auquel on tient est que les demandes palestiniennes soient satisfaites et que la bande de Gaza vive sans blocus", a-t-il ajouté.
"Cet objectif, nous y tenons et en cas d'atermoiement d'Israël et de poursuite de l'agression, le Hamas et les autres factions palestiniennes sont prêts à résister sur le terrain et sur le plan politique et (...) faire face à toutes les éventualités", a-t-il poursuivi.
M. Mechaal, dirigeant du Hamas en exil basé au Qatar, a répondu aux questions de l'AFP pendant une heure dans sa résidence de Doha, qui était entourée de strictes mesures de sécurité.
Des demandes pas fantaisistes
M. Mechaal n'a cessé de répéter que la levée du blocus qui asphyxie l'enclave depuis 2006 n'avait rien de "fantaisiste".
"Ce n'est pas une demande fantaisiste car il est du droit du peuple palestinien de vivre sans blocus, un blocus qui l'affame et lui interdit de quitter Gaza. La bande de Gaza doit être ouverte pour permettre à deux millions de Palestiniens de voyager, d'aller se faire soigner ou d'étudier à l'étranger comme tous les peuples du monde".
"L'une des conséquences de cette guerre est que la question de l'ouverture des terminaux a été placée sur les agendas régionaux et internationaux", a-t-il dit.
Outre la levée du blocus, le Hamas demande notamment la réouverture de l'aéroport et le lancement des travaux d'un port dans l'enclave palestinienne.
Concernant les pertes humaines subies par les Palestiniens --près de 2.000 martyrs, en majorité des civils, notamment plus de 400 enfants-- M. Mechaal a estimé qu'"aucun peuple ne s'est débarrassé de l'occupation sans en payer le prix".
"1,5 million d'Algériens et 3,5 millions de Vietnamiens ont perdu la vie pendant les guerres coloniales", a-t-il indiqué.
Netanyahu a perdu la guerre
Pour M. Mechaal, l'autre conséquence de la guerre est que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a "subi une défaite sur le plan militaire".
"Netanyahu tente de faire de la surenchère après avoir perdu sur le plan militaire", a-t-il affirmé.
"Il se débat dans une crise intérieure et tente d'atteindre par la négociation ce qu'il n'a pas réussi à réaliser sur le plan militaire", a dit le chef du Hamas.
Selon lui, le Premier ministre israélien a été "surpris par la force de la résistance palestinienne", en référence aux 64 soldats israéliens qui ont été tués depuis le 8 juillet.
"Les manifestations à travers le monde et la colère contre les crimes d'Israël ont contraint Netanyahu à retirer son armée de la bande de Gaza", a encore affirmé le chef du Hamas.
"Netanyahu fait face à son opinion qui estime que l'opération armée n'a pas abouti et qu'elle n'a pas permis d'apporter la sécurité aux Israéliens et il fait face à des pressions internationales pour mettre fin à la guerre".
A la question de savoir si le Hamas était prêt à négocier la paix avec « Israël », M. Mechaal a répondu qu'il n'était pas "illicite du point de vue de l'islam de parler à son ennemi (...) mais la négociation suppose qu'il soit enclin à la paix, ce qui n'est pas le cas d'Israël".
Le Hamas garde ses alliances
Concernant les liens du Hamas avec ses alliés traditionnels que sont l'Iran et le Hezbollah, M. Mechaal, a indiqué que les contacts avec ces deux parties, ennemis farouches d' « Israël », n'ont jamais cessé.
"Il y a eu des contacts avec l'Iran avant et après la guerre et il n'y a pas de rupture entre nous et le Hezbollah. Il y a eu ces dernières années quelques différences notamment sur le dossier syrien mais les liens se sont maintenus", a-t-il déclaré.
"Ce qui nous unit, c'est notre combat commun contre l'occupation israélienne", a souligné le chef du Hamas, en affirmant que son mouvement "n'a plus de contact avec le pouvoir syrien", où il était basé avant le début du conflit syrien.
Il a en outre rendu un hommage appuyé au Qatar qui l'accueille depuis son départ de Syrie en 2012.
"Le rôle du Qatar est important et exceptionnel", a-t-il déclaré, en estimant que sa présence à Doha n'était pas "un fardeau pour le Qatar" du moment que le Hamas n'intervient pas dans les affaires d'autrui.
Enfin M. Mechaal a indiqué que la réconciliation palestinienne n'avait pas encore été achevée mais qu'elle avançait "pas à pas".
Avec AFP