5000 combattants turcs sont dans les rangs de l’EIIL, et plus de 3 millions de Turcs soutiennent à fond le projet de l’EI!
La victoire électorale du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne fut pas surprenante. Tous les sondages effectués avant la tenue de la présidentielle prévoyaient une victoire à 57% des voix.
Mais la surprise fut que le candidat des kurdes Salahedine Demertache a reçu plus de 9% des voix des électeurs. Ceci signifie qu’il a été élu par des non kurdes et par des Turcs vivant hors de la région Sud Est de l’Anatolie, et hors du Kurdistan turc.
Ce fait imposera à Erdogan d‘aborder avec plus de réalisme le problème kurde, et de prêter plus d’attention au soutien public accru à la voie d’Abdullah Ogellan, chef emblématique des révolutionnaires kurdes.
Ces élections ont montré également que le Kurdistan turc n’a pas permis au parti « Justice et développement » (parti d’Erdogan : ndlr ) d’accroitre sa popularité dans les régions kurdes. Il n’a récolté que le quart des voix, et ceci constitue une défaite au parti conservateur et à son allié kurde en Irak Massoud Barzani, eux qui ne se sont pas mobilisés contre les terroristes de l’Etat islamique que lorsqu’ils sont arrivés aux abords d’Erbil (Irak).
Projet d’Erdogan: vers plus de despotisme
Une fois élu, Erdogan entamera l’exécution d’une série de projets, avec à leur tête : le passage à un système présidentiel. Certes, ce dirigeant autoritaire ne peut en aucun cas accepter d’être un président de forme ou d’être accablé au niveau de l’action et de prérogatives.
Sachant aussi que tout candidat à la présidence du gouvernement ou du parti ne sera qu’un subordonné qui exécutera les ordres du nouveau président. Ainsi, la Turquie d’aujourd’hui entame une nouvelle période : la dictature d’une seule personne.
En effet, le passage à un régime présidentiel vise à réaliser les aspirations d’Erdogan à la domination, et à empêcher l’effondrement du parti « justice et égalité » après son départ.
Maintenir le régime parlementaire actuel empêche de chef de l’Etat d’intervenir dans les affaires du parti et ouvre la voie à l’affaiblissement de la structure du parti Justice et développement en l’absence d’une personnalité influente et consensuelle.
Le passage au régime présidentiel assure le retour d’Erdogan à la tête de son parti tout en restant chef de l’Etat. Donc, il préservera son parti de la division et de la dislocation.
Politique confessionnelle
Alors que le discours de la victoire électorale d’Erdogan insistait sur l’égalité entre les différentes communautés du pays, les observateurs confirment que le scrutin a été entaché de plusieurs incidents confessionnels. On en cite : la nette distinction entre les sunnites et alaouites, son attaque virulente contre les chiites il y a quelques mois, les tentatives de semer la discorde dans les rangs des kurdes. Il a par ailleurs porté atteinte aux ethnies arménienne et géorgienne considérant que la « pire des choses est d’être arménien ou géorgien ».
De plus, les services sécuritaires officiels ont mené une large campagne d’arrestation contre les opposants, surtout les partisans de Fathallah Gulen, alors que l’affaire de corruption bouleverse Erdogan et son parti. Pourtant, personne n’a encore comparu devant la justice qui va apparemment acquitter tous les accusés, sous prétexte que le musulman ne vole et ne tue pas !
Quelques heures au début des élections, Erdogan s’attaquait aux journalistes, et poussait le rédacteur en chef du journal Hurriyet à la démission. Un autre journaliste de renommée, Mohammad Branso, a été détenu et ensuite libéré.
Le discours d’Erdogan n’a donné aucun espoir de changement sérieux qui répond aux revendications des kurdes et des alaouites, et qui réhabilite les institutions, les libertés et la démocratie. Les observateurs s’attendent à une Turquie moins laïque, moins démocratique et plus religieuse et ethnique. Ce qui ouvre la voie à des troubles sociaux et politiques divers.
Aucun changement dans la politique étrangère
Toujours au sujet du discours sur la politique étrangère, le discours d’Erdogan a repris les mêmes idées propagandistes et le même marchandage envers la cause palestinienne.
Il s’est dit prêt à soigner les blessés palestiniens en Turquie, tout comme il le fait avec les blessés des miliciens de l’Etat islamique dans tous les hôpitaux turcs. Les images de ces blessés sont documentées par les médias et les sites de socialisation.
Erdogan et l’EIIL: lien organique
Le nouveau président turc n’a jamais traité l’EIIL (Etat islamique) d’organisation terroriste. Selon des chiffres de renseignements, il existe 5000 combattants turcs dans les rangs de l’EI, et plus de 3 millions de Turcs soutiennent à fond le projet de l’EI ou Daesh !
Ce même Erdogan s’est fermement opposé à toute frappe contre l’EIIL après son invasion de l’Irak, lorsque les Américains ont affiché leur intention de le faire.
Pourtant il était l’un des fervents défenseurs d’une frappe contre la Syrie en septembre dernier !
Sachant que la relation d’Erdogan avec l’EIIL est organique. Selon le journaliste expert dans les affaires turques Mohammad Nouredine s’exprimant dans une interview à la chaine de télévision almanar, tous les documents confirment le lien entre la Turquie et Daesh (EIIL: ndlr).
Les kurdes ont maintes fois présenté aux diplomates occidentaux en Turquie des documents sur l’implication turque dans le soutien de l’EI. Et le journaliste de citer entre autre les soins offerts aux blessés de l’EI, et les armes livrées à cette organisation.
A ce sujet, le journaliste écrivain au journal assafir cite l’exemple des camions des renseignements turcs qui ont franchi les frontières syriennes sans qu’ils ne soient fouillés. Le procureur général d’Adana a confirmé que ces camions transportaient des obus et des roquettes appartenant à Fathullah Gulen. Ces camions été envoyés sous prétexte d’acheminer des aides humanitaires aux turkmènes en Syrie, mais personne n’a reçu de ces aides.
En effet, « l’EIIL est une carte toujours efficace utilisée par la Turquie afin de renverser le régime en Syrie, mais aussi un facteur de pression sur les irakiens », ajoute-t-il.
Et de se demander pourquoi l’EIIL a détruit des mosquées, des mausolées, des tombes et des églises, tout en laissant la tombe de Suleiman Chah, grand-père du fondateur de la Turquie et qui se trouve dans les territoires syriens ?
L’accession d’Erdogan au pouvoir renforcera sa mainmise sur les centres de décision loin des protestations de l’opposition. Ce qui signifie la poursuite de la politique de l’alignement et de l’implication dans les affaires de la région. Lui qui a traité le président égyptien de tyran, et qui a rompu ses liens avec l’Arabie Saoudite, les Emirats, la Syrie et l’Irak.
Bien qu’il ait maintenu ses liens avec Israël malgré les milliers de martyrs et de blessés à Gaza, le discours hostile tenu en public accroit l’isolement d’Erdogan. L’Occident est donc obligé de traiter avec lui pour des nécessités stratégiques. Mais ceci ne signifie pas que les relations avec l’Occident vont s’améliorer. Au contraire, nous assisterions à un recul accru du statut de la Turquie sur le plan du respect turc des mesures européennes.
Traduit du site assafir