L’UE à la recherche d’un accord pour doper les fournitures d’armes aux Kurdes.
Le Premier ministre irakien sortant Nouri al-Maliki a annoncé jeudi qu'il abandonnait le pouvoir trois jours après la désignation de son successeur.
"J'annonce devant vous aujourd'hui (...) le retrait de ma candidature au profit du frère Haïdar al-Abadi", a déclaré M. Maliki, dans une allocution retransmise à la télévision où il est apparu aux côtés de son successeur désigné.
Peu auparavant, le porte-parole de M. Maliki avait annoncé que le Premier ministre sortant va retirer sa plainte contre le président (de la République Fouad Massoum, ndlr) et va soutenir le Premier ministre désigné".
Le président irakien Fouad Massoum avait chargé lundi M. Abadi, un membre du parti Dawa de M. Maliki, de former un nouveau gouvernement. Mais M. Maliki, qui ne cachait pas sa volonté de briguer un troisième mandat, avait qualifié cette décision de violation de la Constitution.
A charge désormais pour M. Abadi, qui a obtenu un soutien international massif, de former un gouvernement d'union qui aura la lourde tâche de sortir le pays de sa plus grave crise depuis des années.
Des centaines de milliers de personnes (chiites, chrétiens, Yazidis) ont été jetées sur les routes par l'offensive fulgurante lancée le 9 juin par les takfiristes de l'EI ou Daech, qui s'est emparé de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad.
L'UE à la recherche d'un accord pour doper les fournitures d'armes aux Kurdes
Entre-temps, les ministres des Affaires Etrangères de l'UE vont tenter vendredi de s'accorder pour intensifier les livraisons d'armes aux combattants kurdes.
Si la décision de livrer des armes revient à chaque Etat membre, l'enjeu est que le Conseil, qui représente les 28, se prononce "en tant que tel pour supporter cet effort et montrer son soutien aux Kurdes et au gouvernement à Bagdad", a souligné un haut responsable de l'UE.
Au pic de la trêve estivale, la réunion, prévue à partir de 10H00 GMT doit rassembler une vingtaine de ministres.
Un accord pour encourager l'armement des forces kurdes et du gouvernement irakien marquerait la volonté des 28 de renverser le rapport de force en Irak, alors que comme les Américains, ils ne souhaitent pas s'engager sur le terrain face aux takfiristes.
Cet aval est notamment réclamé par la France, dont le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a annoncé qu'elle allait livrer des "armes sophistiquées" aux Kurdes d'Irak, jugés les seuls aptes à renverser le rapport de forces face à l'EI.
L'Italie, qui assure la présidence tournante de l'UE, s'est rangée à ses côtés, prônant "un soutien y compris militaire" aux forces kurdes.
Londres a également annoncé jeudi soir que la Grande-Bretagne envisagerait "favorablement" la possibilité d'armer les forces kurdes si la demande lui en était faite.
Tenu par une législation interdisant les ventes d'armes à destination des zones de conflit, Berlin s'en tient pour sa part à la fourniture de moyens militaires non létaux aux autorités régionales kurdes, tels que matériel médical, équipements de vision nocturne, ou véhicules utilitaires tout-terrain.
Mobiliser la région
Les ministres plancheront aussi sur les moyens d'impliquer tous les pays de la région, de l'Arabie saoudite à l'Iran, dans la lutte contre l'EI.
"Il est important que tous montent à bord", car "il ne s'agit pas seulement de réussir à stopper l'offensive de l'EI, mais de la repousser", souligne-t-on dans les services diplomatiques européens. Un défi de taille alors que les takfiristes "essaient de créer leur propre Etat" dans un pays dont ils contrôlent déjà un tiers du territoire.