Et la Hongrie se démarque : L’UE "se tire une balle dans le pied" en sanctionnant la Russie
23 véhicules russes blindés de transports de troupes, des camions à essence et d'autres véhicules logistiques portant des immatriculations militaires russes avaient traversé la frontière avec l'Ukraine, dans la nuit de jeudi à vendredi, ont rapporté des journalistes sur place des quotidiens britanniques Guardian et Telegraph, selon l'AFP.
Selon le site francophone russe La Voix de la Russie, cette information sur le franchissement de la frontière de l'Ukraine par les militaires russes n'est pas vraie, citant le service des gardes-frontières du FSB de la Fédération de Russie.
Mais aucune position officielle n'a encore émané de Moscou.
Pour sa part, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a confirmé l'information, qualifiant cet acte d'"incursion" mais pas d'invasion.
"Je peux confirmer que la nuit dernière (de jeudi à vendredi, ndlr) nous avons vu une incursion, une traversée par les Russes de la frontière ukrainienne", a affirmé le responsable danois lors d'une conférence de presse à Copenhague.
Interrogé pour savoir s'il s'agissait d'une "invasion", il a répondu: "cela confirme simplement le fait que l'on voit un flot continu d'armes et de combattants depuis la Russie dans l'Est de l'Ukraine. C'est une démonstration claire de l'implication continue de la Russie dans la déstabilisation de l'Est de l'Ukraine".
L'alliance transatlantique avait été informée que le gouvernement de Kiev avait donné son accord à Moscou pour l'entrée en Ukraine d'aide venue de Russie.
"Si c'est le cas (...) je n'y vois aucun problème. Mais bien sûr, si cela se déroule contre la volonté du gouvernement ukrainien, c'est une invasion illégale du territoire de l'Ukraine", a considéré M. Rasmussen.
Les autorités ukrainiennes avaient confirmé vendredi des informations de médias britanniques sur l'entrée d'un petit nombre de blindés russes en Ukraine, non loin de l'endroit où était stationné un convoi d'aide russe, près de la ville de Kamensk-Chakhtinski.
Des douaniers et gardes-frontières ukrainiens se tenaient prêts vendredi à inspecter le convoi humanitaire russe, stationné à une trentaine de kilomètres de la frontière.
Ce mouvement a été observé depuis le poste frontière russe de Donetsk, qui débouche sur le poste-frontière ukrainien Izavariné.
C'est par le poste-frontière de Donetsk (éponyme de la principale ville de l'est ukrainien aux mains des insurgés prorusses) que doit passer un convoi humanitaire russe controversé à destination des populations de l'est de l'Ukraine victimes de combats.
Des journalistes de l'AFP ont observé pour leur part vendredi matin du côté russe une colonne d'une dizaine de transports de troupes blindés russes empruntant la route vers le poste-frontière russe de Donetsk.
Les autorités ukrainiennes ont déjà fait dans le passé état d'incursions de colonnes militaires russes dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, depuis des postes-frontières contrôlés par les rebelles.
L'UE s'alarme
En même temps, plusieurs ministres européns des Affaires Etrangères, réunis vendredi à Bruxelles, ont mis en garde la Russie contre toute incursion militaire en Ukraine.
"Je suis alarmé par les informations" sur une entrée de blindés russes en territoire ukrainien, "s'il y a des véhicules ou du personnel militaires russes en Ukraine ils doivent être retirés immédiatement ou les conséquences seront très sérieuses", a déclaré le ministre britannique des Affaires Etrangères, Philip Hammond.
"C'est une situation potentiellement très dangereuse", a ajouté M. Hammond.
"Il s'agit d'une violation majeure" du droit international, a pour sa part lancé son homologue suédois, Carl Bildt.
Le ministre danois, Martin Lidegaard, s'est également dit "profondément inquiet de l'attitude russe ces derniers mois mais aussi ces dernières heures".
"Les autorités russes doivent avoir conscience que tant dans l'UE qu'aux Etats-Unis, nous sommes très engagés à répondre à toute agression de la Russie", a-t-il ajouté.
Les ministres sont vendredi à Bruxelles pour une réunion d'urgence afin de manifester le soutien européen aux Irakiens combattant l'Etat islamique et aussi faire le point sur la crise en Ukraine.
La Hongrie se démarque
POur sa part, la Hongrie se démarque surtout sur la question des sanctions commerciales de l'Union européenne contre la Russie
Les sanctions infligées à Moscou pour son rôle dans la crise ukrainienne "nous atteignent plus que les Russes", a asséné le Premier ministre hongrois Viktor Orban dans une interview vendredi à la radio publique.
"En politique, c'est ce qu'on appelle se tirer une balle dans le pied", a martelé le dirigeant conservateur populiste.
La Commission européenne prendra la semaine prochaine de nouvelles mesures exceptionnelles pour soutenir les maraîchers de l'UE, touchés par l'embargo russe frappant les produits agroalimentaires occidentaux.
L'agriculture hongroise ne figure pas parmi les plus affectées par l'embargo, que Moscou a décidé en rétorsion aux sanctions européennes et américaines à son encontre. Mais la Russie est le premier partenaire commercial hors-UE de la Hongrie. Moscou doit aussi financer par un prêt de 10 milliards d'euros la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires en Hongrie, un ex-satellite de l'URSS entré dans l'UE en 2004.
M. Orban a affirmé vendredi qu'il rechercherait des soutiens en Europe en vue de convaincre Bruxelles de réviser sa politique de sanctions, et a demandé la tenue d'un sommet européen.
A la demande de plusieurs pays, la présidence italienne de l'UE a déjà convoqué pour le 8 septembre un conseil exceptionnel des ministres de l'Agriculture consacré aux sanctions russes contre l'UE.
Avec AFP, La Voix de la Russie