24-11-2024 10:42 AM Jerusalem Timing

"Israël": un mariage entre un musulman et une juive cristallise les tensions

"Mort aux Arabes" et "vous n’aurez pas ma soeur", scandaient les protestataires agitant des drapeaux israéliens.

Mahmoud et Morel n'avaient pas imaginé que, le jour présumé le plus heureux de leur vie, ils devraient se frayer un chemin sous les hurlements haineux de manifestants de l'extrême-droite israélienne opposés à ce mariage entre un musulman et une juive convertie.

L'union de Mahmoud et Morel a été troublée dimanche soir au sud de Tel-Aviv par les vociférations de plusieurs centaines de jeunes manifestants répondant à l'appel de l'organisation d'extrême-droite israélienne Lehava ("la Flamme"), qui milite contre "l'assimilation des juifs et les mariages mixtes".

"Mort aux Arabes" et "vous n'aurez pas ma soeur", scandaient les protestataires agitant des drapeaux israéliens.

Mahmoud Mansour, lui entrepreneur de 26 ans, Morel Malka éducatrice de 23, se sont rencontrés il y a cinq ans.

Malka, juive, s'est convertie à l'islam depuis.

Morel et Mahmoud Mansour s'attendaient à ce que leur mariage crispe les relations familiales. Pas à ce qu'il cristallise les tensions qui traversent le pays et que la guerre a Gaza a exacerbées.la situation leur a complètement échappé le jour où ils ont découvert, qu'après avoir posté leur faire-part de mariage sur Facebook, l'organisation d'extrême-droite Lehava appelait à manifester devant la salle de réception.

"Rien ne nous atteindra, on aura un beau mariage, le plus beau mariage que l'on puisse imaginer", disait avant la cérémonie Mahmoud, jeune homme au visage rond et souriant.

Quatre heures avant la grande réception, dans le petit appartement de la famille Mansour dans la ville occupée de Jaffa, quartier portuaire de Tel-Aviv, on a poussé les meubles, décoré le salon et garni les plateaux de pâtisseries orientales.

Le père de la mariée est absent. Il a annoncé à la télévision qu'il ne viendrait pas au "mariage de sa fille avec un Arabe".

Le futur marié a passé une partie du jour J au tribunal de Rishon LeZion, pour tenter de faire interdire la manifestation prévue dans la soirée.

Son avocat a fait valoir les tentatives d'intimidation et de harcèlement dont le couple est victime depuis des jours.

Mais le juge a autorisé le rassemblement, à condition qu'il se tienne à 200 mètres de distance de la salle de réception.

Les mariés ont donc dû recruter des gardes du corps pour fouiller les invités et vérifier les listes. A 20h, dans la zone industrielle de Rishon LeZion, où a lieu le mariage, les centaines d'invités doivent eux, se frayer un chemin au milieu des manifestants.

"C'est un mariage, mais il n'y a rien à célébrer car l'assimilation (les mariages de juifs avec des non juifs) est un fléau", explique le responsable de l'organisation Lehava, Bentzi Gopstein, militant d'extrême droite et habitué des déclarations racistes sur les plateaux de télévision.

 

Avec AFP