Kadhafi réaffirme qu’il ne quittera pas son pays, alors que l’Otan a mené ses raids les plus violents sur Tripoli faisant 31 morts.
«Nous n'avons qu'une seule alternative : (dans) notre pays jusqu'à la fin. Mort, vie, victoire, qu'importe. Nous n'allons pas quitter notre pays, nous n'allons pas le vendre, nous nous soumettrons pas", c'est ce qu'a déclaré Mouammar Kadhafi, dans un message audio de neuf minutes, retransmis mardi par la télévision d'Etat.
« Je suis à proximité des bombardements et les avions sont au-dessus de moi. Mais je ne pense pas à la vie ou à la mort. Je ne pense qu'à faire mon devoir. N'ayez pas peur! En avant, en avant », a-t-il lancé à l'adresse du "peuple libyen", avant de prévenir les pays qui participent aux opérations militaires en Libye qu'ils ne pourraient « jamais vaincre un peuple armé ».
Selon lui, « le peuple libyen va marcher sur toutes les régions où se trouvent les bandes armées pour les désarmer sans s'entretuer ». Le colonel Kadhafi a appelé à une « marche d'un million » vers les zones rebelles dans l'Est ou les montagnes berbères au sud-ouest de la capitale.
« Vos avions et les bandes armées que vous soutenez ne nous arrêteront pas dans notre marche pour libérer notre pays », a-t-il encore déclaré.
« Nous sommes plus forts que vos missiles, vos avions. Et la voix du peuple libyen est plus forte que vos explosions. Cette bataille nous a été imposée. Nous n'en faisions pas partie. Qu'est-ce que vous voulez ? Vous voulez nous faire soumettre ? Nous nous soumettrons pas », a-t-il encore dit à l'attention des pays participant aux opérations de l'Otan.
Des raids violents contre Tripoli: 31 morts
Dans la nuit de mardi à mercredi, de puissantes explosions ont secoué à nouveau le secteur de la résidence du dirigeant libyen au centre de la ville, selon un journaliste de l'AFP.
Selon le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, "l'Otan a mené une attaque haineuse sur Tripoli qu'il a frappé avec plus de 60 bombes". Il a ajouté au cours d'une conférence de presse que ces raids avaient fait 31 morts et "des dizaines de blessés".
Les bombardements ont visé la résidence du colonel Kadhafi dans le centre de Tripoli, la banlieue de Tajoura (est), ainsi que la route de l'aéroport au sud de la capitale, a-t-il précisé.
Dans le vaste complexe résidentiel du dirigeant libyen, régulièrement visé par les avions de l'Otan, il ne reste désormais presque que des gravats et des ruines fumantes, selon un journaliste de l'AFP.
Obama évoque une "tendance inexorable"
A Washington, Obama a réitéré que "Kadhafi devait quitter le pouvoir et le rendre aux Libyens, et la pression ne fera que s'intensifier jusqu'à ce qu'il le fasse".
Le président américain a aussi assuré voir une "tendance inexorable" vers le départ du colonel Kadhafi.
Le régime a d'ailleurs enregistré une nouvelle défection mardi: Al Amin Manfur, ministre du Travail, en déplacement à Genève, a annoncé son soutien à la rébellion et proposé ses services au Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion.
Médiation onusienne et russe
Dans ce contexte, l'envoyé spécial de l'ONU Adbel-Ilah al-Khatib est arrivé à Tripoli pour une visite qui n'avait pas été annoncée. Il s'était déjà rendu mi-mai Tripoli pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu et d'un accès à l'aide humanitaire dans les villes frappées par les combats.
A Benghazi, l'envoyé spécial du Kremlin, Mikhaïl Marguelov, a rappelé la nouvelle position de Moscou, longtemps proche de Tripoli: "Nous croyons que Kadhafi a perdu sa légitimité dès la première balle qui a tué un innocent".
Il a aussi affirmé la volonté de Moscou de jouer un rôle d'intermédiaire pour faciliter le dialogue entre le régime du colonel Kadhafi et les rebelles. "La Russie est dans une position unique car elle a toujours une ambassade à Tripoli et elle vient rencontrer la rébellion aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a cependant précisé que son pays ne cherchait pas à "endosser le rôle principal" de médiateur dans le conflit en Libye, en estimant que ce rôle revenait à l'Union africaine (UA).
La fille de Kadhafi porte plainte contre l’Otan
Sur le plan judiciaire, la fille de M. Kadhafi, Aïcha Kadhafi, a porté plainte mardi contre l'Otan à Bruxelles et à Paris pour "crimes de guerre", après un raid qui avait tué le 30 avril le plus jeune fils et trois petits-enfants du dirigeant libyen.