L’Iran soupçonne les intentions des Occidentaux derrière leur intervention contre Daesh en Irak
L’Iran a mis en doute les déclarations de dirigeants occidentaux sur leur volonté de combattre la milice takfirie terroriste de l’Etat Islamique (ex EIIL ou Daesh) en Irak.
« Si les Etats Unis, la Grande Bretagne ou tout autre Etat étaient réellement sérieux dans leur volonté de lutter contre le terrorisme, ils auraient agi dans le cadre d’accords bilatéraux conclus avec l’Irak et en coordination avec Bagdad», a soutenu le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, lors d’un entretien télévisé réalisé avec la chaine iranienne arabophone al-Alam.
Les Américains regardaient faire Daesh
Interrogé sur les derniers raids aériens effectués par les Etats-Unis et la Grande Bretagne en Irak, il a répondu : « Les Américains étaient en train de regarder les crimes terroristes de Daesh et son expansion territoriale. L’aviation américaine n’est intervenue pour pilonner Daesh au nord de l’Irak que lorsque Washington a pressenti un danger qui menace les responsables et les sites américains à Irbil et c’est ce qu’Obama a dit franchement ».
Toujours selon lui, ces frappes «n’ont joué aucun rôle décisif ni adressé un ferme message aux terroristes ».
Le vice-ministre iranien a également accusé les Etats-Unis de ne rien faire pour contrôler "le flux de capitaux" de Daesh alors que Washington "contrôle le moindre pétrodollar iranien à travers le système bancaire international".
Ces groupes "vendent et achètent des armes en Syrie et avec l'aide de certains pays de la région extraient et vendent (...) quotidiennement entre 3 et 7 millions de dollars de pétrole", a-t-il affirmé.
L'Irak n'a pas besoin d'aide
Concernant la nature de l’aide Abdollahian assure que l’aide iranienne exclusivement politique et consultative : « Nous avons apporté un soutien politique et offert des conseils au gouvernement irakien et nous avons fait de même avec la région du Kurdistan », a-t-il indiqué.
Il a nié avoir fourni une aide militaire. "Nous n'avons pas envoyé d'armes non plus, mais nous avons fourni des conseils et partagé nos expériences avec le gouvernement de Bagdad et le Kurdistan irakien", a-t-il assuré.
Selon lui, plus de deux millions d’Irakiens se sont portées volontaires en Irak depuis l’appel lancé aussi bien par l’instance des religieux (marjaïyya) chiite que par les religieux sunnites. « Grâce à cette mobilisation populaire, et en puisant de ses forces intérieures, l’Irak est capable de vaincre le terrorisme sans avoir besoin des Américains qui interviennent d’une manière sélective », a-t-il affirmé.
Téhéran avait appelé les partis irakiens à l'unité nationale face à l'offensive de l'EI, qui a pris le contrôle de larges pans de territoire en Irak et en Syrie, dont des champs pétroliers.
L'armée iranienne interviendra pour la sécurité de l'Iran
S’agissant des répercussions éventuelles sur la sécurité de son pays, Abdolillahian a souligné que les forces armées iraniennes ont dès le début de la crise irakienne renforcé leurs mesures de sécurité à la frontière avec l’Irak, mettant en garde qu’elles ne permettront à aucun groupuscule takfiri terroriste de s’en approcher.
« Les forces armées iraniennes investiront n’importe quelle région si elles le jugent nécessaire pour pourchasser les groupes terroristes, pour protéger le pays », a-t-il menacé.
Pas de coordination avec les Américains
Interrogé sur la désignation de Haïdar Abadi à la tête du gouvernement irakien, la responsable iranien a assuré qu’elle s’est faite sans aucune coordination entre Téhéran et Washington. « Pas question de discuter avec les Américains quand il s’agit d’intervenir dans des questions irakiennes internes», a-t-il dit.
Selon lui, l’Irak est devenu un exemple de la démocratie pour les pays d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du nord. Abdollahian a également salué les dirigeants irakiens qui d’après lui ont travaillé de concert et avec sagesse et sagacité contre les complots tramés contre eux de la part de forces étrangères, représentées par les groupuscules takfiris et baassistes.
« L’Iran approuve le processus juridique qui a débouché à la désignation du nouveau Premier ministre irakien Haïdar Abadi », a-t-il conclu.
Sources: al-Alam, AFP