L’Etat de Daesh, dirigé par Baghdadi, se trouvera obligé de traiter avec la Turquie, son seule issue terrestre.
A la veille de l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU de la résolution 2170 sur la lutte internationale contre Daesh et le front al-nosra, le Washington Post a publié un entretien avec un certain Abou Youssef, un dirigeant de l’organisation terroriste Daesh dans la région d’Iskenderun (Hatay) en Turquie.
Abou Youssef a assuré que les combattants blessés de Daesh sont traités dans les hôpitaux turcs, et qu’Ankara leur fournit toutes les facilités nécessaires.
Ce dirigeant de Daesh a une fois de plus confirmé l’ampleur du soutien turc illimité aux miliciens terroristes combattant en Syrie et en Irak.
Des politiciens kurdes ont déjà révélé, documents et images à l’appui, que les autorités turques soutiennent à tous les plans les organisations armées en Syrie. Alors que des dizaines d’enquêtes ont été publiées dans la presse américaine et turque sur ce sujet.
Et au moment où les condamnations internationales des exactions de Daesh pleuvaient de toutes parts, des centaines de personnes effectuaient la prière de l’Eid al-fitr dernier dans la région Amrli à Istanbul, et appelaient au jihad et à l’allégeance au « calife » Abou Bakr Bagdadi.
Le fait que 5.000 Turcs combattent dans les rangs de Daesh n’a pas suscité les craintes du gouvernement turc. Une étude récente a montré que 3 millions de Turcs soutiennent et constituent une base à Daesh en Turquie !
Bien que les sources d’armement de Daesh et du front al-nosra proviennent des frontières jordaniennes, ces quantités d’armes sont originaires de la Turquie, confirment des rapports occidentaux.
De retour à l’interview avec Abou Youssef, un député du parti du peuple républicain, Mahmoud Tanal, a déposé un interrogatoire contre le gouvernement devant le parlement, sur la véracité de l’enquête publiée par le Washington Post avec Abou Youssef.
Il a demandé des clarifications sur les circonstances de l’entrée de ce dirigeant de Daesh dans les territoires turcs, et voulait savoir si le ministère de l’intérieur était au courant de cette interview et du traitement des blessés dans les hôpitaux turcs. Et encore quelle est la responsabilité du gouvernement face à la détention par Daesh des employés du consulat turc à Mossoul, à l’ombre des informations sur une alliance présumée entre le gouvernement et l’Etat islamique.
Le gouvernement turc confirme de jour en jour l’ampleur de son soutien illimité à Daesh et à al-Nosra. En effet, Ankara est en train de fuir vers l’avant en recourant aux organisations extrémistes, et en leur ouvrant ses frontières afin d’affaiblir le régime syrien et les autorités politiques en Irak. Tout ceci est survenu suite à l’échec de la stratégie turque en Syrie et en Egypte, et avec l’Arabie Saoudite.
Ankara ne sera pas contrarié de voir l’Irak divisé en Etats, où l’Etat du califat sera établi avec Mossoul comme capitale. L’Etat de Daesh, dirigé par Baghdadi, se trouvera alors obligé de traiter avec la Turquie, son seule débouché terrestre. De ce fait, la Turquie aura une zone sur laquelle elle imposera sa domination et profitera d’elle au niveau du pétrole et de la lutte contre l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.
De même, l’indépendance du Kurdistan, et les divergences entre Erbil et Bagdad formeront une occasion propice pour la Turquie pour faire transiter le pétrole et le gaz. Ce qui se passe d'ailleurs actuellement sans aucun respect de la souveraineté et de la Constitution irakienne.
Selon le journaliste Sami Cohen au journal turc Milliyet, la résolution onusienne sur l’Etat islamique embarrassera largement la Turquie.
« La nouvelle alliance internationale contre Daesh, regroupant les Etats-Unis, la France, l’Iran et les kurdes, est très symbolique. Mais la Turquie n’a pas encore rejoint cette alliance malgré le danger que représente Daesh. Sous le prétexte de ne pas exposer ses diplomates détenus par Daesh au danger, la Turquie ne fera pas partie de cette alliance et ne permettra pas aux avions américains de décoller de son territoire pour frapper « l’Etat islamique ». Ce qui embarrassera la Turquie devant Washington et les autres pays », explique Cohen.
Rappelant que le nouveau président turc Recep Tayyep Erdogan avait affiché son opposition à une frappe aérienne contre Daesh lorsque le président américain Barack Obama en avait parlé dans les premiers jours ayant suivi son offensive en Irak.
La réélection des mêmes dirigeants politiques en Turquie consacrera-t-elle le soutien irresponsable turc au terrorisme ? si oui, la Turquie sera donc une partie du problème au lieu de contribuer à mettre fin au conflit.
Source: traduit du journal assafir
Lien en arabe: http://assafir.com/Article/5/367367