AlNosra et Daesh lancent un ultimatum: toutes les 48 heures, ils executeront deux soldats libanais.
Dans un pays , tel que le Liban , où la présence d’un Etat en bon et du forme fait défaut, où les ingérences étrangères font hélas partie de la culture politique du pays, la souveraineté voire la dignité d’un peuple sont menacées..
En effet, la seule institution étatique qui puisse encore se prévaloir d’être la véritable garante de la souveraineté et de l’unité du Liban, soit l’institution militaire, subit de plein fouet des « revers » à travers l’affaire des soldats enlevés à Ersal par les takfiris du front alNosra et de Daesh..
Pour la quatrième semaine consécutive, le sort de ces prisonniers de la bataille d’Ersal dont les noms, les numéros et les photographies sont inconnus, reste sombre suscitant de nombreuses questions auxquelles le gouvernement libanais dédaigne de répondre..
Parmi ces questions que se pose le quotidien asSafir , le scandale de ce groupe de soldats militaires qui ont décidé de fuir leur localité au moment où la bataille s’est déclenchée et ont rejoint les rangs d’alNosra.. D’abord pourquoi cette unité avait une seule couleur communautaire? ET pourquoi l’armée libanaise n’a pas révélé l'identité des déserteurs de l'armée ou bien s’attend-elle à ce que les groupes takfiris révèlent leur identité à travers un enregistrement vidéo ??
Ensuite, est-ce que le commandement militaire a pris suffisamment de mesures pour protéger les militaires et empêcher l'effondrement de leurs positions durant les premières heures de la bataille , et pourquoi les soldats de l'armée sont restés de dix heures du matin jusqu'à quatre heures du soir, sans renfort pire, aucune mesure immédiate n’a été prise afin de les libérer de l’étau ou au moins d'assurer un canal de retrait ??
Au niveau sécuritaire, comment se fait-il qu’un homme comme Imad Jomaa , un des symbole des takfiris, puisse se déplacer si aisément , pendant deux ans , à travers six points dans la région de Ersal sans être contrôlé ou arrêté ??
Et si les aveux de Jomaa selon lesquelles les groupes takfiris avaient l'intention d'occuper la ceinture s'étendant de Ersal jusqu’à la plage de Akkar, pourquoi ils ont décidé de se retirer soudainement ? Quelle partie régionale ou locale est intervenue pour imposer ce retrait ? Quel est le rôle de certains organismes et personnalités politiques dans le règlement humiliant obtenu au détriment de l'armée?
Justement, concernant la médiation dans les négociations pour la libération des soldats libanais, pourquoi a-t-on permis à l’Association des oulémas musulmans, connue pour son animosité envers l'institution militaire à diverses occasions, d’être le contact avec les groupes terroristes ?
Enfin, pourquoi garde-t-on ouvert le passage d’alHosn face aux groupes armés qui se déplacent de Ersal vers les territoires montagneuses et ce quotidiennement et sous les yeux des points de contrôle de l'armée libanaise?
Autant de questions qui donnent l’impression que cette affaire non seulement n’est plus entre les mains de l’armée libanaise mais son issue dépend plus de facteurs régionaux la compliquant encore plus ...
En effet..
AlNosra et Daesh haussent le ton ..
Selon le quotidien libanais alAkhbar , les militaires libanais et les dignitaires de l’Assemblée ont passé une nuit difficile à négocier hier: le front alNosra a décidé de hausser le ton dénonçant « les négociateurs de ne pas respecter la réalisation des termes convenus».
Et dans le jargon takfiri, hausser le ton signifie recourir à la violence.
Selon les informations reçues par des sources proches des ravisseurs et des médiateurs, alNosra compte diffuser une video dans laquelle deux soldats libanais exhorteront l'Etat à répondre à leurs demandes sinon un soldat sera exécuté toutes les 48 heures.
Si le gouvernement accepte leurs conditions, les exécutions cesseront.
Toujours selon ces sources, «alNosra dispose d’informations selon lesquelles ce retard dans les négociations de la part du gouvernement n’est pas un hasard, car il s’agit de préparer le Hezbollah à une bataille pour éradiquer alNosra de la région de Qalamoun».
L'escalade a atteint son apogée durant la nuit quand alNosra a chassé les membres de l’Association des oulémas musulmans d’Ersal, «parce que l’Association nous a trahis», a déclaré l’Emir d’alNosra de Qalamoun, Abu Malik Talli.
Dans ce contexte, des sources affirment que « le commandement d’alNosra a exprimé son ras-le-bol de la façon que traite avec lui le gouvernement libanais affirmant : assez, c'est assez. Nous avons remis à la délégation des soldats. Ensuite, nous leur avons donné encore et encore, puis nous avons remis à Cheikh Moustafa plusieurs militaires sans échange. Tous les militaires que nous avons remis en liberté sont un signe de bonne volonté de notre part et de bonnes intentions. Paradoxalement, l'État libanais ne nous a rien offert».
Concernant, Daesh des sources proches ont rapporté à alAkhbar «que Daesh cherche à gagner du temps, afin d'apporter plus de renforts à Ersal. Et donc, il n'a aucune intention sérieuse de négocier».
Dans ce contexte, les ravisseurs takfiris ont exprimé qu’ils n'ont pas confiance en l’Assemblée. Ils ont par contre «entière confiance en Cheikh Salem Al-Rafii, qui s’est replié sur lui-même après sa blessure».
Pays du Golfe embarrassés..
Et pour cause..
Il faut revenir cinq mois avant la bataille d’Ersal quand cette dernière se préparait à une bataille sans merci contre le Hezbollah, alors que des centaines d’hommes armés ne cessaient d’affluer dans la commune.
Durant cette période, l'armée libanaise n’est pas restée les bras croisés.
Selon le site d'informations Slabnews, l'armée a poursuivi des suspects, en a arrêté d’autres, mais surtout elle a remarqué les visites successives du fils de l'un des chefs des services de renseignements du Golfe, en moyenne une fois par mois, un prince connu sous les initiales M. Ben B.
Ce dernier se rendait à Ersal pour se diriger vers ses montagnes, avec en sa possession une valise remplit de dollars, il se réunissait avec les dirigeants des islamistes, puis se rendait de nouveau à Beyrouth via Ersal et quitter de l’aéroport international de Beyrouth.
L’Armée libanaise a surveillé ce personnage pour l’arrêter en Août à d'un des barrages routiers aux entrées de Ersal, quand il a montré sa carte diplomatique de l'ambassade l’un des pays du Golfe, et des valises pleines d'argent.
Le Prince M. Ben B. a été conduit dans une caserne de l'armée dans la région pour subir un interrogatoire, les islamistes ont su que l’homme qui détient leur salaire mensuel est fait prisonnier par l'armée. A ce moment, Imad Jomaa se dirige vers la caserne.
Arrivé à la caserne, Jomaa exige de rencontrer le commandant en chef de la caserne qui l’accueille dans son bureau.. Durant cette réunion, Jomaa menace l'armée libanaise d’incendier la caserne si elle refuse de relâcher le Prince M.B.b. Réaction du commandant de la caserne : il ordonne son arrestation.
Ses « frères » islamistes ont alors décidé d’attaquer la caserne afin de libérer et Jomaa et le prince.. Sauf qu’ils ont été surpris de constater qu’ils ne se trouvaient pas dans la caserne. En effet, ils avaient été transférer 30 minutes avant le déclenchement de la bataille, vers le ministère de la Défense à Yarzeh.
Quelques jours aprés le déclenchement de la bataille, l’ex- président de la République a rendu visite au commandant en chef des forces armées au ministère de la Défense et lui a demandé de libérer le prince. Mais le général Kahwagi a refusé catégoriquement. L'homme a retransmis la réponse à ceux qui lui avaient assigné une telle mission.
L'après-midi du même jour, l’ex-premier ministre Saad Hariri annonce le don d'un milliard de dollars. Pas moins de 48 heures Hariri apparait cette fois à Beyrouth, au centre-ville où il rend visite à la tombe de son père, puis au Grand Sérail, puis dans sa demeure dans le centre de Beyrouth.
On imagine bien la surprise des Libanais de voir cet homme, dont la sécurité est menacée revenir dans son pays après trois années d’absence , et ce en dépit de l'existence de menaces sur sa vie.
Hariri effectue une série de réunions publiques et non-publiques avec des responsables politiques, ce qui a provoqué une pression considérable sur la direction de l'armée pour libérer le Prince en question..