En fait, Berlin n’est pas intéressé à brûler tous les ponts avec la Russie et à s’engager dans une confrontation militaire avec elle.
L’establishment letton ne se remet pas de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel. C’était un événement sortant de l’ordinaire puisque les chefs des grandes puissances ne mettent pas souvent le pied en Lettonie.
De surcroît, la situation dans le monde est peu compréhensible et effrayante. L’énorme voisin de l’Est s’est enhardi au point de n’écouter plus personne et fait en plus valoir ses propres intérêts. C’est un comble de naïveté. Les politiques lettons avaient depuis longtemps compris que seuls Bruxelles et Washington pouvaient avoir leurs intérêts. Les plus perspicaces rapportent que Moscou serait en train de regarder Riga en coin. Voilà un signe bien inquiétant !
La visite de Merkel est venue à point dans ce contexte. Voilà une source d’inspiration rêvée. La visite s’est déroulée sur fond d’applaudissement et d’approbation appuyée. D’aucun ont même versé des larmes après le discours sur l’unité et le partenariat avec l’OTAN qui veillait à la sécurité lettone. On pouvait désormais dormir tranquille. C’est le lendemain que le sentiment de joie et de sérénité a commencé à fondre comme neige au soleil.
En effet, Mme Merkel disait apparemment des choses correctes à propos des menaces et de la stabilité… C’était globalement compréhensible, mais son discours manquait de concret.
Elle n’a pas promis une base de l’OTAN en Lettonie pas plus que de l’aide militaire. Que les rations de l’armée, alors que nous avons besoin de soldats, de blindés, de tranchées, d’obus, de drapeaux et de tambours. Pas d’argent non plus. Elle aurait au moins pu brandir son poing en direction de la Russie comme le font les politiques de rang bien inférieur.
Au lieu de tout cela, Mme Merkel a déclaré qu’elle ne voyait aucune menace pour les pays de l’OTAN et que l’Allemagne restait attachée à l’accord Russie-OTAN.
Berlin n’est pas intéressé à brûler tous les ponts avec la Russie et à s’engager dans une confrontation militaire avec elle.
Mais qu’est-ce que cela signifie ? La visite a laissé un après-goût plutôt mauvais. Quel était son but ? Voulait-elle rassurer la Lettonie ? Était-ce pour dire : je n’ai peur de rien et vous n’avez pas à avoir peur non plus.
Il y a cependant un élément très important dans cette histoire.
Elle devrait savoir que nous avons peur du voisin de l’Est depuis 23 ans sinon plus. Il ne se passe rien de vraiment menaçant depuis tout ce temps mais les autorités lettones n’en pensent pas moins que seuls les chars, les porte-avions, les avions et les bases de toutes sortes avec des militaires beaux et pétant la santé, peuvent les délivrer des cauchemars de nuit.
Angela Merkel n’a pas satisfait les appétits de certains politiques et il va donc falloir qu’ils continuent à vivre avec leurs peurs imaginaires.